Confrontation Dimensionnelle (Part. 4/4)

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Liosan passa une serviette pour se nettoyer le visage. Léontine sortit de la salle de bain, démaquillée. Ses yeux étaient rouges d’avoir pleuré. Son père s’adressa à elle d’une voix douce :

- Ne t’en fais pas. Je vais augmenter ta surveillance pour que personne ne s’en prenne à toi.

Elle hocha la tête timidement.

- Je… je vais retourner dans mes appartements.

- Je t’y accompagne.

Léontine cacha sa panique. Elle espérait que si le chien se faisait silencieux, son père ne le verrait pas dans la noirceur de sa chambre. À deux, ils atteignirent le troisième étage. Le cœur de la jeune femme se serra de suite. Le canidé aboyait férocement de l’autre côté de la porte. Maître Baltazar les attendait au côté d’une femme voilée. Elle serra les dents. Liosan se figea. Une colère intense accompagna sa voix :

- Qu’est-ce qu’il se passe encore ?

Baltazar s’adressa d’une voix plate d’émotion :

- Je voulais vous prévenir, Liosan. Necati est enfermé dans la chambre de votre fille.

La femme à ses côtés semblait totalement perdue. Elle s’exprima d’une voix ferme pour cacher sa peur :

- Il faut le ramener à la princesse Ofelia…

Léontine ne comprenait plus rien à la situation. Son père s’adressa à Baltazar d’une voix emplie de dégoût :

- Ce ne sont pas mes affaires ! Faites ce que vous avez à faire…

Sa voix changea de ton, se faisant plus mielleuse :

- Madame Isciane, vous pouvez retourner auprès des festivités. Mon valet s’occupe du chien. Léontine, nous allons nous isoler dans le petit salon.

Ils redescendirent les escaliers et s’empressèrent de rejoindre le salon où le feu crépité doucement dans la cheminée. Se retrouvant seule avec son père, elle en profita pour confier ses doutes à lui :

- Je l’ai retrouvé dans la rue, meurtri et blessé. Je ne savais pas qu’il appartenait à quelqu’un d’autre…

Liosan lui sourit et la prit dans ses bras :

- C’est normal. En venant ici, Madame Isciane a perdu le chien. Il appartient à la princesse de son petit royaume. C’est gentil de ta part d’en avoir pris soin.

Léontine fut rassurée que son père ne la crie pas pour ce qu’elle avait fait. Elle retrouva un peu de consistances face à la situation.

- Et le duc Meristone ? demanda-t-elle timidement.

- Le duc Meristone est l’un de mes associés les plus vils. Son passé n’est pas glorieux. Il ne demande que revanche. Je n’avais pas remarqué sa présence, sinon crois-moi que je l’aurais fait disparaître.

- Tu as beaucoup d’ennemis ?

Léontine était soucieuse des dangers qui pouvaient planer sur elle et son enfant. De plus, si Peio était contre Liosan, il y aurait des chances que le duc soit relié a lui. De son côté, son père sourit :

- Ne t’en fais pas. Je gère la situation. Il est normal que pour un homme tel que moi, les enjeux sont importants et nombreux surtout pour ceux qui se mettent en travers de mon chemin. Mais nous sommes en sécurité.

Léontine se raffermit :

- Des ennemis comme Aloïs… ou Peio ?

Liosan fut tellement surpris par le changement d’humeur de sa fille qu’il fronça soudainement ses épais sourcils. Il souffla d’exaspération :

- Je me doutais que tu viendrais un jour me parler de cela, Léontine. Je sais que ce qu’il t’arrive n’est pas simple. Perdre son mari alors que l’ont est enceinte de lui, devoir élever un enfant seul, subir des tentatives d’assassinats. Aloïs et Peio m’ont vu comme un ennemi. Certains ont besoin de cela pour vivre. Leurs avis politiques extrémistes les ont retranchés vers la mort et la folie. Meristone est de ceux-là aussi désormais. Le pouvoir attire, rendant fou les hommes. J’ai toujours taché d’agir avec justice. Ces hommes ont voulu tuer pour instaurer leurs idées. Ils auraient continué par la suite. Crois moi, j’ai essayé de sauver Peio jusqu’au bout.

Léontine ne savait plus quoi penser de toute cette affaire. L’invisible lui trottait encore dans sa tête :

- Des extrémistes… il en a beaucoup ?

Liosan hocha la tête en fixant le feu.

- Comment les arrêter ? demanda-t-elle.

- Ils sont dangereux. Il faut rester vigilant et ouvrir nos oreilles. Ils ne sont jamais loin, et il guette le bon moment pour agir. Les gardes du royaume et ceux de mes collaborateurs les recherchent sans relâche. Le plus important est de les attraper avant qu’il n’agisse. Ce soir, nous avons échoué.

Le banquier gardait une mine sérieuse et réfléchissait activement. Léontine fut tout de même rassurée d’avoir quelques explications. C’était la première fois qu’il lui disait que Peio n’était pas que fou, mais aussi extrémiste. Il fallait qu’elle y réfléchisse avec Alida. Retrouvant un peu de bonne humeur, Léontine s’enchanta :

- Tu n’as pas échoué. Maître Baltazar m’a sauvé !

Liosan fit brutalement non de la tête.

- Léontine, Baltazar est un homme sans âme. Il a su réagir, car il reconnaît les prunelles folles des tueurs. Il en est un aussi. Tu ne dois jamais t’approcher de lui.

- Mais, pourquoi fait-il partie de ton entourage s’il te dégoûte autant ?

- Je préfère l’avoir dans mon côté que de celui de mes ennemis. Faire le bien requiert des sacrifices.

La jeune femme resta silencieuse. Sa fatigue commençait à reprendre le dessus. Baltazar arriva dans le petit salon. D’un regard avec Liosan, il lui fit comprendre qu’il avait effectué son travail. Le banquier accompagna sa fille jusque dans sa chambre. Léontine s’assoupit rapidement sur son lit.

L'homme d'affaire redescendit se retrouvant pour la troisième fois dans le petit salon, cette fois en compagnie de Baltazar. Celui-ci s’adressa à lui d’une sombre voix :

- J’ai transporté Necati dans la dimension des cendres. Cela n’a pas été simple…

- Tant mieux, il fallait que vous appreniez de vos erreurs. Je ne vous blâme pas d’avoir sauvé ma fille, mais une question me hante. Comment avez-vous su que Meristone s’apprêter à poignarder Léontine ?

- Le duc est de nouveau sous les charmes…

Liosan sentit la colère revenir en lui.

- Elle ne nous laissera donc jamais tranquilles !

La porte s’ouvrit et Nathanaëlle apparut derrière. Ses yeux pétillants semblaient épuisés par les événements.

- Que se passe-t-il ? demanda-t-elle.

- D’après Baltazar, Meristone est de nouveau atteint de la malédiction de l’hystérique !

Nathanaëlle fut étonné de cette nouvelle :

- Vous êtes sûr ? L’hystérique ne s’est attaqué qu’à des hommes lorsqu’elle a contrôlé Méristone. Pourquoi en voudrait-elle à votre fille ?

Le banquier regarda avec méfiance Baltazar :

- Je crains que ce soit de mauvais présage. Jamais elle n’a tenté de tuer quelqu’un dans une autre dimension.

Nathanaëlle s’adossa au mur, délaissant son sourire :

- L’hystérique a un comportement simple. Elle s’accapare du cerveau d’une personne, de ces souvenirs et de son savoir. Nous avons pris soin que Meristone ne puisse pas connaitre l’existence de votre fille. Elle a donc eu accès à des informations. Mais nous savons que la liste des personnes de mon monde savant l’existence des dimensions s’arrête dans cette salle.

- Malheureusement, non…, s’exprima Liosan.

En quelques instants, Baltazar s'était volatilisé. Le banquier souffla en se prenant la tête dans ses mains :

- Il reviendra… comme toujours…

Nathanaëlle venait de faire le lien :

- Vous pensez qu’Ozanne est sous l’influence de l’hystérique ?

- Cela compliquera mes manœuvres. Nous verrons ce qu’il en est au tribunal. Je n’ai d’ailleurs plus beaucoup de temps pour agir. Si ce n’est pas elle. C’est Peio… Dans ce cas-là nous ne l’attraperons pas facilement et il nous causera énormément de tort.

- Je garde les yeux ouverts, Liosan, dit-elle en colère.

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