Trois Jours

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Peio se reposait dans le lit moelleux. Sarra était dans ses bras. Nue, elle lisait un livre pour faire passer le temps. L’historien était taraudé d’une idée qui lui tournait depuis un moment.

- J’aimerais me rendre au palais. Ton père a peut-être besoin de moi, dit-il, assuré.

- Tu penses ? lui répondit Sarra.

Peio hocha la tête en se levant et commença à se rhabiller. Il déposa un baiser sur les lèvres de sa future femme et partie dans l’idée de rejoindre le père Hadjouack.

***

Léontine était de plus en plus épuisée et son ventre ne s’arrêtait plus de s’arrondir. Dans un mois, elle donnerait naissance à un enfant sans père. Alors qu’elle marchait sous les épais nuages qui annonçaient la pluie, elle se sentait morose. La veuve entra dans le manoir et fut de suite surprise. Dans le hall, maître Baltazar attendait adosser à une étagère. Son teint se faisait encore plus pâle qu’a l’ordinaire. Cela contrastait avec ses cheveux de jais et ses yeux sombres. Elle serra les dents et traversa la pièce à la vitesse qu’elle pouvait compte tenu de son nombril qui lui pesait. Léontine s’arrêta sur le pas d’une porte en se pinçant les lèvres. Elle tenta de clarifier sa voix et s’exprima cachant sa nervosité :

- Je voulais vous remercier pour m’avoir sauvé la vie, maître Baltazar.

Elle vit ses fins sourcils se soulevaient face à l’étonnement, puis son air impassible le remplaça et sa voix enrouée lui répondit :

- Je n’ai fait que mon devoir…

Léontine se demanda si cet homme n’était pas malade. Elle eut un peu de peine. La jeune femme voulut le connaître un peu plus lorsque son père arriva de l’autre bout de la pièce. Il semblait nerveux et s’adressa à elle d’une voix stricte :

- Léontine, monte dans ta chambre !

Se sentant infériorisée, elle le foudroya du regard. Celui-ci dévie ses yeux pour se fixait sur Baltazar.

- Je dois vous parler. Venez dans mon petit salon !

Cela devait vraiment être important pour que Liosan soit au bout de ses nerfs. Prise de curiosité et d’inquiétude, Léontine fit mine de monter dans les escaliers et s’arrêta, une fois que son père et le tueur à gages soit entrés dans la pièce. Elle redescendit silencieusement et s’assit sur une marche pour écouter ce qu’il se disait avec plus de difficulté que la dernière fois. Les mots semblaient diffus. Elle n’entendait que des brides et quelques syllabes, pourtant ses oreilles saisirent quelques informations plutôt inhabituelles.

Son père avait répété que rien ne devait être laissé au hasard, que la transaction serait primordiale pour le pacte, mais surtout qu’elle se déroulerait dans trois jours. Ne lui manquait plus que le lieu qui ne tarda pas : La Kiolasse. Que se passerait-il là-bas ? La mère d’Aloïs lui avait pourtant dit que les Horla ne traiterait plus avec son père. Prise d’adrénaline, elle réussit à se relever et à remonter jusqu’à ses appartements. Demain, elle préviendrait Alida et Aslan et préparerait un plan pour espionner la villa depuis les hauteurs. Si près de la naissance, elle voulait savoir ce qui était arrivé à Peio.

***

Ozanne s’était réveillé sûrement quelques jours après son départ de la capitale. Les marins se relayaient sa surveillance à tour de rôle et le capitaine vérifiait sans cesse les liens de sa prisonnière gardant un sourire de satisfaction qui enrageait cette dernière. Après quelques heures de navigation sous une chaleur suffocante, ils s’arrêtèrent le long d’une falaise. Le capitaine souleva Ozanne pour la mettre sur ses jambes :

- Nous avons franchi la première étape ! Debout !

L’aventurière prit un temps avant que ses jambes réagissent. Elles s’étaient ankylosées avec le trajet. Le petit groupa marcha austèrement, grimpant un sentier escarpé avant de s’arrêter devant une porte bleu azur décoloré incrustait dans la pierre. Le capitaine l’ouvrit et une sombre grotte s’y dévoila. Les marins rentrèrent prudemment regardant étrangement les parois de la grotte.

- À vous, mademoiselle Ozanne !

Il poussa à travers la porte. Un sentiment étrange lui retourna l’estomac. Cela lui était familier. La chaleur suffocante se remplaça en un froid minéral. Ozanne regarda, déroutée, autour d’elle.

- Un changement de dimension ? demanda-t-elle en fixant le capitaine.

- Tout à fait, répondit-il avec fierté.

- Dans laquelle nous trouvons-nous ?

Il la regarda d’un air malicieux :

- À votre avis ?

- Je n’en connais que trois, commença l’aventurière. Nous avons quitté celle des océans et le Dédale nous aurait gelé de suite avec l’altitude même abritait dans une grotte. Je suppose que nous sommes dans la dimension de Peio…

Le capitaine acquiesça en se recouvrant d’habits de soldat. Il lui jeta un manteau pour ne pas qu’elle meurt de froid et rapidement, le groupe sortit de l’autre coté de la grotte. D’étranges animaux les attendaient. Des poils rêches allant du blanc au brun, un museau et un cou allongé ainsi qu’un corps svelte : Peio avait dû lui en parlait, cela devait être des chevaux. L’homme ria en la voyant écarquillé les yeux. Il la souleva et l’attacha sur le dos de l’animal. Les marins montèrent, enfilant leurs étriers et avançèrent dans un chemin balisé. Ozanne voulait savoir où elle allait :

- Pourquoi ne nous n’allons pas au Dédale ?

- Il est plus simple de se déplacer dans cette dimension, répondit avec simplicité l’homme. En trois jours, nous y serons. Liosan nous attend pour rejoindre vos amis !

Ozanne retenu. Dans trois jours, ce serait définitif pour elle. Accrochée comme elle était, elle ne pourrait s’en aller. L’homme reprit en souriant :

- Tenez-vous droite !

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