Le Chaos
Un silence de mort régnait dans le jardin de la Kiolasse. Le vent frais soufflait violemment. Agatha restait immobile, sans rien dire, fixant Ozanne comme-ci elle pouvait en finir avec la jeune femme à n’importe quel moment. L’aventurière priait que Baltazar ne lui fasse pas faux bond. Elle regarda Liosan Ferl attaché fermement dans un coin du verger. Ses yeux verts fusillaient de rage les apprentis. Ozanne crut même y voir un filet de peur parcourant son visage. Le démon ne pourrait l’abandonner dans une telle situation. Maître Onur faisait les cent pas d’impatience alors qu’Edgar imitait sa souveraine en restant sur ses aguets. Il avait d’ailleurs raison.
Au bout d’un certain temps qui parurent à tous interminable, le calme de la plaine s’enflamma. Ozanne s’isola rapidement pour se faire une idée de ce que lui avait rapporté Baltazar. L’aventurière n’avait jamais rien vu de tel. D’imposantes pattes arquées supportaient un corps recouvert d’écailles. Dans sa mâchoire dentée se trouvait le corps inanimé d’un apprenti, ainsi que quelques autres qui jonchaient le sol. Ses yeux meurtriers balayèrent les environs rapidement et sa queux cisaillée s’agita embrochant quelques miliciens et apprentis sur le passage. Ozanne vit de suite son frère dégainer la lame des sacrifices, prêt au combat. Elle s’élança vers lui en profitant du chaos que le prédateur causait. Onur comprit de suite qu’il y avait une entourloupe et hurla à ses hommes de l’arrêter. Ozanne se saisit d’un poignard qu’elle utilisa pour entailler ses ennemis qui lui barraient la route. Agatha s’était, elle aussi éveillé, et encerclé de ses troncs l’animal. La jeune fille avait peu de temps pour agir. Grâce aux plantes anesthésiantes, la douleur était faible. Elle se devait de l’oublier durant ces quelques minutes. Son pied évita de peu une racine qui tenta de la faire trébucher. L’aventurière anticipa la seconde en la coupant d’un geste vif. La troisième la prit de cours, l’obligeant au sauter d’un geste vif vers Edgar qu’elle bouscula brutalement. Celui-ci avait senti le coup venir et l’attrapa par le col d’un air sévère.
- Ozanne ! Tu ne t’arrêteras jamais !
- Non, fit-elle en lui donnait un coup de pied peu efficace. Il me faut l’épée pour se débarrasser d’Agatha.
- Et libérer le dévoreur de démon ? s’écria en colère son frère.
Ozanne ne répondit pas. À la place, elle se balança et réussit à le mordre au poignet. Sous la douleur, il l’envoya par terre. Du sang coulait de la bouche de la jeune femme mêlant celui d’Edgar et le sien. L’une de ses dents s’était fendue. Elle crachota et se releva, la menaçant du poignard affûté.
- Tu comptes m’entailler comme la dernière fois ? continua son frère.
- Seulement si tu refuses de me rendre l’épée !
Celui-ci la pointa vers elle d’un air supérieur. Sans qu’elle ne s’en rende compte, des racines vinrent encercler ses mollets. Elle jura de tous les noms en essayant de les couper. Le milicien se mit à rire en la voyant dans l’embarras. Il s’arrêta net quand la queue meurtrière du prédateur fonça sur eux à une vitesse folle. Edgar s’empara de son épée pour taillader les branches au pied d’Ozanne et obligea la jeune femme à s’allonger échappant de peu une mort imminente. Elle en profita de suite, pour s’emparait de l’arme tombait à quelques pas d’elle. Son frère tenta de l’en empêchait, mais se retrouva nez à lame avec celle-ci.
- Je t’ai sauvé la vie deux fois ! Et c’est comme ça que tu me remercies !
- C’est elle ou moi, s’exprima fortement Ozanne.
- C’est toi ou des milliers d’innocents, lui rétorqua Edgar impuissant.
- Hermine m’a promis de rétablir la justice. Agatha ne s’intéresse pas aux innocents. J’ai menti, Edgar !
Sans plus attendre, Ozanne se leva et parcourut le jardin à toute vitesse. Avec une épée en main, elle arrivait davantage à parer les attaques de ses adversaires qui lui causèrent tout de même quelques éraflures. Elle glissa sur la neige, le sang, la bave de l’animal. Baltazar savait se montrer efficace. Dans la confusion, elle ne voyait plus Liosan Ferl. À quelques mètres du prunier, elle s’élança plantant avec force sa lame dans le tronc.
« Pour Sig… » pensa-t-elle.
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