No Pain, No Gain

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Peio ouvrit les yeux avec difficulté et sentit des fourmillements dans ses jambes. Ses mains se trouvaient liées. Sa vision trouble lui permit de voir la roche grise défilée sous ses yeux. Il aperçut d’abord, Cyrille tenant le gouvernail et épiant les côtes attentivement.

Non loin de lui, il reconnut la chevelure rousse de Nathanaëlle. Son teint pâle était témoin de son importante souffrance. Un garrot bloquait l’hémorragie de son bras. D’imposantes cernes prenaient place sous ses yeux marron.

À l’avant du navire, un homme aux cheveux blonds et aux vêtements de noble fixait le fond de l’eau, comme absent. Peio se souvenait qu’il s’agissait du prince Lars. Le jeune homme se releva, esquivant de justesse la voile pleinement déployée. Cyrille s’adressa de suite :

- Peio est réveillé ! Devons-nous l’assommer à nouveau ?

- Il en est hors de question, s’énerva l’intéressé.

- Non, nous… y sommes presque…, lui répondit Ana. Nous n’aurons pas à le porter…

Cyrille acquiesça en regardant sur la côte. Ses sourcils se froncèrent :

- Méristone continue à nous suivre…

Sur le haut rivage, l’ombre aux lucioles continua à parcourir les berges. L’Enel ne les avaient pas lâché depuis leurs départs précipités de la capitale. Ana repris :

- Nous serons en sécurité dans la grotte. Cyrille, tu vas commencer à te rapprocher de la côte. Il y a des buissons qui pourraient nous cacher. Nous devons être rapides.

La vendeuse appliqua les ordres avec efficacité. Une fois dans les buissons, Ana ordonna à Lars de la soulevai et Cyrille força Peio à avancer. Ils escaladèrent à l'abri par la végétation. L’historien ne comprenait pas ce qu’il se passait, pourtant il restait docile face aux menaces de Cyrille. La jeune femme chuchota nerveusement :

- Peio est un parfait espion. Ils savent exactement où nous sommes !

- Nous n’avons pas d’autre moyen, s’attarda Nathanaëlle. Nous n’aurons pas pu le porter. Mais, bientôt nous serons en sécurité.

- Ils nous attendent peut-être devant la grotte, continua Cyrille

- Impossible. Nous sommes seulement trois à connaître sa localisation. Mademoiselle Disganti, j’ai peur que vous ne puissiez pas nous accompagner dans la grotte.

- Comment ?

La jeune femme s’était immobilisée. Ana ne répondit pas. Lars n'en fut pas rassuré. Ses articulations commençaient à souffrir de porter la générale en plus d’avancer sur le chemin escarpé. Cyrille reprit en colère :

- L’hystérique ne me fera aucun cadeau ! Générale Louse, vous êtes peut-être l'une noble les plus écoutée. Vous êtes brillante ! Pendant mes études, nos professeurs n’ont cessé de parler leur ancienne élève, belle, intelligente, sauveuse de Larialle face à l’hystérique. Je n’ai toujours reçu que de la pitié et du dégoût, pour mes échecs et à cause de toutes les rumeurs. J’y ai longtemps cru… Je vous ai haï pour votre réussite, pour vos parents qui vous regardaient avec fierté. C’est pourquoi votre oncle m’a recueilli…

- Je connais l’histoire, Cyrille, la coupa Nathanaëlle. Je suis toujours en contact avec mon oncle. Je lui ai envoyé une lettre pour qu’il arpente les zones de la cité engloutie. Ce salaud a récupéré Ozanne et Peio sans vouloir me les rendre. Il s’est enfui. Mais ce n’est pas à cause de ce qu’on dit sur vous que je ne veux pas que vous m’accompagnez. Cette grotte est secrète. Vous menez Peio jusqu’en haut et vous reprendrez le navire de Lars pour vous enfuir. Continuons à avancer !

Lars jeta un léger regard vers Cyrille qui regardait le sol pour retenir ses larmes. Elle obligea Peio à avancer qui se garnissait d'un léger sourire face à cette courte interruption. Leurs ennemis ne tarderaient pas. Ils continuèrent à monter sur le chemin escarpé. Une flèche se brisa un peu au-dessus d’eux.

- Dépêchons-nous ! cria Ana.

Peio sourit en avançant lentement malgré les menaces de Cyrille. La colère emporta ses larmes et sa déception. Les projectiles se firent de plus en plus fréquents et précis. Lars s’en offusqua.

- Comment Ezyld peut-elle me couvrir de flèches, alors que je l’ai servi toute ma vie ?

- Elle n’en a rien à faire, fit Nathanaëlle. C’est le trône qu’elle veut.

Le prince se sentait si vide. Il ne savait ce qu’il lui avait pris de glisser l’arbalète à Nathanaëlle. Sûrement la vision de tout ce sang, tous les morts, des visages qui lui avaient toujours été familiers. Lars avait ouvert les yeux. Depuis son enfance, la famille royale n'avaient jamais craint la mort. Se transformer en Enel était son unique destinée. Ce n’était pas le cas, de tous ceux qui l’entouraient. Lars n’avait jamais vu un défunt, l'expression de terreur figée pour toujours sur son visage. Ezyld voulait qu’il ôte la vie d’une personne qu’il connaissait depuis qu’il était né. Il n’avait pas su le faire.

La générale lui indiqua le passage, puis se tourna vers Cyrille, la regardant avec insistance pour qu'elle cesse de les suivre. La vendeuse s’arrêta net, esquivant de justesse une flèche qui vint se planter juste devant elle. Ses yeux se remplirent de larme. Elle s’y refusa et continua à avancer avec eux se retrouvant devant la porte bleu azur. Lars l’ouvrit et força l’historien à y rentrer. Il dut lui donner un coup de pied pour qu’il passe à travers. Nathanaëlle jura. Cyrille se mit à supplier :

- Je ne peux plus faire demi-tour. C’est grâce à moi si Ozanne et Peio ont quitté le navire d'Holi-Hop ! On m’a tout enlevé. Je vous en supplie, générale !

- Non ! s’écria-t-elle en sortant la clé.

Lars traversa la porte avec la générale et se retrouva déstabiliser par le froid qui les recouvrit. De l’autre côté, Cyrille ne savait plus quoi faire. Une flèche la toucha à l’épaule, la faisant s’écouler au sol. À deux doigts de refermer la porte, Ana vit des hommes arriver pour l’en empecher.

- Lars, sauvez Mademoiselle Disganti et fermez la porte !

Le prince la posa, traversa la porte, s’empara de Cyrille et la fit changer de dimension avant de fermer la porte à clé. Le silence succéda à la discorde. Ils se retrouvèrent à quatre totalement déboussolé et meurtri.

Peio observa les alentours en écarquillant les yeux. Sous les ordres de Nathanaëlle, Lars avait déchiré un morceau de son tissu onéreux pour faire une compresse à la blessure de Cyrille. Celle-ci était sonnée, touchant la paroi de la grotte glaciale, sentant les courants d’air frais parcourir ses doigts, et fixant la porte décolorée de bleu foncé dont une simple clé l’avait protégé de dizaine d’hommes armés. l'historien se sentait confus. Une partie de lui retrouvait en ce lieu glacial son cocon, l’autre le rattachait de toutes ses forces à la famille des Hajouack. Cyrille souffla de douleur :

- Où sommes-nous ?

- Nous… nous avons pris un passage, qui nous mené très loin de là ou nous étions, tenta d’expliquer Nathanaëlle.

- C’est possible ? s’étonna la jeune femme.

- Autant que d’entendre une voix dans sa tête, reprit Lars d’un faible sourire.

Alors que Peio voyait l'enchèrisseuse appréhender les nouvelles, une chauve-souris se jeta sur lui. Il émit un cri de panique lorsque celle-ci le mordit. Il l’écrasa violemment au sol, s’étonnant d’avoir subi une telle attaque. La chauve-souris reste des animaux discrets et inoffensifs.

***

Le dévoreur de démon secoua son corps frêle recouvert d’écaille luisante. Sa cage de racines tomba à terre. Hermine ne tiendrait pas ses promesses, mais aboutirait jusqu’au bout aux menaces qu’elle avait profanées. Les Hommes de toutes les dimensions devraient se cacher de leurs faibles maisonnettes faces aux nobles prédateurs qui rodaient dans les parages.

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