Chapitre 2 L'appel du rêve
Elerrina vogue en pleine mer. Le vent du large lui fouette le visage. Face à elle, l’eau s’étend, puissante et calme. Les nuages s’y reflètent, offrant au regard une douce sérénité.
Mais tout est faux : l’air n’a pas d’odeur, le soleil ne chauffe pas.
Soudain inquiète, elle tente un mouvement. En vain : ses mains sont liées. Elle veut se retourner, mais elle est prisonnière. Sa mère tend les bras vers elle, mais des hommes l’emportent. Elle hurle.
Le souvenir l’envahit, ravivant des douleurs enfouies. Ses yeux se remplissent de larmes tandis qu’elle regarde sa mère disparaître dans l’obscurité.
Un monstre s’approche. Il souffle son haleine fétide et siffle :
- Souffre donc, comme on m’a fait souffrir.
 
Elle claque des dents. L’obscurité l’engloutit, libérant ses peurs les plus profondes.
Puis, comme un rayon de soleil après l’orage, la lumière revient. Un calme immense l’envahit. Une voix chaude emplit son esprit, accompagnée d’images : des forêts, des plaines ensoleillées, des chevaux en liberté.
- Tout va bien, jeune guerrière.
 
Elle sourit dans son sommeil. Une douceur l’envahit.
Elle s’éveille.
Elle cligne des yeux. Un lit. Une chambre. Elle tente de se redresser, mais la douleur de son épaule la retient.
- Réveillée ?
 
Un grand elfe, accoudé à la porte, la regarde. Visage sans âge, yeux noirs, longs cheveux sombres tressés. Il porte une robe noire brodée d’argent.
- Bonjour.
 - Bon retour parmi nous, Elerrina.
 - Maître...
 - Ton oncle sait que tu es ici.
 - Vous lui avez dit ?
 - Que tu as combattu avec bravoure, que tu es blessée, et que tu ne peux pas rentrer immédiatement.
 - Était-il fâché ?
 - Hors de lui, très chère.
 
Elle baisse les yeux.
- Maître... Ici, c’est chez moi. Pas là-bas. Il y a quelque part où je dois aller.
 - Ta quête ?
 - Oui. Je l’ai vue dans mes rêves. On m’attend.
 
Elle se redresse, les yeux brillants.
- J’ai fait mes preuves. J’en suis digne. Vous me l’avez dit : j’ai un destin. L’heure est venue.
 - Hyliréâ souhaite te voir.
 - Ne changez pas de sujet.
 - Elle veut te féliciter, te remercier, et te faire une requête.
 - De quoi s’agit-il ?
 - Ce n’est pas à moi de t’en parler. Ne sois pas en retard. Et reste respectueuse.
 - Bien, Maître.
 
Il se lève.
- Repose-toi. Tu as été très malade. Nous avons craint pour ta vie. Sans la Reine...
 - Quel jour sommes-nous ?
 - Le troisième jour de la Lune Dorée.
 - Une lune entière...
 
Elle ferme les yeux.
Elle prépare déjà son départ pour les Roches Perdues.

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