Prologue

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Les brumes éternelles d’Ethyndil caressent encore les cicatrices d’un monde brisé, où les Quatre Royaumes — Hommes, Elfes, Nains et Luminargues — oublièrent trop tard la puissance de leur alliance. Leurs terres, jadis unies par le Pacte des Quatre Couronnes, ne sont plus que l’ombre d’un rêve évanoui.

Tharion, royaume des Hommes, étale ses citadelles fissurées et ses bannières en lambeaux. Elyndor, sanctuaire des Elfes, voit ses arbres millénaires dépérir, meurtris jusque dans leur sève. Keldorim, domaine souterrain des Nains, gémit sous le poids de ses tunnels effondrés. Tandis que les Cimes cristallines des Luminargues, spectres de lumière, naguère éblouissantes, ne sont plus que des tombes de verre brisé, leurs lueurs agonisantes strient le ciel de traînées pâles.

Tout commença avec le Mage Noir, banni des Quatre Royaumes pour avoir tenté de corrompre le pacte de l’alliance. Dans les grottes d’Arthan, il exhuma les Masscrits, tablettes maudites où grondait le pouvoir des anciens démons. Au sommet du Mont Ignis, il traça des runes de sang et de cendres, invoquant quatre créatures des abysses.

Leurs noms ? Peu importe. Leurs masques, en revanche, scellèrent le destin d’Ethyndil : une elfe à la beauté envoûtante, un roi humain au charisme irrésistible, un émissaire lumineux auréolé de pureté, un nain jovial à la sagesse rugueuse… des leurres parfaits.

À Tharion, une elfe nommée Lirwel offrit au Roi Darlan une « Semence d’Éternité ». Lorsqu’il la toucha, ses doigts se changèrent en pierre, son corps entier se fossilisant dans un râle étouffé, se transformant en une statue grotesque, sa couronne désormais inutile. Les Hommes, hurlant à la trahison, marchèrent sur Elyndor, leurs épées assoiffées de vengeance.

Chez les Elfes, dans la majestueuse salle du trône, un faux roi humain réduisit le seigneur Aelar en poussière d’un simple geste dédaigneux, ses yeux étincelants de cruauté, tandis que les dignitaires de la cour, stupéfaits, observaient en silence les cendres d’Aelar voltiger dans la brise légère.

Les Nains, trompés par un luminargue à l’aura trompeuse, virent leur roi Véléran transpercé par une lame d’acier vivant, son sang se mêlant au métal hurlant dans un cri d’agonie.

Quant aux Luminargues, dupés par un nain aux blessures trop promptes à guérir, ils perdirent leur reine Liora, décapitée en pleine assemblée par une illusion aux reflets sanglants.

La guerre fratricide embrasa Ethyndil : Hommes contre Elfes, Nains contre Luminargues, chacun croyant venger un affront. Les plaines de Tharion brûlèrent sous les flammes elfiques. Les bois sacrés d’Elyndor furent piétinés par des bottes cloutées, leurs racines millénaires souillées. Les tunnels de Keldorim, submergés par des hordes de gobelins surgis des abîmes, devinrent des pièges mortels. Les Nains, maîtres de la pierre, luttèrent avec l’énergie du désespoir, mais les envahisseurs, innombrables et rampants, noyèrent leurs défenses sous des vagues de chair grise. Les couloirs s’effondrèrent, ensevelissant guerriers et innocents dans des linceuls de roche. Keldorim fut mutilé : ses grandes salles, souillées de fange, ses forges, éteintes à jamais.

Quand les survivants — Hommes aux épées émoussées, Elfes brandissant des arcs brisés, Nains aux bras couverts de suie et de sang, Luminargues aux lueurs vacillantes — percèrent le voile de la manipulation, il était trop tard. Les armées du Mage Noir étaient déjà à leurs portes. Les orcs submergèrent Tharion. Les Warzâgs, spectres d’ombre, étouffèrent les Luminargues, tandis que les gobelins, déjà vainqueurs dans les tunnels, se joignirent au carnage. Le Pacte des Quatre Couronnes, jadis un rempart de fer indestructible, n’était plus qu’un parchemin brûlé.

Désormais, les habitants errèrent parmi les ruines de leurs anciennes gloires. Les Hommes déambulèrent dans ce qui restait des villages de Tharion, le regard vide fixé sur la couronne coiffant la statue de pierre de leur roi, son visage figé dans une ultime grimace d’horreur. Les Elfes arpentèrent les clairières meurtries d’Elyndor, murmurant des prières aux troncs mutilés, comme si leur chant pouvait ressusciter la sève enchanteresse. Les Nains, rescapés des tunnels de Keldorim, tentèrent de déblayer les décombres à la recherche de quelques biens avant de partir en exode, maudissant les gobelins. Les Luminargues, fantômes diaphanes à peine visibles, glissèrent entre les éclats de cristal de leurs Cimes, cherchant en vain la lumière perdue.

Pourtant, au cœur des ténèbres, une légende persista : celle d’un Élu, né d’une elfe et d’un homme, qui surgirait des ruines d’Ethyndil pour briser la main de fer du Mage Noir et rallier les quatre armées sous un même étendard.

Mais cela… est une autre histoire.

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