Apnée en nuit
Le vide s'accumule, s'extirpe de lui-même et danse le néant.
À midi, le temps s'imbibe de sueur.
Les fleurs, au gré du vent, maquillent de parfum les heures brûlantes.
Il m'arrive d’apercevoir Fitzgerald à travers les péchés de Gatsby.
Quand je ferme les yeux, je vois Wilde louer son ombre.
Assis, derrière les moucharabiehs que forment les branches enchevêtrées des hauts palmiers,
je perçois des sentiments-encens venus de par-delà la mer.
J’écris, et mon style, chair de Vénus, s’élargit, s’intensifie,
brûle le papier de sentiments-adjectifs,
d’éphémérides électriques,
de ciels replets d’un bleu des yeux d’Apollons.
Mes défauts dansent autour de rancœurs passées,
de traits que je cache dans l’ombre et qui éclatent dans mes essais,
dans mes poèmes,
dans mes lamentations.
La nuit, j’ai froid.
Mes mains s’effritent, je tousse,
j’attrape la solitude.
Les bienfaits de la vie sont l’amour, l’espoir et le courage.
Les méfaits de la vie sont trop d’amour, trop d’espoir, trop de courage.
J’ai les mains liées.
J’ai Pan en peine dans le cœur,
et j’ai une impression de la Martinique de Césaire
oui, un sentiment-lieu.
Le cru-dire est mon allié.
Le vin, ma tenue d’école.
J’apprends la vie : mon prêtre, c’est Dionysos.
J’ai un passé qui remonte à la formation des premières étoiles.
Je suis le charmeur de lumière :
c’est moi qui ai appris à l’eau à couler
et au vent à voyager.
J’ai des questions pour Dieu.
Je suis plein de choses que je ne peux dire
qu’en écrivant,
qu’en peignant,
ou qu’en vagabondant seul dans la montagne.
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