Hercule à Minuit
C’est pourquoi, ma tante, je fuis.
Je ne suis pas un homme,
je suis un chat en costume d’homme.
Les degrés de mon imagination se réveillent la nuit,
et les dieux me parlent.
Je fuis les gens, les réseaux…
J’ai dans le cœur des violons accordés à la ceinture d’Orion.
J’ai dans l’âme des hiéroglyphes
qui datent d’avant moi-même.
J’écris pour que Césaire sache qu’il n’est pas mort.
Je montre le soleil au destin,
et je lui dis de m’écouter.
Je suis gorgé de tout ce que je reproche aux autres.
J’ai des tatouages dans mon aura,
des travaux d’Hercule écrits dans la paume de mes mains.
J’ai peur d’être attrapé par le froid,
de finir comme Nietzsche, trop loin devant,
éclairé par des philosophies qui ne sont pas encore nées.
Mon visage gronde comme la haute mer,
et mes mains tremblent d’excitation
devant ce que je ne peux voir qu’avec mes sentiments.
Je me forge un caractère dans la forge de Vulcain.
Je suis monté sur le ring
parce que je suis sanguinaire
et que j’aime le combat.
J’ai enfilé les gants
parce que j’aime la compétition.
Mais aussi j’écris
parce que j’ai le cœur d’une femme,
et que j’aime à l’eau de rose bleue.
Amor fati.
Tel est le destin de celui dont la main brûle :
il écrit pour réchauffer sa vie.
Je suis maudit comme Rimbaud.
J’ai le cœur vitaminé.
Je suis un homme à femmes honnête,
je suis un paradoxe.
Quand il me manque du bleu,
je me coupe
et je peins avec mon sang.
La dépression ne me tue pas.
Non.
Elle me fait penser à Kafka,
écrivant éveillé des rêves,
seul dans sa chambre.
J’ai peur de tout écrire.
Que penserez-vous de moi ?
Je suis un raté multi-sentimental.
Un humain trop honnête.
Je me rappelle mes livres de CM1, de CM2 :
Leuk le lièvre, Kacou Ananzé, Soundjata.
Je me voyais dans la ruse de ceux-là.
J’ai longtemps volé le feu aux dieux.
Et j’ai vu,
et compris des choses
que personne ne devrait…
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