Serre

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 Il est immobile, coupé dans son élan, stoppé net par cette surprise de taille. L'extérieur. Une immense étendue de verdure, d'arbres fruitiers, de fleurs, parcourue par de petits ruisseaux d'un bleu pur. Des oiseaux qui chantent, des poissons qui remontent le courant et ce calme paisible à perte de vue. Pourquoi un tel bâtiment de torture avait-il été construit au milieu de ce paradis ? En regardant cette beauté que lui offre la nature, il comprend qu'elle est là sa liberté, quelques mètres sous ses pieds. Il lui faut juste trouver un moyen de descendre.

 Il agrippe le câble d'acier qui sert de rambarde de sécurité pour s'asseoir au bord du vide, puis pose les mains à côté de ses cuisses, avant de passer sa tête sous le câble. Il prend une forte inspiration. Son cœur s'emballe. De l’angoisse, de l'adrénaline, de l'appréhension et de la frayeur : voilà un bon cocktail d'émotions. Les mains posées sur ce métal froid, les bras crispés et tendus, il avance une fesse, puis l'autre, dans une cadence à la fois impatiente et apeurée. Ses jambes se balancent à mesure qu'il avance. Il inspire, souffle, inspire à nouveau, puis se penche, avant de lâcher prise. Il tombe très rapidement avant de s'étaler au sol. Une bonne réception lui a permis d'éviter la fracture. Il est sain et sauf, posé sur ce gazon verdoyant. Il se lève et regarde plus haut derrière lui cette passerelle. Il avance vers le cours d'eau, s'agenouille, puis plonge la tête dedans pour se rafraîchir. Il en profite pour boire.

 Soudain il se redresse vivement, avant de cracher toute cette eau. Une eau bien trop chlorée. Il a eu l'impression de se noyer dans une piscine. Il regarde autour de lui et constate que quelque chose ne va pas. À sa droite, un baobab africain et à sa gauche, un cactus mexicain. Il lève les yeux au ciel ; un ciel bleu sans soleil. Il regarde à nouveau cette passerelle et la porte. Évidemment, c'était bien trop facile ! Une simple porte, sans verrou ni code de déblocage, qui mène d'un lieu sordide à un extérieur idyllique ? C'était trop gros. Ce n'est pas l'extérieur. Il court le plus rapidement possible dans l'espoir de trouver une issue.

 Après avoir traversé cette gigantesque étendue de nature artificielle, il se retrouve face à un autre mur. Il ralentit, marche, s'arrête et frappe du poing cette paroi qui l'isole du monde en criant de toutes ses forces. Il se tourne et avance d'un pas décidé le long de ce mur avant d'arriver à la rivière. Elle s'échappe dans le mur à travers une petite trappe. Il se jette alors dans l'eau. Encore de l'eau. Il nage et pousse avec motivation la trappe qui régule son débit. Elle cède, le courant l'entraîne et le voilà à nouveau dans les locaux de cette structure sans issues. Il sort de l'eau, quitte cette salle de filtration et se retrouve dans un autre hangar. Il se cache derrière des caisses de bois. Toujours ces tracés géométriques, dessinés partout. Une horde de robots passe en courant : leurs yeux sont rouges cette fois-ci. Il est à l'abri de toutes ces choses là où il est. Il y a toujours ces gyrophares rouges qui tournent et illuminent cette pièce noire. Il se faufile entre les caisses, des caisses de toutes formes et de toutes tailles. Qu'est-ce qu'elles peuvent bien contenir ? Il approche son oreille sur l'une d'elles, avant de sursauter à cause d'un bruit de rouage métallique. Il lève la tête. La lumière gagne la pièce à mesure qu'une porte coulissante géante se meut. Le son provient de là-bas. C'est peut-être là sa véritable sortie.

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