La descente de Valdhore dans les ténèbres.

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Année 2755 du troisième calendrier de l’Ecclésiaste.

Dans le royaume mystique de Valdhore, devant la flamme sacrée du cristal de la connaissance* , une prophétie séculaire était murmurée par les prophètes Vādshāhs*. Elle résonnait dans les salles sacrées comme la litanie d’un compte à rebours macabre. Elle parlait d’un avenir inquiétant, où la terre serait témoin de l’arrivée d’une force implacable, connue seulement sous le nom de Canis.

La prophétie, chuchotée par ces prophètes était gravée sur d’anciennes tablettes, elle s’était enracinée dans l’esprit des habitants de Valdhore. Elle suscitait un mélange de peur et de curiosité, car elle annonçait un avenir qui contenait à la fois le désespoir et une potentielle rédemption.

Encore entourée de mystère, elle laissait présager un temps où les murs de Valdhore s’effondreraient devant l’avance implacable de Canis, devant lequel les khalifes Vādshāh* les plus estimés de la cité inclineraient la tête en signe de soumission.

Les légendes et les fables brossaient un tableau effrayant de la fin de Valdhore, alors que le Canis profanerait ses temples et dévorerait les habitants de la cité.

Face à cette catastrophe imminente, les habitants de Valdhore se trouvaient à la croisée des chemins. Certains succombaient aux ténèbres, le cœur consumé par la cupidité et l’ambition. Attendant avec impatience l’arrivée du Canis. Ils voyaient dans sa présence obscure une occasion d’exercer le pouvoir et l’influence, de se délecter du chaos qui s’ensuivrait.

D’autres, cependant, refusaient de céder aux sombres prédictions de la prophétie. Ils s’accrochaient à la flamme vacillante de l’espoir du cristal de la connaissance*. Ils se regroupaient pour résister aux ténèbres envahissantes. Chevaliers et guerriers, sages et citoyens ordinaires, tous s’unissaient sous la bannière de la flamme bleue* de Valdhore, déterminés à affronter la tempête imminente avec une foi inébranlable.

Alors que la présence du Canis se rapprochait de plus en plus, Valdhore vacillait au bord d’une lutte existentielle. C’était une bataille non seulement pour la survie de la cité et de ses habitants, mais aussi pour l’essence même de ce que signifiait la connaissance. Face à des obstacles écrasants, l’esprit indomptable des habitants de Valdhore transparaissait, alors qu’ils se tenaient fermes, prêts à faire face à leurs peurs et à affronter l’incarnation des ténèbres elles-mêmes.

Le décor était planté, le rideau tiré. Les paroles de la prophétie pesaient lourd dans l’air, leur poids était ressenti par tous. L’issue pourtant restait incertaine, car l’avenir n’était pas encore écrit. Seul le temps devait dire si Valdhore succomberait au règne redouté du Canis, ou si son peuple pourrait rassembler la force de le défier et de façonner son propre destin. Dans ce creuset de désespoir et d’espérance, la vraie nature du cœur de chaque personne serait révélée, car c’est dans les moments les plus sombres que la lumière intérieure brille le plus.

Un matin pourtant, le Canis et sa meute innombrable furent aux pieds de Valdhore.

La prophétie n’avait pas menti car tous les étendards ennemis arboraient le Canis rouge de Subarnipal.

Malgré la défense farouche des Valdhoriens, le siège fut bref. Car, que peut-on contre la trahison des élites et l’incompétence des généraux ?

***

L’escorte de Subarnipal atteignit le sommet de l’ensemble palatial, avec la citadelle et les universités. Ils furent accueillis par le capitaine des gardes qui avait enchainé trois des sept khalifes Vādshāh*.

Sans descendre de son cheval, le Cakravartin* s’adressa au capitaine :

  • Ont-ils parlé ?
  • Oui, votre Illustrissime Grandeur. Ils nous ont dit où se trouve le Cristal de la Connaissance*.
  • Alors, pourquoi n’est-il pas ici ?
  • Nous y travaillons, Grandiose Lumière du Monde.
  • Comment cela… vous y travaillez ?
  • Majesté Souverain des Nations, les portes la crypte sont closes et verrouillées de l’intérieur.
  • Et alors ?
  • Illustrissime Grandeur, les portes sont en bronze massif et elles font un pied d’épaisseur. C’est ce que disent les khalifes.
  • Si vous ne pouvez pas passer par la porte ! cassez le mur, bande d’incapables ! appelez une compagnie de sapeurs et grouillez-vous.

***

Ashka était en proie à la plus grande des frayeurs. Elle était dans la Sainte Crypte, un lieu qu’elle ne connaissait pas, un lieu réservé aux seuls initiés, sa présence était sacrilège, sa tenue aussi, car elle ne portait pas le saint tablier plombé.

À ses pieds, devant elle, gisait un des sept khalifes Vādshāh* adossé au mur. Il était percé de plusieurs flèches et carreaux d’arbalètes. Le blessé avait ordonné à Ashka de le suivre alors qu’elle était recroquevillée derrière un meuble de l’École Supérieur de la Confrérie des Scribes.

Il lui avait demandé de l’aider à condamner la Sainte Crypte. Car il fallait être obligatoirement deux pour clore cette pièce.

Alors qu’elle contemplait le moribond, elle prit conscience qu’elle était emmurée vivante.

Si encore ce con n’avait pas gaspillé ses dernières forces à briser à coups de candélabre le saint Cristal de la Connaissance*, elle aurait pu marchander sa vie et peut être même sa liberté avec ceux qui cognaient depuis des heures contre les portes de bronzes, mais non ! elle était prisonnière de ce qui pour elle était un tombeau.

Elle était pourtant si jeune, elle n’avait que treize ans. Sa chevelure était longue, opulente, bouclée. C’était une rousse flamboyante comme la plupart des Valdhorienne. Elle avait de grands yeux en amande dont la couleur allait selon son humeur du jade vert, au noir, en passant par le bleu-vert. Son petit nez rond était légèrement retroussé et sa bouche aux lèvres gourmandes dessinait un cœur qui dévoilait très souvent deux belles incisives d’un blanc de nacre.

Tout son corp était constellé de petites taches de rousseurs. C’était une jolie adolescente à la poitrine juvénile, une des étudiantes de l’École Supérieure de la Confrérie des Scribes qui apprenait l'art de la séduction, de la poésie, du chant, de la danse, de la musique, des mathématiques, des langues, de la comptabilité et même du droit.

Sous les coups du khalife Vādshāh* le cristal avait littéralement explosé, il n’en restait rien, ou si peu, juste une espèce de vapeur jaunâtre qui comme un brouillard flottait dans l’air et lui déclenchait des quintes de toux.

Dans sa tête résonnait quelque phrases sans queue ni tête qui disaient :

Blob 1+1=1. Blob 1+1+1+1=1. Blob 1-1=2.

Elle pensa à la cachette où l’avait trouvé le khalife. Puis elle s’évanouit.

Pour enfin se réveiller à ce même endroit dans une des salles de son école. Elle pensa qu’elle avait fait un cauchemar, mais dans son poing serré il y avait encore une drôle de substance jaunâtre.

La pièce était spacieuse et aérée. Ses murs s’élevaient plus hauts que le reste du bâtiment, sa charpente en bois précieux finement moulurée était soutenue par de fines colonnes d’albâtre. Cette salle permettait une vue spectaculaire sur la ville et ses alentours.

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