Teixó l’arme du Kazar rencontre Punaise.

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Le brouillard s’était glissé dans ma chambre en ce matin du premier jour du cinquième mois. Ce devait être la première heure du deuxième carré*.

Un turluti*, un drôle de petit oiseau rose turlutait sur mon balcon. Cela faisait des mois que je n’avais pas dormi dans un vrai lit, avec de vrais draps et ce luxe me faisait du bien. Je m’assis contre la tête de lit, le dos calé par de confortables coussins.

La veille au soir j’avais eu une longue conservation avec le Chef de Gare, drôle du nom pour désigner le gouverneur de Ksar-Migatana* et de sa région. Dans la journée ou demain je passerai voir un esculape histoire de faire les mises à jour de mon Oracle. De toute façon je n’étais pas pressé car il n’y avait pas moyen de quitter ce caravansérail par bateau avant au moins deux mois, il n’y avait aucun transport régulier pour traverser le fleuve ou descendre en direction de Chytta, la cité aux 100 portes. De toute façon, mon nouvel employeur, car c’est ainsi que je voyais la Guilde, me demandait d’aller à Yuchekha. Ce serait une des étapes qui jalonneraient ma mission. J’avais quitté Théodor Argrigent, un employeur mauvais payeur et peu fiable, pour la Guilde Souveraine qui était beaucoup plus puissante, beaucoup plus généreuse mais surtout beaucoup plus dangereuse. Donc si ce n’était pas un mariage d’amour, je considérai que vue de dote la mariée avait de beaux atours.

Je m’étirai dans mon lit, je n’avais vraiment pas envie de remonter tout de suite sur mon roojas pour cheminer plus en amont. De toute façon, il me fallait prendre mon mal en patience et attendre le passage d’une caravane.

Le turluti s’envola.

De ma chambre, je dominais les deux cours du caravansérail avec leurs Péristyles aux toits de zinc. Ma pièce était vaste et bien meublée. Je l’avais louée pour les 15 jours à venir et comme dans toutes les chambres des auberges de luxe, j’avais une esclave attitrée pour satisfaire tous mes besoins, toutes mes envies... D’ailleurs où était-elle ?

La veille, j’étais revenu dans un sale état, trop de boisson, trop d’herbes à fumer… Mes deux belles commerçantes Lurédiennes m’avaient convié à participer à un plan à trois et c’est tôt le matin que j’étais rentré au "radar". C’est drôle ce mot, cela devait faire cent ans que je ne l’avais pas utilisé. Je m’étais trainé jusqu’à ma chambre, aussi. Je ne me souvenais pas m’être déshabillé. Néanmoins, j’étais nu sous les draps et les fourrures. Je vis mon esclave de chambre, assise en tailleur dans l’ombre d’une armoire, tête baissée, les mains croisées derrière le dos, position on ne peut plus normale pour une esclave de chambre. Nul doute qu’elle avait dû dormir au pied de mon lit comme l’animal dressé qu’elle était.

  • Viens saluer ton maître loueur* !
  • Oui maître. Je suis si parfaitement dressée que j’obéirai aveuglément à chacun de vos ordres.
  • Putain ! Tu pourrais pas dire simplement. J'écoute et j'obéis comme toutes les putains ! Et puis c'est quoi ton nom ?
  • Punaise, mon maître LOUEUR. Je sentis comme une insistance sur loueur. Tel est le nom que m’a donné l’aubergiste. Mais je peux porter celui qu’il vous plaira noble Maître.

Il est d'usage sur Exo que les esclaves ont, soit un prénom avilissant, soit un petit nom qui renvoie à leurs fonctions ex : sac pour une esclave qui porte des sacs, elles peuvent avoir un matricule, ou pire : rien. Cela est le cas des esclaves occupées à une seule tache comme tourner la manivelle d’un puits. Un ou une esclave peut changer mainte fois de prénom durant sa vie. Pour les iotas il est rare qu'elles aient un nom, parfois elles ont un matricule, mais en règle générale elles sont simplement considérées comme un moteur "humain".

  • Eh bien, punaise retire ton exomis* que je puisse voir à quel point tu es baisable. Hier soir, j’avais sommeil, j’étais crevé, mais ce matin, cela va beaucoup mieux. Oui, c'est bien ce que je pensais t'es un second choix ?
  • Oui noble Maître.
  • Ça y est t'es à poils ? Tourne sur toi que je puisse juger de la marchandise. Bon ça ira. De toute façon si c'est Gontran qui t'a choisie, c'est qu'il avait ses raisons. C'est quoi ta spécialité ?
  • Maître on dit que je suce bien.
  • C'est un bon début, c'est déjà ça. Assurément, c'est bien la première fois qu'on me file un deuxième choix dans un Caravansérail de la Guilde. En plus t'es qu'une gamine tu m'arrives même pas à l'épaule. D’accord tu es rousse, et c’est un bon point pour toi. Mais où avait-il la tête ce Gontran, à croire que tu es la seule rousse ?
  • Maitre je suis la seule rousse du Caravansérail.
  • Dans ce cas petite Punaise de lit, je comprends Gontran. On va bien voir si tu es digne de combler tous mes désirs, tu es quand même bien mignonne, petite esclave. Saute sur le lit, j’ai besoin de te voir de plus près, de contempler ton con. Viens plus près Punaise, j’vais pas te bouffer ! Quoique si, un peu, tes petits seins m’excitent ! Ils doivent rentrer tout entier dans ma bouche. Approche ! Approche, j’ai envie de fourrer ma main dans ton joli con. Par tous les dieux ! Comme il est vorace… j'aurais pas cru, bordel, Il est goulu le bougre, on s’y enfonce comme dans le marais… Mais avant tu vas te régaler à bouffer ma bite.

Punaise avait la langue agile et complaisante d’une esclave accomplie. Elle aimait les bites, toutes les bites avec gourmandise… Et cela valait mieux pour elle.

  • Hum... C'est vraie salope ! Tu suces comme une gougnotte vicieuse... Voyons voir maintenant si tu sais me faire jouir rapidement. Youaaa ! Encore quelques coups de langue et je ne réponds de rien... Vite petite salope à quat pattes ! Laisse-moi te le fourrer ! Bordel ! Mais qu’est-ce que je peux dire comme conneries !!! Je ferai mieux de te baiser en silence, tu ne crois pas ? Mais réponds bordel, réponds quand je t'parle.
  • Comme le veut le maître. Le maître veut que je pousse des petits cris ? Des gémissements peut-être ?

Après quelques minutes, j’éjaculai et je me retirai de ce fourreau agréable. La jeune esclave connaissait son métier, elle se retourna pour gober mon sexe, elle le lécha, le nettoya. Oui, elle était bien dressée. Quand elle eut fini, elle se mit à genoux, sa main droite entre les jambes afin de recueillir le sperme qui coulait. Quand elle jugea que tout ce qui devait couler était au creux de sa main, elle la lécha.

En cela, elle avait respecté scrupuleusement l’article 8 du code des esclaves, qui stipulait qu’elle devait être consciencieuse en soignant chaque détail de son service et qu’elle ne devait jamais traiter une partie de ses devoirs de manière frivole.

Cette saillie rapide m’avait apaisé, je n’aspirai qu’à une chose me rendormir.

Mais dans ses yeux je voyais tout le mépris d'une femme et non celui d'une esclave. J’eus honte, pour la première fois depuis longtemps j'eus honte de moi.

  • Viens Punaise, viens dans mes bras, je veux enlacer autre chose que mes armes. Je veux sentir la chaleur d’un être humain, même si c’est une esclave. Mais s’il te plaît, arrête de baiser comme une putain qui réciterait son credo. Quand on baise, je voudrais que cela fasse comme qui dirait… Plus naturel.
  • Comme le veut mon maître. Elle marqua une pause puis, Maître et si je n’ai pas envie de faire l’amour ? Dit-elle mi-mutine mi-sérieuse.

Comment pouvait-elle ne pas avoir envie de baiser avec moi ? Franchement, cette question était vraiment stupide, digne d’une esclave.

  • Hé, bien… Tu feras semblant d’avoir envie.
  • Comme voudra le noble maître.

Je la serrai dans mes bras, elle était fraîche, elle sentait bon, je pensais à What que j’avais laissé dans l’enclos à roojas, il devait lui aussi se reposer.

  • Si le Maître le veut, je peux le masser ?
  • Oui pourquoi pas.
  • Maître, je peux te poser une question ?
  • Oui, pourquoi pas… On sait jamais, cela pourrait être amusant.
  • Le noble maître, a une peau étrange.
  • Tu n’as jamais vu un homme à la peau sombre ?
  • Maître, il y a de nombreux noirs qui viennent à l’auberge, même une fois j'ai vu un Gn'eiss*, mais toi, tu as une peau cuivrée, qui est si douce, on dirait qu’elle est huilée. Mais elle ne tache pas le linge, c’est vraiment étrange, maître, en plus son seul contact donne un plaisir étrange.
  • Oui, je sais, on me l’a déjà dit.
  • Sangsue une autre esclave est passée tôt ce matin, elle m'a dit que tu étais Teixó l’Arme du Kazar. On dit aussi que de grandes dames auraient voulu être tes esclaves, on dit aussi que tu étais avec Honorius, avec Serre et avec la Mort-qui-Marche… On dit aussi que tu étais au couronnement d’Honorius.
  • On dit, on dit aussi... Tout le monde dit n’importe quoi. Continue à me masser plutôt que de dire des bêtises.
  • Bien noble maître, excuse ton esclave de chambre, elle est stupide et bête comme tous les outils de plaisirs.
  • Oui petite Punaise, j’étais avec eux. Mais je ne sais pas si on peut parler de couronnement. Si tu veux, je peux te raconter. Mais continue à me masser.
  • Oh oui noble maître. Votre humble esclave aime entendre des histoires. Elle s'interrompit pour applaudir quelques secondes avant de reprendre son ouvrage.
  • Les deux frères Dominiens avaient contracté une énorme dette auprès de la Guilde des Métaux et de l’Ordre des Hors-Loi, tout ça pour acheter les légions et les mercenaires que Salgon leur Empereur leur refusait. Donc après une campagne pour garantir les frontières de l'Empire Dominien, après qu’ils eurent battu la menace de l’Empire de l’Est et surtout sachant que Salgon* qu'on appelait le Magnanime était du genre avare et peu reconnaissant. Les deux frères se doutaient bien que jamais il ne paierait pas même une partie de la dette envers l'ordre des Hors-Loi et la Guilde des Métaux, qu’il s’abriterait derrière le fait qu’il n’était pas le contractant de l’emprunt. Honorius n’avait qu’une solution mais quelque chose me dit qu'il avait tout prévu à l'avance... Il profita de ses lauriers, des légions acquises à sa cause et surtout de notre aide bienveillante pour déposer son pleutre empereur, une espèce de couille molle, le dernier avorton d’une dynastie dégénérée qui bloquait toutes les possibilités d’évolution et empêchait la construction d’une ligne entre Domina*, Aquilata* et passant par le plateau du Moggave*. Rien que pour cela les deux frères avaient la bénédiction de trois des principales Guildes de ce monde, tout d’abord la Guilde des Métaux qui voulait avoir un retour sur son investissement, puis celle de la Guilde Souveraine trop heureuse de l’ouverture d’une ligne qui serait des plus rentable et c’était sans oublier la Guilde des Marchands. Cela faisait beaucoup de gens puissants que ce brave Salgon se mettait à dos… Quoi que quand je dis brave… C’était plutôt le plus couard de tous les souverains de Domina. C’était aussi trop de couleuvres à avaler pour la population de l’Empire. Il faut savoir de temps en temps faire tomber quelques têtes, même si ce sont celles de souverains, ainsi tous savent qui gouverne vraiment. Mais pour en revenir à ce que tu me demandais… Tout-cela s’est passé, il y a à peine dix ans, dans la brume humide d’une matinée morose, comme ce matin, vois-tu. Dix ans déjà... Comme le temps passe.

Je lui racontai sans trop de détails cet évènement, notre troupe forte de deux squadra* de cavaliers dont une de roojas, avait traversé le Forum du Magistoroom désert à cette heure. J’étais à la tête des roojas pour nettoyer le terrain au cas où… Mais point de combat, les gardes nous avaient salué, ils avaient levé respectueusement leurs lances, nous laissant passer. Nos squadra se dirigèrent vers le Quartier des Pouvoirs et le Palatal. Bref, on avait mis pied à terre devant le Palatal. On aurait pu encore nous faire barrage. Mais dans cette atmosphère délétère... À voir ta tête, je pense que tu comprends pas ‘’délétère’’, disons que ça veut dire mauvais… On était comme qui dirait… Invincibles, comme protégé des Dieux.

  • Je sais noble maître, je connais ce mot, je suis seulement surprise que vous, vous … Ho, ho, pardon maître.
  • Ne t’excuse pas, tu penses qu’un mercenaire comme moi… C’est plutôt à moi de m’excuser, toutes les putains, toutes les esclaves, ne sont pas toutes sottes. N’est-ce pas Punaise ? Je commence à comprendre le choix de Gontran.
  • Que veut dire le maître ?
  • Non, rien… Ou plutôt si, à moi de te poser une question. L’auberge communique bien le pédigrée de chaque esclave à la Guilde ?
  • En effet noble maître. Cela fait partie des accords entre le caravansérail et la Guilde. Ainsi la Guilde et la Ligne gèrent aussi de concert la Gare et le caravansérail, c'est comme cela depuis toujours.
  • Cela fait longtemps que la ligne de Ksar-Migatana* a été supprimée ?
  • Maitre, je pense que cela fait bien deux ans.
  • Intéressant, intéressant, deux ans tu dis.
  • Oui Maitre, mais tu as réellement vu Gontran le Gouverneur ? On dit qu’il n’est pas tout à fait comme nous.
  • Ah ça tu l’as dit, il n’est pas banal ! Et si on baisait pour changer ?
  • Mon maître à déjà oublié, sans vouloir le commander, s'il pouvait me raconter la suite de l’histoire.
  • Bon, je reprends… Mais plutôt que de raconter cette histoire, tu vas assister à de la magie. Je pensais à cette période de ma vie et mon Oracle diffusa dans la pièce en 3D l’hologramme de cet événement. La petite Punaise resta figée devant ce spectacle aussi inattendu que merveilleux.
  • Hier soir le licteur me l'avait bien dit en me mettant la chaine... Que vous n'étiez pas ordinaire. Mon maitre est un mage.
  • Tais-toi et regarde.

Alors la scène s’anima.

D’un pas déterminé, la moitié de la troupe marchait vers la salle du grand conseil. Des pas rapides, résolus, résonnaient sur les dalles. On pouvait entendre encore le crissement des éperons sur le marbre. Je me voyais marchant devant, une rondache dans la main gauche, un sabre dans l’autre, derrière il y avait le chétif, c’est le surnom qu’on donnait à Honorius, et Serre. À leur droite, il y avait Garm, celui qu’on appelait la Mort-qui-Marche, à gauche Metamoto le maître d’armes et derrière deux primipiles. Personne, pas même une armée de harpies n’aurait pu nous barrer le passage. Les portes de bronze bâillaient largement. Tout près du grand trône vide, une maigre foule de sénateurs, veule, apeurée comme de viles commères, à notre vue, ils dégagèrent promptement les degrés de l’estrade. Punaise était à genoux sur le lit, la bouche grande ouverte, parfois je la voyais tendre le bras comme pour saisir l’insaisissable.

Alors, qu’elle votait les deux frères, aux armures encore couvertes de poussière, seuls au milieu du cercle des piques de nos lanciers. Ils étaient aussi semblables que différents ; un même père, deux mères différentes, l'un robuste et grand, l'autre plus jeune, plus mince, mais dans leurs yeux, la même fièvre, la même audace sacrilège.

J’avisai une corbeille où était mélangé des fruits et des petites pâtisseries, par amusement je pris une grappe de raisin et je plaçai la corbeille entre les jambes de Punaise, qui comme si elle était au cinéma, elle puisait dedans à l’aveugle, avant de les croquer avec frénésie.

Alors, devant quelque sénateurs effarés, Serre ramassa de la pointe de sa spatha la couronne oubliée au bas des degrés, puis il s’écria, devant les soldats, triomphants :

À cet instant ma petite esclave arrêta de manger.

  • C'est tout ! … C'est tout ! ... Tu reçois l’accueil silencieux de sénateurs apeurés. Tiens, mon frère, tu as perdu ton casque. Et puisqu’il faut respecter les coutumes et les valeurs locales… Fais ce que père aurait dû faire il y a bien longtemps. Par le triomphant Shamralack* ! Le sénat peut bien t’offrir cette couronne, petit frère. Et d’un geste sec, il lui envoya la tiare.

Je mis sur pause et je m’adressai à Punaise.

  • Tu vois l’ennui avec Honorius, c’est que c’est un littéraire, alors je suis quasi-sûr que son discours, il le connaissait par cœur. Moi perso, j’aurai fait plus court… Mais on ne refait pas les gens, surtout pas les génies, alors écoute ce moment de bravoure et je réenclenchai l’holobande.
  • Le soleil va luire sur Domina, nos villes et tout l'Empire, vont renaître de leurs cendres. La justice va détrôner la tyrannie de patriciens déficients. Nous réveillerons de dedans leurs tombes nos illustres ancêtres. Soyez fiers, car désormais, nos ennemis savent que, tel le divin phénix, nous renaissons aux anciennes gloires de notre Empire. Quand Domina se réveillera, elle aura un nouveau gouvernement. La couronne était dans le ruisseau, je l’ai et je la garde pour le bien de tous. Je suis le fils de celui qui vous sauva vous, sénateurs, de la vindicte populaire. N'outragez pas mon jeune âge par un quelconque affront. Oui, nobles patriciens, jadis vous tous vous nous avez trahis et traqués. Mais aujourd’hui, enfin maître de mes droits, j'ai défendu par les armes, la justice de ma cause. J’ai vaincu l’Empire de l’Est sans votre aide, sans votre or. Votre liberté et la sûreté de vos biens, vous tous, vous me les devez. Et vous, légionnaires, mes chers soldats, faites valoir avec vos glaives mon nouveau titre.

Et d'un même geste, toute notre escorte brandit en l'air les spatha et les sabres étincelants.

Je remis sur pause et je m’adressai à mon esclave.

  • Tu vois, un ordre aurait suffi, pour que nous égorgions ce reliquat de sénateurs. Bon je remets en marche.
  • Oh oui Maitre, je veux connaitre la suite. Il va tous les tuer ?
  • Peut-être Honorius, allait-il le donner cet ordre tant redouté. Cela lui aurait épargné pas mal d’ennuis.

Mais elle vit Serre mettre la main sur l'épaule et prendre la parole.

  • Sénateurs, amis, partisans, défenseurs de la grandeur de l'Empire. Si jamais Honorius, le fils du Maître de Cavalerie, a trouvé grâce à vos yeux, gardez l’entrée du Magistoroom et ne souffrez pas qu'un autre que lui ne s'approche du trône impérial.

Le grand chambellan Amphitrus, un homme aussi vieux que chenu, mit un instant sa toge en ordre, puis il leva en l'air ses bras maigres comme de vieux ceps de vigne, réclamant le silence.

  • Lui c’est un malin, dis-je à Punaise, c’est un fin politique, sa parole était respectée de tous.
  • Jeunes princes qui, à l'aide de légions de mercenaires, disputez avidement le pouvoir sur l'empire, sachez que le peuple, dont nous sommes les représentants, a d'une voix unanime, jadis, choisi Salgon, surnommé le Magnanime, en égard des services qu'il a rendus à l'Empire. Il n'existe pas aujourd'hui dans les murs de la cité, un homme plus noble, un plus brave guerrier.
  • Est-il présent en ces lieux ? Était-il à la tête des armées lors de notre dernière campagne ? Nous a-t-il envoyé les renforts tant espérés ? Non, je ne crois pas. Eh bien, qu'il vienne reprendre sa couronne s'il est si brave ! Si tu dis qu'il est encore dans Domina, ou même encore dans Prima-Domina, qu'il vienne. Qu'il s'explique ! Car moi, je dis que c’est couardise que de se terrer sur la presqu’île de Zénon. Car c'est bien là-bas qu'il se cache ? Avait grondé Serre.
  • Oui, qu'il vienne ! J'en appelle à nos antiques lois ! Et pour faire les choses selon le droit, je repose la couronne sur le trône. Avait ajouté Honorius Oui qu'il en soit ainsi. Il est appelé ici devant le sénat et le peuple de Domina, et qu'avant la fin du jour, avant que la deuxième lune ne soit à son zénith, qu’il reprenne sa tiare ou qu'il abdique à jamais.
  • Sénateurs ! C'est à Salgon qu'il faut rendre hommage ! Ici je ne fais que lui prêter ma voix. Son génie, les faveurs dont il nous a couvert, la justesse de ses lois. La paix à venir annonce aujourd'hui son retour auguste dans Domina ! Nul doute qu'il saura récompenser comme il convient ces généraux victorieux... Pourvu que leurs légions regagnent les casernes. Sénateurs, vous pourriez, en vous abaissant jusqu'à ces deux-là, leur faire bon accueil. Et qui sait, peut-être désarmer leur courroux, mais non pas leurs ambitions... Comme ils doivent s'enivrer d'un si grand triomphe ! Ils sont partis comme deux obscurs tribuns proscrits. Leurs mères, des maquerelles notoirement connues, leurs amis des forçats, des gladiateurs en rupture de ban, des esclaves évadés ! Il y a peu de temps encore leur simple nom était une insulte ! Et les voici qu’ils rentrent avec des rêves de tyrans. Que les Dieux nous épargnent ce danger ! Hurla presque Postulus.
  • Jeune sénateur, fils de Postulus l’indolent, tu portes bien ton nom Postulus Junior ou plutôt Minor, tout en toi est petit à ce qu’on dit. Tout, sauf ta soif des honneurs et des biens d’autrui. Tu es bien comme tous tes amis du parti des Shamralackien. Tu es bien de ta caste. Tu vis comme avant les invasions, comme avant la chute de la moitié de nos villes. Tu es comme toute cette jeunesse des hauts quartiers de Maurio ou de Donabetta. Ils sont tous, comme toi… Insouciants, corrompus, peu soucieux de leur dignité, prodigue du bien d'autrui. Amis des plaisirs faciles, vous vous jetez dès que vous le pouvez dans la courtisanerie ou plutôt dans la politique des combines, avec une ambition impatiente, de grands besoins à assouvir et aucun scrupule. Mais ces temps sont révolus !

Le sénateur Aeentinus Varro, prit la parole, pour persifler :

  • Le fier Honorius a ravi la prêtresse reine Igfride, d’un peuple, que dis-je, d’une race inférieure, d’une vaincue à ce qu’on dit, il en a fait sa maîtresse. Les augures en vain auraient dû l'épouvanter, les barbares sont défaits, l'Empire de l'Est aussi ; qu'importe, si la fortune offre à ce chanceux général une maîtresse qu’il s’est choisie, du moment qu'elle soit esclave, mais on nous dit qu'elle siège maintenant à ses côtés et que ses hordes de sauvages se sont ralliées à nos aigles… Et c'est ainsi qu'il croit venger notre injure, alors qu'il aurait dû les crucifier tous et maintenant céans, il vient… Usurpateur et parjure, sans prévoir notre courroux ni notre résistance. On dit aussi qu'il veut couronner dans Domina cette fille d'Hyperborée. Il peut offrir sa couche mais non un sceptre qui ne lui appartient pas. Il croit sans doute qu’Igfride serait une autre Vesta ?
  • Je me suis promis de pardonner le lâche assassinat de notre père. Mais prenez garde qu'un désir m’entraîne à gouter aux fruits amers de la vengeance. À l'effusion du sang qu'il est pourtant défendu de répandre en ce lieu sacré. Je me souviens encore de la fatale imprécation de mon père. Elle me presse et malgré mes yeux secs, malgré mon calme apparent, je pourrai bien me laisser fléchir par mon frère Serre et faire un ménage en grand.

Aeentinus Varro rajusta de l'ordre de sa toge, se racla la gorge et reprit la parole.

  • Tu crois en pardonnant obtenir ton pardon !

Serre lui coupa sèchement la parole.

  • Les maximes des Empereurs, tu crois que nous les ignorons ? Inflexibles pour nous, indulgentes pour eux-mêmes. Le droit de faillir à leur devoir leur tient de droits suprêmes, et qui franchit comme eux les bornes de la justice, leur semble faire affront à leur souverain pouvoir !

Le sénateur Quintrus Faber cria ivre de rage, se leva, trépigna agitant haut les bras. Punaise se fourra une poignée de friandise dans la bouche.

  • Tais-toi, chien ! Fils d'esclave, vos mères ne sont que des putains qui ont eu plus d'hommes dans leurs lits que tu n'en as commandés.

On entendit un grand cri... Suivit de celui de Punaise surprise, car Faber tenait son poignet. Dans sa paume, était fiché un pugio* que venait de lancer Serre.

  • Je ne suis pas comme mon frère qui entend rester poli et raisonnable. Tu t’appelles Faber ? Rends-toi utile, aiguises ma dague. Alors, peut-être, je te laisserai la vie. N'oublie pas que les dieux sont avec les victorieux et il ne convient pas que tu manques de respect à nos mères… Même si tu as peut-être raison. Il n’est pas dit non plus que ta mère n’ait pas eue recours aux étalons des bordels de nos mères. J’ai lu une épigramme, il n’y a pas si longtemps, qui disait que le noyau d’olive qui tient lieu de bite à ton père serait un don familial… Comme je plains ta mère et ta pauvre femme, c'est sans doute pour cela qu’elles sont de si bonnes clientes de nos mères.
  • Calme-toi, Aeentinus Varro et songe à bien envisager le danger. Honorius est revenu, vainqueur. Contre ce général, quelles seront les armes du sénat ? Ce héros est là, devant nous. Espères-tu qu'un petit nombre d'orateurs puisse le vaincre ici ? Avez-vous des armes pour répandre son sang ? Ce qu'aucun n'a réussi à faire sur le champ de bataille, ce qu'aucun des plus belliqueux et des plus redoutables de nos ennemis n'est parvenu à faire, crois-tu que tes effets de toge y parviennent ? Ce héros, dont ta main espère le trépas, penses-tu que ses légions ne le vengeraient pas ? Imagine les calamités qu'engendrerait une pareille entreprise. Cria Ursus Caton au milieu du brouhaha.
  • L'illustre Salgon, dans toute la fleur de sa magnificence, est attendu ici avant le coucher du soleil. Nous vous demandons, au nom des Dieux immortels, de respecter nos lois. Et que celui que vous désirez voir solennellement remplacer, au nom des droits du sénat, des droits du Magistoroom et du pouvoir des légions, que celui que vous prétendez honorer et glorifier, se retire et attende son heure. Qu'il renonce à la violence, congédie ses armées et, en loyal prétendant fasse, valoir ses mérites avec une pacifique humilité.

C’était le grand Chambellan, gardien des antiques lois qui venait de reprendre la parole.

  • Comme si les paroles de ce vénérable tribun pourraient apaiser mes craintes. Mais il est trop tôt pour congédier mes légions, les portes du temple des Astréïdes sont encore grandes ouvertes et, même si pour un temps l'ennemi est vaincu, sa puissance est intacte. Aussi, afin de contenter l'honorable Sénat, je transmets le pouvoir des légions à Serre Lupus, qui n'a jamais démérité.

À ses paroles le soleil émergea, transperçant le ciel de ses rayons radieux, irradiant la vaste salle. Ils ricochèrent sur les armes et la couronne qui de mille feux brilla sur un trône toujours vide.

  • Tu vois, La journée s’annonçait belle. Comme cette journée petite Punaise, tu vois le soleil chasse déjà le brouillard. Il est l’heure que tu fasses monter le petit-déjeuner. En tout cas petite, tu as dévoré tous les gâteaux.
  • Pardon maître. Mais c’est le Maitre qui m’a donné ces si bons gâteaux… Mais je peux encore poser une question ?
  • Oui, mais fais vite exaspérante petite esclave.
  • Comment mon maître peut-il faire apparaitre cette magie ? Il se dit aussi que tu es le roi des menteurs… Mais je vois que c’est faux… Ou alors le Maitre peut créer toutes sortes d’histoires… Ne me bats pas maître, je ne fais que répéter les médisances des clients.
  • Petite impertinente, tu mériterais que je te fesse. Dis-je en la jetant sur mes genoux, la main levée prête à s’abattre sur son cul rebondi. Mais tu as de la chance, elles sont trop jolies pour que je les abîme. Elles ne méritent que mes baisers. Mais pour répondre à ta question, peut être que j’ai un peu manipuler les images… Mais, mais… Je suis de l’Ordre des Hors-Loi, avec des capacités qui ressemblent un peu, un tout petit peu, à celui des Valdhoriens. Ne l’oublie pas.
  • Maître, pourquoi dis-tu cela ?
  • À ton avis, Punaise
  • Bien maître, je crois comprendre.
  • Oui Punaise, je crois qu’on se comprend tous les deux.

Je me souvenais aussi qu’intercepter l'armée du pleutre Salgon ne fut qu'une formalité. Mes roojas n’en firent qu’une bouchée. Voilà pourquoi depuis lors, on me nommait parfois Teixó, l’Arme du Kazar*.

Le large bracelet que je portais à mon poignet gauche se mit à vibrer légèrement, c’était mon Oracle qui me prévenait que j’avais un message de la Guilde.

C’était une relique du temps de la troisième guerre avant celle du Blob Stellaire. Alors que nous étions soldats, on nous avait équipé de cet artefact. C’était un terminal symbiotique nous permettant de communiquer entre nous et moi avec le Blob, mais personne en dehors de moi ne le savait. En plus d’être une base de données et un médicus, c’était un calculateur prédictif d’où le nom dont on avait affublé ce bracelet : « Oracle ». C’était un joli nom pour cet objet rare et précieux. Le seul problème était dû à son rayon d’action restreint à 20 arphanges tout autour de soi, et à 100 arphanges* autour d’une antenne-relais de la Guilde. L’Oracle et le Blob m’avaient permis de fomenter une mutinerie, mais c’était une autre histoire, pourtant elle était loin d’être terminée.

  • Au fait Punaise, sais-tu écrire ?
  • Oui maître, dans une autre vie, j’ai été scribe avant d’être putae. Mais je pense que mon maître Teixó sait plus de choses qu’il ne veut bien en dire.

Plutôt que de répondre à ma petite putain, je me mis à rire. Et comme elle était toujours couchée sur mes genoux, je lui tirai les cheveux qu’elle avait longs et je l’embrassai à bouche que veux-tu.

Son passé, je le connaissais, l'Oracle venait d'imprimer dans mon esprit les grandes lignes de la bio de Punaise. Mais comme j’étais un affreux goujat, je préférai faire du mauvais humour.

En somme, tu as lâché la plume de ta main pour tailler des plumes avec ta langue.

  • C’est cela maître. Me dit-elle tristement.

Je n’étais pas assez mufle pour lui demander ce qu’elle préférait, d’autant que je susse par expérience qu’elle mentirait pour faire plaisir à son client.

  • Je sens, ma fille, que nous allons bien nous entendre. Mais là, j’ai besoin de dormir encore un peu.

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