Le grand secret

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Je descends de chez moi avec un de ces masques hors de prix qui permettent de porter le visage d'un autre, qui se fait payer pour qu'on l'utilise. Pratique... pour moi. Bon je pense que ça lui correspond plutôt, des traits fins, une barbe discrète et travaillée. Je garde mes yeux par contre ! Ah oui, personne n'a osé faire de reconnaissance par l’œil... on préfère la malhonnêteté totale de tous les systèmes de reconnaissance faciale qui sont réputés comme pas totalement fiables. Mais ils le sont bels et bien, au moins, on évite que les citoyens se rebellent contre ces dispositifs.

Mes recherches ont été fructueuses. Je sais tout d'elle. Elle est crédible. Après avoir enquêté auprès d'un de ses ex louches, elle a une vie dérangée mais qu'elle gère d'une façon parfaite. Dépenses contrôlées, besoins comblés.

Je l'aborde doucement, sans parler, sans l'interrompre dans son activité du moment. Elle écrit en regardant copuler quelques gendarmes qui grimpent sur une brindille qui sort du sol.
Je m'assois à côté d'elle et je contemple la scène.

- Passionnant spectacle, n'est-ce pas ?, osé-je.

Elle pouffe de rire puis se décide enfin à tourner sa tête vers moi après plusieurs secondes.
Ses yeux transpercent les miens, enfin c'est ce que je perçois moi car elle se remet immédiatement à écrire.

- Qu'est-ce que tu veux toi ? Me violer ? J'espère pas car j'ai bien l'impression que tu n'as pas ce qu'il faut pour me baiser... même pas les roustons pour me montrer ton vrai visage.
- Bien entrons dans le vif du sujet. Je vais être rapide, l'avantage des lieux comme celui-ci, c'est qu'on est plutôt tranquille pour parler. Je suis hacktiviste, nous avons besoin de toi.

Le lieu grouille de déchets chimiques et d'autres objets non-identifiables.

- Ok. Quel est le deal ? Je n'ai pas besoin de fric.

Je suis pris de court. J'oublie le discours marketing et je me lance dans ma réelle pensée.

- Je crois que les communautés humaines se forment dans des formes d'existence particulières, éloignées de celles que nous subissons. Pour cette raison, on se doit de bouger, pour informer la masse. Pour faire tomber le haut.
- Bien trop altruiste pour moi. Une autre raison pour que je te suive ?
- Je suis écrivain. Nous pourrions écrire ensemble.
- Deal accepté. Qu'attends-tu de moi ?
- Que tu deviennes la meilleure. Je t'ai regardée évoluer, observer, comprendre. Tu peux aisément être de ceux qui nous guideront vers un avenir différent. La vision, voilà souvent ce qu'il nous manque. La formation durera six mois.

Elle écoutait sans rater un seul mot, attachée à mes lèvres.

- Quelle sera ma première tâche pour cette « formation » ?
- Mettre en place un incident diplomatique avec un pays ami depuis très longtemps : la Suisse. Tu as carte blanche. Je répondrai à tes questions, impressionne-moi.

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