Le chiffre final
Je suis perdu dans mes pensées, un labyrinthe sombre et tortueux où se mêlent la peur, la rage et la résignation. Je revois les visages de ceux qui sont morts avant moi, leurs yeux remplis de terreur, leurs corps mutilés. Je sens leur douleur, leur désespoir, comme une brûlure lancinante qui me ronge de l'intérieur. Quand, tout à coup, j'entends un garde hurler mon prénom, "209845273654!", me pointant du doigt. Ça y est. Cette fois, c'est mon tour. Les gardes s'approchent de moi, leurs visages impassibles, leurs mains prêtes à me saisir. Mais j'ai déjà commencé à avancer seul. Je n'ai pas besoin qu'ils me poussent, qu'ils me traînent.
Je sais ce qui va m'arriver. Je n'ai aucun moyen de le fuir, alors je l'accepte. Je me suis préparé à cet instant depuis le début. Je reste calme, le dos droit, les épaules relâchées. Je lève la tête au ciel, cherchant une forme de réconfort dans l'immensité du firmament. Mais il n'y a rien. Juste un ciel gris et impitoyable, qui ne me renvoie que mon propre reflet de désespoir. Je ferme les yeux, inspirant profondément, expirant lentement. Je me vide de toute émotion, de toute pensée.
Je suis prêt. Les murs m'écrasent. Enfin, je ressens la douleur de ceux qui sont passés avant moi. Une douleur intense, lancinante, qui me broie les os, me déchire les muscles, me comprime les organes. J'ai l'impression d'être réduit en bouillie, d'être transformé en une masse informe de chair et de sang.

Annotations