Éclat de liberté
Pourtant, au milieu de cette souffrance atroce, je remarque quelque chose. Je regarde en bas. Une vis. Une simple vis, sur le mécanisme de la machine.
Elle est tremblante. Elle vibre sous la pression. Un espoir minuscule, fragile, naît dans mon cœur. Est-ce possible ? Une faille dans le système ? Une chance de survie ?
J´enchaîne les coups, de plus en plus fort, de plus en plus vite. La douleur est insoutenable, mais je la transforme en rage, en détermination. Chaque impact contre la machine est une prière, un cri de révolte. Je ne suis plus 209845273654, le prisonnier résigné. Je suis une force de la nature, une tempête déchaînée. Je puise au plus profond de moi, dans les souvenirs de ma famille, dans la haine de mes bourreaux. Je me souviens du visage de ma mère, de son sourire, de sa voix. Je me souviens du jour où ils m´ont arraché à elle, de sa douleur, de son désespoir. Je me souviens des visages des autres prisonniers, de leur souffrance, de leur courage. Et dans un bruit sourd, enfin, les murs cèdent.
Une fissure apparaît, puis une autre, puis une autre. Le métal se tord, se déchire, cède sous la pression. La machine se disloque, libérant mon corps meurtri. Ni une, ni deux, je me jette sur le premier garde. La surprise est totale. Il n´a pas le temps de réagir.J'empoigne son taser et lui applique au cou de toutes mes forces. Je maintiens le contact, ignorant les spasmes qui me secouent, le choc électrique qui me brûle la peau. Une dizaine de secondes, peut-être plus. Je ne lâche rien.
Puis, je commence à l´étrangler. Mes mains serrent sa gorge, l´empêchant de respirer. Son visage devient rouge, puis violet. Ses yeux exorbités me fixent, remplis de terreur. Il se débat, mais je suis plus fort. Il finit par perdre connaissance, s´effondrant à mes pieds. Quand l´autre garde arrive, il est déjà trop tard. Il me voit debout, au milieu des décombres, le taser à la main, le corps du premier garde gisant à mes pieds. Il hésite un instant. Puis, il dégaine son arme.
Il s´ensuit une longue bataille, brutale et sanglante. Nous nous frappons, nous nous griffons, nous nous mordons. Il est plus fort que moi, mieux entraîné. Mais je suis animé par une rage inextinguible, une soif de vengeance qui me donne des forces insoupçonnées. Je suis prêt à mourir, mais je ne mourrai pas seul. Cependant, avant que je ne le mette KO, il arrive à lancer l´alerte. Le son strident d´une sirène déchire l´air, annonçant ma rébellion. Je sais que des renforts vont arriver, que ma liberté sera de courte durée. Mais pour l´instant, je suis vivant. Et je suis libre.
Le son strident de l'alarme me vrille le cerveau, mais je n'ai pas le temps de m'apitoyer. Je dois agir, et vite. Je me tourne vers mes compagnons d'infortune, leurs visages marqués par la peur et le désespoir. Non, je ne peux pas les laisser sombrer. Pas maintenant.
"Écoutez-moi !" Ma voix, rauque et brisée, résonne dans la salle. "Nous n'avons plus rien à perdre. Ils nous ont tout pris, notre famille, notre dignité, notre vie. Mais ils ne prendront pas notre espoir. Nous allons nous battre. Nous allons nous échapper. Ensemble !"
Je vois une étincelle s'allumer dans leurs yeux. Une étincelle de révolte, de courage, de volonté. Je suis un Ageláda, un survivant. Et je vais les mener vers la liberté.
"Nous allons refaire le chemin en sens inverse", je continue, ma voix gagnant en assurance. "Ils ne s'attendront pas à ça. Nous allons les prendre par surprise."
Ensemble, nous nous mettons en marche. La petite troupe avance, d'abord hésitante, puis de plus en plus déterminée. Les couloirs sombres et froids, témoins de tant d'atrocités, défilent devant nous. Chaque pas est une victoire, une affirmation de notre existence.
Bientôt, nous croisons des gardes. Ils sont surpris, désorientés. Mais ils réagissent vite. Le combat est inévitable.
"Pour nos familles !" Je hurle, me jetant sur le premier garde. Les autres suivent, animés par une force nouvelle. Nous sommes plus nombreux, plus déterminés. Les gardes tombent, l'un après l'autre.
Une force surnaturelle nous envahit, nous pousse en avant. La peur s'estompe, remplacée par une rage froide et implacable. Nous courons, nous hurlons, nous nous battons. Rien ne peut nous arrêter.
Et puis, au bout d'un long couloir, une lueur. Une lumière vive, éclatante, qui tranche avec l'obscurité qui nous a enfermés pendant si longtemps. La lumière du soleil.
Nous accélérons, nos cœurs battant la chamade. La sortie est proche, la liberté à portée de main. Nous courons, courons, courons, et enfin, nous franchissons le seuil.

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