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Le froid fit sortir Clémence de sa torpeur. La nuit était déjà tombée, quelle heure pouvait-il bien être ? Les muscles douloureux, elle renonça à se mettre à quatre pattes et se contenta de rouler jusqu’au bord du lit. Ses pieds trouvèrent la moquette et ses doigts la lumière du lit. Avec dépit, elle constata l’état déplorable de ses bas. La culotte était fichue aussi, elle pouvait jeter le tout et rentrer sans rien sous sa jupe. Heureusement qu'on était en été.

Ça devient une mauvaise habitude. Je vais prévoir des rechanges à force.

Emma et Gregory s’étaient enfuis sans la réveiller, mais c'était difficile de leur en vouloir. La télécommande rose et les menottes étaient sagemment posées sur le petit bureau à côté de la chaise sur laquelle reposaient ses vêtements. Retrouvant son portable dans la poche de sa veste, Clémence constata l’heure avancée. Elle grimaça en enlevant le mode avion pour être instantanément pilonnée par les SMS et appels manqués d’Axelle.

Ouille.

Elle répondit au dernier message par un laconique « Je n’avais plus de batterie, je reviens dans une heure maxi. » en se débarassant de ce qui restait de ses dessous à la dérive. Ces derniers bien rangés dans la poubelle de la salle d'eau, elle se glissa sous la douche pour éliminer l’odeur de Gregory et surtout celle de sa propre luxure. Même si Axelle était sous-expérimentée, elle était loin d’être idiote.

Une fois rafraîchie, elle réenfila ses vêtements, rangea la télécommande et les menottes dans son sac, puis éteignit la minuscule caméra qui s’y trouvait. Faire un trou dans un sac neuf lui avait déchiré le cœur, mais c'était une nécessité pour que son plan fonctionne. En acceptant d'arriver après le couple pour les rassurer, elle avait su dès le départ qu'elle devrait amener l'appareil avec elle au dernier moment et c'était la seule solution discrète à sa disposition.

Désolée Monsieur Vernier, je n’ai pas pu respecter les règles de notre accord.

Un mot laissé sur le bureau attira son attention. « Gregory et Emma » suivi de leurs deux numéros. Elle l’écrasa dans sa paume et il rejoignit les dessous inutilisables. Ils ne s’en rendaient pas encore compte, mais le couple était un fusil qui ne pouvait tirer qu’une seule cartouche. Clémence avait été le trop-plein de poudre dont ils avaient cru avoir besoin, mais à présent la culasse était fichu. Emma avait surpassé sa jalousie, elle n'avait plus aucun intérêt pour Clémence. La confrontation entre sa possessivité maladive et son besoin de s'abandonner à la luxure ne serait plus jamais aussi forte. Une fois que le désir l’avait emporté, c’était définitif. Il vous changeait à jamais.

Emma et Gregory avaient joué leur rôle. C’était le tour de l’enregistrement.

Un autre message l’attendait sur son téléphone, une demande de paiement via l’application très privée des Vernier. La question posée était simple : « Êtes-vous comblée ? ». Avec une pointe d’acidité à l’estomac en songeant à la somme en jeu, Clémence appuya sur « oui », délivrant l'autorisation de prélèvement à l'agence.

Non, elle n’était pas comblée. Pas encore. Mentir aux Vernier était une étape nécessaire de son plan pour accéder à son objectif. Si elle réussissait, alors oui, peut-être qu’elle sentirait ce poids s’envoler de ses épaules et son ventre se dénouerait enfin.

De retour à l'appartement, Axelle l’accueillit en se collant à elle, comme le chaton qu’elle était.

— J’ai eu peur qu’il te soit arrivée quelque chose ! lui reprocha-t-elle.

Après leur agression, Clémence s’en voulut de lui avoir imposé une nouvelle frayeur. Évidemment, la petite blonde ne lui en voulait même pas, elle était juste soulagée de la voir rentrer saine et sauve.

Tu aurais toutes les raisons, pourtant.

— Vraiment désolée, j’ai eu toutes les peines du monde à trouver un endroit où recharger.

— Tu avais laissé le GPS allumé ?

— Et le bluetooth…

— Comme d’habitude, roupesta Axelle en se séparant d’elle.

Clémence la regarda s’éloigner vers la cuisine. L’appartement était rempli des odeurs de cuisine, de l’odeur d’Axelle et du sentiment amer de sa culpabilité présente et de celle, bien pire encore, qui était à venir.

— Vraiment navrée, Chaton.

— Comment tu m’as appelée ?

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