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La maison était grande, mais ce n’était pas ce à quoi Clémence s’était attendue. Elle avait imaginé un manoir comme celui de Bruce Wayne, pas un pavillon cubique recouvert de baies vitrées fumées.

Le chauffeur referma la portière derrière elle. Lorsqu’il s’était engagé à travers bois, Clémence devait admettre qu’elle avait cru sa dernière heure venue. Elle le salua avec un sourire d’excuse pour l’avoir imaginé en train de creuser une tombe dans les sous-bois, puis gravit les marches jusqu’au perron. La porte s’ouvrit sur Axelle.

— Bonjour Clémence. Je n’étais pas sûre que tu viendrais.

— Bonjour… j’étais persuadée qu’un majordome allait m’ouvrir.

Axelle laissa échapper une grimace.

— Tu as appris pour l'argent, alors. Entre, l’invita-t-elle en se décalant, il n’y a que moi ici.

La maison tout entière semblait envahie de son parfum. En découvrant la maison aussi moderne qu'austère, Clémence se rendit compte qu’une énorme part de sa compagne lui avait échappé. Elle semblait différente dans cet environnement. Plus sûre d’elle. Plus dure aussi.

— J’avais imaginé une grande maison familiale pleine d’histoire, hasarda Clémence en découvrant l’intérieur.

— Elle existe.

— Tu n’y vis pas ?

— Ce n’est pas parce qu’une prison est spacieuse ou bien décorée qu’on a envie d’y emménager, répondit sèchement Axelle.

Alors qu’elle la guidait vers un immense salon, Clémence en profita pour détailler sa tenue. Sous la coupe de cheveux qu’elle lui avait volée, elle portait une chemise mauve qui se perdait dans une jupe haute gris sombre. Une tenue de working-girl. C’était comme si ces dernières semaines, tout s’était inversé, jusqu'au fait de venir à la rencontre en était convaincue qu'elle la rejetterait.

Clémence accepta de s’asseoir sur l’un des deux canapés géants et Axelle se plaça debout face à elle, de l’autre côté de la table basse sur laquelle un plateau d’argenterie proposait un déraisonnable assortiment de macarons. On avait déjà picoré dedans. Finalement, certaines choses ne changeaient pas. En-dessous, un papier déchiré portait une suite de chiffres manuscrits.

— J’ai regardé la vidéo, déclara Axelle.

— En entier ?

— En entier.

Bon, voilà.

La sentence arrivait. Les mains croisées sur ses cuisses dans une pathétique caricature de Madame Vernier, Clémence serrait si fort l’une de ses manches que le tissu s’en plaignit en craquant légèrement.

— Et donc ? encouragea-t-elle Axelle.

— Donc c’est à mon tour de te montrer quelque chose, déclara la petite blonde en se dirigeant vers une peinture.

Elle la fit pivoter et révéla un petit coffre encastré dans le mur. Clémence s’attendait à la voir l’ouvrir, mais elle n’en fit rien. À la place, elle vint s’asseoir sur le canapé libre et attendit. Le regard de Clémence se reporta sur les chiffres devant ses genoux.

— Oh !

— Tu as le choix, la prévint Axelle, mais si tu l’ouvres, tu ne pourras plus jamais me regarder comme avant.

— Je doute que tu aies pire à cacher que moi, se vanta Clémence.

Axelle ne répondit pas. Son regard dégagé était comme un gouffre vert qui empêchait la jeune femme de penser. Elle s’en détourna et trouva la force de se relever, le morceau de papier à la main. À sa grande déception, le coffre n’avait pas de molette à tourner mais un clavier. Elle y tapa le code et un cliquetis lui apprit qu’il avait été accepté. La porte se débloqua d’elle-même, l’invitant à découvrir le contenu en la poussant de côté.

Des dossiers, encore, et un objet cylindrique enrobé de tissu. Clémence ramena son trésor sur la table. Jusque-là, ce n’était rien de si horrible. Le dossier était une archive de la police, la même que celle des Vernier. Clémence cligna des yeux, s’interrogeant sur la façon dont les gens obtenaient ce genre de chose.

— C’est mon oncle, expliqua Axelle.

— Oui… je m'en doutais.

— Tu veux savoir comment il a été blessé ?

— Je suppose que ça a un rapport avec toi ?

— Quand mon père a eu son cancer, son frère m’a recueillie et de mes huit à mes douze ans, il a abusé de moi. Ça, c’est ce que je t’ai dit.

— Ce n’était pas vrai ?

— Si, mais un homme comme lui, tu crois qu’il aurait juste arrêté comme ça ?

Clémence réfléchit. Elle s’était dit qu’Axelle était devenue trop âgée pour lui, mais en observant le corps menu, les membres fins et le visage de poupon, elle comprit qu’elle s’était méprise. Jamais il n’aurait arrêté.

— Entre autres choses, ma famille possédait une usine de couture avant que le secteur ne décline. Il adorait m’emmener là-bas. Son bureau n’avait pas de fenêtre et l’idée de le faire à quelques pas de ses employés devait l’exciter.

— Tu n’es pas obligée de…

— Tu sais à quel point c’est acéré, un couteau de couturière ?

— Tu l’as attaqué ? C’était toi ?

— Attaqué ? Si on veut.

Axelle poussa l’objet cylindrique dans sa direction. Au son qu'il faisait, il semblait en verre. Clémence le déballa et découvrit un couvercle en métal rouillé. À l’intérieur, une masse se lovait en demi-cercle dans sur le fond. Lorsque Clémence comprit de quoi il s’agissait, elle faillit le lâcher. L’objet retrouva la table en tintant sous sa main tremblante. Le ciseau de couturière, les assauts répétés, le rapport de police, tout se mélangeait dans sa tête. Aucune combinaison ne lui convenait.

— Ce n’est pas ce que je crois, si ?

— C’est précisément ce que tu crois. À l’hôpital, ils n’ont pas cru à l’accident. Elle avait été coupée bien trop à ras, sans autre blessure. Le genre de chose qui n’arrive que si on est en érection, le sexe complètement exposé. Usine ou pas, c’était louche alors ils ont appelé la police.

— Tu n’as pas eu d’ennuis ?

— Ils ne m’ont jamais suspectée. Ils pensaient à une maîtresse en colère ou à une affaire d'argent.

— Mais ton oncle, il ne t’a pas dénoncée ?

— Et il aurait expliqué ça comment ? Après l’avoir coupée, je l’ai cachée et je suis revenue avant que l’ambulance n’arrive. Pendant qu’il se tordait de douleur, je lui ai donné un choix : récupérer ça ou garder sa réputation.

— Ne me dis pas que…

— Il a choisi de garder sa réputation. Plutôt que son truc. C’est drôle, non ?

— Mais pourquoi l’avoir gardée ?

— C’est une preuve.

Clémence était perdue.

— C’est du formol ?

— Oui.

— Comment tu as eu un truc pareil ?

— Je l’ai fabriqué. Tu serais étonnée de savoir tout ce qu’une petite fille déscolarisée peut apprendre seule dans une bibliothèque privée, quand personne ne la surveille.

— Et tu l’as gardé tout ce temps. Tu voulais le faire chanter ?

— Mon silence contre ses parts. Il restait directeur de la société et gardait une partie de ses biens, mais il me cédait tout ce qui était relatif à la société familiale à ma majorité. Il a signé tous les papiers nécessaires pendant sa convalescence, ce sont ceux qui sont devant toi.

— Tu l’as ruiné.

— Et j’ai obtenu sa garçonnière comme lieu de résidence, avec une tutrice et le droit de retourner à l’école. Mais ça ne me plaisait plus tant que ça, alors j’y ai renoncé.

— Pourquoi tu me dis tout ça ?

— Tu as été totalement honnête avec moi, tu m’as donné toutes les raisons de te détester et une arme pour te faire du mal. J’aurais pu mettre ta vidéo en ligne et envoyer un lien à tous tes proches. On voit très bien ton visage.

Clémence sentit le sang quitter son visage. Elle n’avait pas pensé à ça.

— Alors je me suis demandée « pourquoi est-ce qu’elle fait ça ? ». Moi à ta place, je n’aurais rien dit. Ensuite, j’ai compris que tu ne voulais pas seulement que je rompe, tu voulais que je te déteste. Tu étais prête à risquer gros pour ça.

— Ce n’était pas ce que je voulais…

— J’ai vu la façon dont tu te nourrissais de sa souffrance. Cette femme que tu avais attachée au pied du lit. Tu avais prévu de me faire la même chose ?

Incapable de répondre, Clémence hocha la tête.

— Et tu as fait cet enregistrement dans ce but ? Il est daté de deux mois avant notre baiser.

Nouveau hochement.

— Tu sais pourquoi je me suis enfuie ? reprit Axelle. Le jour où je t’ai embrassée, je veux dire.

— Je suppose que tu as eu peur.

— J’avais honte. Honte de mon désir et peur de te faire du mal.

C’était le monde à l’envers. Elle, lui faire du mal ?

— Et surtout, continua Axelle, tu m’as dit que tu m’aimais, ce jour-là. C’était la première fois.

— Quoi ?

Axelle écarquilla les yeux et sa voix trahit la fragilité de son apparente résolution :

— Tu ne t’en rappelles pas ?

Le film de cette soirée maudite repassa en accéléré. Elle l’avait dit.

— Si, je l’ai dit mais… je ne pensais pas que tu m’avais entendue. C’est juste sorti comme ça, c’était irréfléchi.

— Tu le pensais ?

— Oui.

— Et maintenant ? demanda Axelle en montrant les preuves étalées sur la table.

Tout en esquivant le regard immensément vert, Clémence observa l’attitude d’Axelle. Sa dureté était celle du cristal. Un choc mal placé et elle se briserait en mille morceaux.

— Tu es toujours toi. Peu importe tout ça, j’ai appris à connaître la vraie Axelle. Personne ne peut faire semblait aussi longtemps.

La petite blonde se leva et contourna la table pour venir se placer à côté d’elle sans s'asseoir. C’était étrange de voir Axelle la surplomber, pour une fois. Son parfum suave emplit l’espace autour de Clémence, elle le respira comme si c’était celui de l’ambroisie. Le séjour au Mont Olympe pouvait s’achever à tout instant, mieux valait en profiter tant qu'il durait.

— Je pourrais en dire autant, souffla Axelle. Toi aussi, tu m'as montré la vraie toi en te retenant tout ce temps.

— Ça n’a rien à voir. Tu t’es seulement défendue, alors que je cherchais à te blesser.

— Défendue ? ricana Axelle. Je l’ai dépouillé. La rente qu’il m’a versée durant des années pour me faire taire, je l’ai touchée intégralement à mes dix-huit ans et je m’en suis servie pour racheter discrètement toutes les parts de la société. Les hommes qui se croient intouchables ne font jamais attention aux détails. Ça m’a pris des années pour grapiller action par action, pour racheter sous des prête-noms et des holdings, mais j’ai rassemblé la totalité du capital. Comme il m’avait cédé ses propres parts, mon cher oncle n’avait déjà plus la main sur le conseil des actionnaires, mais à présent c’est moi seule le conseil des actionnaires. Presque dix ans à réinvestir chaque centime dans le rachat, et devine qui va devenir la nouvelle directrice générale ?

— C’est… tu travailles dans l’associatif.

— Je finance de l’associatif, nuance. J’ai terminé le rachat il y a trois ans, qu’est-ce que j’aurais pu faire de tout cet argent qui arrivait sans fin ?

— Et ton oncle ?

— Pré-retraite, s’il se tient tranquille. L’époque n’est plus vraiment à la compréhension pour les hommes dans son genre. Il tenait à sa tranquillité et il s’est laissé limoger sans histoire. Il habite dans une vieille résidence secondaire dans le sud, avec une équipe de deux gardes du corps payés par mes soins, pour veiller à ce qu’il ne recommence pas.

— La vache…

— Je suis toujours une victime qui n’a fait que se défendre, selon toi ?

Bouche bée, Clémence ne reconnaissait plus celle qu’elle avait considérée comme une proie naturelle. Pour n’importe qui. Elle ne l’avait pas seulement blessée, elle l’avait surtout sous-estimée.

— Non, tu es une survivante. J’ai encore plus envie de toi maintenant.

— Alors accepte le poste.

— Pardon ?

— De directrice générale.

La conversation tournait à la farce.

— Mais… c’est toi la directrice !

— Je suis la PDG Clémence, mais pour être honnête je suis dépassée. Et je n’ai confiance en personne, sauf en toi.

La tête de Clémence lui tournait.

— Je vais te faire du mal.

— C’est déjà fait.

— Alors pourquoi tu en redemandes ? demanda-t-elle d'une voix tremblante.

Le visage d’Axelle se rapprochait dangereusement du sien, ses mains se posèrent sur le dossier du canapé, comme pour l’empêcher de s’enfuir. La roue avait tourné et c’était Clémence qui se retrouvait sous ses lèvres offertes. Consciemment ou non, Axelle avait reproduit la même scène que dans leur appartement. Seulement Clémence n’était pas Axelle, elle lui déroba un baiser sans la moindre hésitation, glissant sa main derrière sa nuque pour l’emprisonner à son tour. Leurs lèvres se pressèrent les unes contre les autres et la bouche d’Axelle s’ouvrit. Lorsqu’elles se séparèrent pour reprendre leur souffle, la petite blonde lui souffla :

— Si tu m’acceptes comme je suis, je prendrai tout de toi.

Clémence ne sut quoi répondre. Aucun de ses plans ne fonctionnait avec Axelle, elle laissa toutes ses résolutions de côté et attira son corps contre elle. En réaction, son amante posa un genou sur le canapé, tirant sur sa jupe crayon jusqu’à la faire remonter contre sa cuisse. L’image était délicieuse, les lèvres sucrées tout autant.

Son autre main glissa sur le dos d’Axelle et celle-ci se laissa tirer en avant, positionnant son autre cuisse par-dessus celles de Clémence pour la chevaucher. Cette dernière passa ses mains sur le tissu rêche de la jupe pour le faire glisser sur ce qui restait de cuisses à découvrir, pendant qu’Axelle s’attaquait à la ceinture de la robe portefeuille de Clémence. Leurs peaux se rencontrèrent, brûlantes du même désir de l’autre.

— Je l’ai regardée encore et encore, tu sais. Je t’ai regardée te donner à lui.

Clémence sentit une boule se former dans sa poitrine. La culpabilité se mêlait au désir pour l’amplifier.

— Je voulais être à sa place. Être lui, que tu me fasses les mêmes choses.

La boule douloureuse explosa sous l'effet du désir.

— Répète ça ? murmura-t-elle.

— Je voulais être à sa place et que tu me fasses ce que tu lui faisais. Que tu me laisses te faire les mêmes choses.

C’était ça : ce regard tourné vers l’objet d’un désir inaccessible. Mais cette fois, c’était vers elle qu’il était tourné. Les mains d’Axelle s’engouffrèrent sous les pans de sa robe en l’écartant doucement à mesure qu’elle caressait son ventre, puis ses côtes.

— Tu as maigri, remarqua-t-elle.

— Régime vanille-caramel-pécan, se justifia Clémence.

— Quelle andouille…

La réponse de Clémence fut étouffée par des lèvres chaudes. Elle se dégagea les épaules de sa robe et se laissa faire lorsqu’Axelle lui enleva sa brassière. La bouche ronge trouva son cou, son épaule, puis sa poitrine, son sein, son téton. Chemin prévisible, mais au combien désiré.

Clémence bataillait avec les boutons de la chemise d'Axelle, elle finit par tirer dessus sous l’effet de la frustration et ils volèrent dans toute la pièce. Surprise, Axelle laissa échapper un petit cri avant de glousser pour revenir l’embrasser. Clémence l’entraîna jusque sur le tapis, repoussant le canapé d’une main tandis qu’elle s’allongeait sur elle, les cuisses d’Axelle accueillant ses hanches. Elle déposa une cascade de baisers sur le ventre légèrement rebondi, puis sur les cuisses blanches.

Les mains d’Axelle fouillaient ses cheveux courts et s’y accrochaient lorsqu’elle s’aventurait trop près des zones les plus intimes. Clémence agrippa la culotte qui affleurait sous la jupe et la fit lentement glisser jusqu’à ce que la petite blonde soulève légèrement les hanches, mouvement ô combien sensuel qui l'encourageait à continuer, à avancer plus loin dans l’intimité de son amante.

La toison blonde était aussi sauvage que l’avait été la chevelure, ce qui arracha un sourire à Clémence. Elle l’embrassa, puis laissa ses lèvres reculer lentement jusqu’à trouver la chair brûlante, dans laquelle sa langue s’enfonça avec douceur. Axelle s’arqua si fort que son corps quitta le sol de la chute de reins jusqu’à son crâne. Si sa bouche était sucrée, son sexe était délicieusement salé. Clémence s’y engouffra, écartant les lèvres humides jusqu’à trouver la perle gonflée de désir.

Sans pitié, elle s’acharna dessus, jusqu’à ce que les gémissements d’Axelle deviennent des râles. Elle avait faim d’elle, mais elle voulait plus. Se dégageant de son giron, elle reprit sa progression vers le nombril sans oublier de caresser et embrasser la peau tremblante sur son passage.

— J’aurais voulu que ce soit toi, souffla-t-elle entre deux baisers.

— Quoi ?

— À la place de Gregory, pendant qu’il me baisait. J’aurais voulu que ce soit toi.

Axelle releva la tête alors qu’elle arrivait à son niveau et Clémence se perdit dans les yeux verts. Le visage constellé de tâches brunes se porta à sa rencontre pour un baiser sucré-salé. Dieu que ces lèvres étaient douces ! Les doigts de Clémence trouvèrent le sexe abandonné et le caressèrent en lents va-et-vient de haut en bas. Plus timide, la main d’Axelle cherchait son ventre et buttait contre la couture de son tanga. Clémence comprit que la différence de taille jouait contre elle et la laissa rouler sur elle. De nouveau, Axelle la domina et en profita pour retourner à l’assaut de sa poitrine dévoilée, tandis que ses doigts trouvait le tissu du sous-vêtement et s’y infiltraient enfin.

La peau nue du mont de Vénus réagit à son contact comme si les doigts d’Axelle étaient en feu. Ils descendaient toujours plus bas sans rencontrer la moindre résistance, jusqu’à passer l’angle arrondi pour trouver son sexe inondé de désir. La petite main s’enfonça entièrement sous le tanga, le déforman jusqu'à enfoncer la couture du tissu dans le haut de ses cuisses relevées par le plaisir.

Inexpérimentée, Axelle imita les mouvements de Clémence, allant jusqu’à caler son rythme sur le sien. Avec ses lèvres rondes, la petite blonde s'acharna sur le même téton jusqu'à rendre la torture aussi exquise qu'insupportable. Sous les contorsions de Clémence, elle finit par changer de victime et la lente séance de torture recommença de zéro, tandis que le rythme des caresses s’intensifiait. Du clitoris sur lequel ils appuyaient doucement, les doigts d'Axelle descendaient ensuite jusqu’à la naissance du vagin contre laquelle ils poussaient sans la pénétrer pour de bon.

N'y tenant plus, Clémence se redressa pour trouver la bouche de son amante. Axelle accepta ses lèvres et ouvrit les siennes. Leurs langues se touchèrent, puis s’épousèrent. Entre deux baisers, Clémence chuchota :

— Je voulais que ce soit toi. Et maintenant que c’est toi, je ne veux personne d’autre.

Incapable de retenir son plaisir, Axelle se cabra. Pétrifiée dans un cri muet, elle resta plusieurs secondes à la merci de Clémence qui ne lui offrit aucun répit, cherchant à démultiplier l’orgasme qui se déchaînait dans ce corps qui pesait sur elle. Les doigts d’Axelle entrèrent en elle en tremblant des spasmes de leur propriétaire et la vague laminaire que Clémence n’espérait plus la submergea sans prévenir. Avant même d’atteindre le sommet, elle sut que ce serait pire qu’avec Karima. Meilleur qu’avec Grégory. Ce serait plus fort que jamais, parce que c’était elle.

Le visage d’Axelle retomba contre son épaule, mais Clémence n’était déjà plus là. Elle se tordait sous les vagues de plaisirs qui parcouraient son corps et son esprit. Le placard sombre s’ouvrit violemment et Jérémy fut aspiré par un flash lumineux en même temps que Rose et l’anonyme petit copain. Il ne restait qu’elle, simple spectatrice, et Axelle qui se donnait corps et âme à une inconnue. Clémence s’avança, mais lorsqu’elle tenta de repousser l’indésirable, elle vit son propre visage.

La pression de lèvres lui fit reprendre connaissance. Axelle l'arrosait de baisers.

— Je t'aime, annonça Clémence. Je crois que je t'ai aimé dès le début.

— Je t'aime aussi, rétorqua Axelle.

— J'aime ta nouvelle coupe, aussi, ajouta-t-elle en caressant les cheveux blonds.

Un silence de plomb s'intaura lorsqu'Axelle se mordit la lèvre, les yeux posés sur ses cheveux en pétard après leurs ébats. Clémence soupira :

— Ça va repousser.

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