Natacha

4 minutes de lecture

Je n’ai jamais été aussi heureuse d’entendre la sonnerie ! J’ai vraiment failli faire une bourde là ! Embrasser Jonathan alors que… Merde voilà Virginie... Je tente de lâcher sa main mais la pression qu’il vient d’y ajouter me convainc de ne rien faire. Je hausse les épaules et laisse faire. Virginie lui lance son sourire mille mégawatts sûrement breveté par une grande société d’électricité nucléaire avant de perdre relativement la moitié de son éclat lorsqu’elle aperçoit nos mains jointes. J’ai malgré moi un sursaut d'orgueil et bombe la poitrine.

Prends ça dans les dents Miss Bimbo !

Complètement d’accord.

L'après-midi passe… Durant les cours, où je n’arrive absolument pas à me concentrer - après tout je ne suis pas là pour ça, je l’ai moi mon bac - j’essaie de trouver un moyen d’avoir plus d’infos sur ce potentiel traffic lorsqu’une phrase de Stev me revient à l’esprit : “de toute façon tout est numérique ici ma chérie… Tu ne trouveras rien sous format papier…”. Mon petit geek a su trouver le dossier scolaire de Nathan… Reste à savoir comment… De plus, il semble avoir accès à des infos particulières...

Brrrr…. Brrrrr

Tiens, quand on parle du loup… Enfin, quand on y pense…

Un message de Steven.

{ On se fait un film ce soir ? Un Miyazaki ! Vient je suis sûr que tu vas l’a-do-rer ! Passe le message à Jo stp, je n’ai toujours pas son num comparé à toi… XD }

Je soupire, je ne sais si c’est d’exaspération ou autre… Plus qu’une demi-heure et ce sera l’étude. J’en parlerai à Nathan à ce moment-là.

Après le repas que nous avons pris à la cafétéria dans une ambiance bonne enfant, je monte directement avec Steven dans son appartement. Jo va quand à lui déposer ses affaires et nous rejoint ensuite.

La chambre de Stev est cosy : sur son lit une place est posé un plaid de couleur bleu ciel avec un énorme oreiller à mémoire de forme. Sous l’unique fenêtre se trouve son bureau avec sa bibliothèque et sa lampe de travail. Monsieur s’est fait installer un tapis vert émeraude qui fait pratiquement toute la surface de la pièce où il est strictement interdit d’y mettre ses chaussures ! Sur celui-ci trône divers coussins qui font de sa chambre un endroit vraiment confortable pour discuter.

Pour ce soir, il dispose trois oreillers en cercle autour de son ordinateur pour l’instant éteint. Il a une mine soucieuse.

Tu n’aurais pas oublié une chose toi ?

Merde ! Mon plan d’attaque pour ce matin ! Bon. Reprends toi. Tu n’as qu’à improviser c’est aussi pour ça que Patrick te paie !

  • Alors mon petit chat… Tu n’as rien à m’avouer ?
  • Mmmhh… Non pas vraiment pourquoi ? je lui réponds, la mine innocente.
  • Arrête ! rigole-t-il, je sais que tu me caches des choses et crois-moi que je réussirais à trouver ce que c’est ! Je ne paie pas mes cours d'informatique aussi cher pour des prunes !
  • D’ailleurs… Pourquoi fais-tu ça ? Je veux dire… On a aussi des profs géniaux ici pourquoi payer quelqu’un de l’extérieur ?
  • Il y a des choses qu’un professeur honnête ne peut apprendre à ses élèves. Mais ne change pas de sujet tu veux…

Jonathan entre à ce moment-là, un petit air triomphant sur le visage. Il semble avoir compris qu’il a coupé court notre conversation. Je suis soulagée : je sais que Stev peut se montrer très persuasif. Il va vraiment que je trouve autre chose que l’histoire de ma copine universitaire… En attendant...

  • Eh bien ! Tu m’as l’air heureux dit donc… se moque Stev.
  • Disons que je viens de rabattre le caquet à Miss Bimbo.
  • À qui ?
  • À Virginie Stev… Au fait, je ne t’ai pas remercié pour cet après-midi. Merci.
  • Bof… Pas de quoi Nat ! Elle est allée trop loin…
  • Qu’est-ce qu’elle t’a encore fait ?

Le ton de Steven est tranchant, limite menaçant. Note à moi-même : prévenir Nathan au plus vite que le sujet Virginie est douloureux pour Stev.

  • Rien mon chat, t’inquiète…
  • Non Nat, vu l’impact qu’a eu ses paroles sur toi, tu ne peux pas dire rien.

Je fusille Jonathan du regard espérant le faire taire. Mais c’est peine perdue et il se lance dans le récit de ce qui s’est passé un peu plus tôt. Le visage de Steven devient de plus en plus grave et il émet un sursaut lorsqu’il entend le mot “pute” et me regarde avec un air indéchiffrable.

Étrange. Est-ce que par hasard …

Non, impossible. Cela remonte à trop longtemps. Même en fouillant, je suis pratiquement sûre que Loïc a effacé toutes ces horreurs. Enfin, j’espère.

  • Cette garce n’en rate pas une ! C’est aussi de ma faute si elle s’en prend à toi mon chat…
  • Taratata ! Je suis une grande fille ! Bon on se le met ce film ou on attend le déluge ? Allez ! Un à gauche, un à droite ! On regarde quoi ?
  • Le Château Ambulant. Tu vas adorer tu verras.

Les garçons s’installent près de moi et Steven lance la vidéo. Étrangement, je me sens bien là, assise entre ces deux lycéens, en ne pensant à rien d’autre qu’à regarder un film avec mes amis, libre et détendue.

Exactement ce que tu n’es pas.

Quoi ?

Libre...

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