Jonathan

3 minutes de lecture

Il fait assez noir : la pièce est faiblement éclairée par des néons et des tubes bleus. Les rideaux à l’unique fenêtre sont épais et tirés. Deux ventilateurs sont placés dans les angles. Dans le couloir d’entrée se trouve la kitchenette composée de deux plaques de cuisson électriques, un micro-onde et un mini frigo.

Je m’avance un peu plus et commence à entendre le ronronnement des ordinateurs. Contre le mur se trouve une table sur laquelle sont posés quatre écrans, deux verticaux et deux horizontaux, pour le moment noirs. Une énorme centrale customisée dans le style gothique (tête de mort et faucheuse) trône sur une espèce de pilier. J’aperçois un onduleur sous la table.

Juste à côté, sur les placards encastrés, trois ordinateurs portables de gamer éclairent de rouge le plafond bas, posés sur des ventilateurs extérieurs et prêts à l’emploi. J’aperçois une myriade de fils et de câbles escaladant les murs dans un ordre digne d’une centrale électrique. Je tombe dans son canapé qui semble avoir cinquante ans et bute sur quelque chose de dur contre mon dos. Je jette un œil derrière pour y découvrir un cimetière d’ordinateurs.

  • Pour les pièces de rechange... La salle de bain et les toilettes sont au fond. Si tu veux prendre ma chambre pour dormir, pas de problème, je pionce avec mes ordis de toute façon. Je fournis pas la bouffe, Mac Do est juste à côté. J’ai du taf.

Clair, net, précis. Il allume sa centrale et pianote un nombre incalculable de mots de passe. Diverses données apparaissent sur les écrans… Je me tourne vers Steve.

  • Tu vas faire quoi ?
  • Je dois mettre à jour mon blog… Tu veux voir ?

Il s’installe près de l’un des ordis portables et se connecte. Le blog de Riven : fait divers et autres trucs de gamins de riches. Intéressant. Un blog pour dénoncer les frasques des enfants des hautes classes sociales. J’adore l’intitulé.

  • Natacha le regardait cette semaine, je me demande bien pourquoi…
  • Vraiment ? Elle savait qu’il était de toi ?
  • Faut croire que non… Elle a été surprise de l'apprendre, crois-moi ! Comme je le lui ai dit, il m’a fallu trouver un défouloir pour déverser ma haine : je l’ai donc créé. J’ai bien envie de le remettre au goût du jour : ça va faire bientôt deux ans que je n’ai pas nourri mon bébé.
  • Attends, c’est quoi ça ?

Je pointe le doigt sur l’un des articles, reconnaissant le nom de Brandon. Incroyable : Steven a réussi à mettre la main sur mon histoire !

  • Tu veux le nom de la victime ?
  • Tu le connais ? Sans blague !
  • Et intimement même… Vu que c’est moi.

Steven ouvre de grands yeux ronds : à croire qu’il n’en revient pas. Les Vollaire ont tout fait pour acheter notre silence à ce moment-là et comme nous avions besoin d’argent non seulement pour mes frais d’hôpitaux mais aussi ceux de maman, personne n’a protesté pour le dessous de table assez juteux à l’époque. Je ne donne pas de détails à Stev : il y des choses que je préfèrerais oublier.

  • Tu as d’autres trucs sur lui ? Ou sur Vincent peut-être ?
  • Pour Vollaire regarde par toi-même…, me répond-il en pointant un autre ordinateur. Pour Vincent, je vais justement enquêter...
  • Vas-y montre, ça m’intéresse aussi…

Je revois la lueur dans les yeux de cet enfoiré lorsqu’il attendait Nat, planqué près de l’infirmerie.

  • Stev, marmonne Kramer dans sa barbe, ne lui montre pas les adresses s’il te plaît...
  • Aucun problème.

Steven me demande de me détourner de l’écran : je n’ai que le temps de voir qu’il agrandit la fenêtre de l’ordinateur de sorte que la barre de recherche soit complètement invisible.

- C’est bon tu peux regarder.

Il tape tellement vite que je peine à suivre : la seule chose que je comprends c’est que nous ne sommes plus sur des moteurs tels que Google ou Yahoo…

  • Pour faire simple, je suis sur une interface qui a enregistré tout mais absolument tout ce qui est dit, écrit ou posté sur le net. Même le plus insignifiant post facebook qui n’a pas été publié, du moment qu’il a été écrit je peux le retrouver.
  • Waouh. C’est… flippant.
  • Tu peux le croire. C’est incroyable ce qui peut être découvert. Voyons voir ce que je peux trouver sur notre cher Vincent.

Il se met à nouveau à taper frénétiquement sur le clavier, ouvrant et fermant des fenêtres à une vitesse incroyable. Photos, discussions, vidéos… Toute la vie virtuelle de Vincent passe sous mes yeux. Une discussion Insta entre Brandon, Vincent et deux autres gars apparaît sous nos yeux parmi les dernières connexions Internet… À propos de marijuana, d’une fête… et de moi.

  • Non… Attends une minute… Nathan ? Tu peux m’expliquer ?

Et merde...

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