Jonathan

4 minutes de lecture

Merde…

La conversation est plus qu’explicite… Elle parle de fête, de marijuana à livrer et du fait que je dois être présent car nouveau dans le business.

Quelle belle bande d’idiot ! Tout mettre comme ça sur Instagram ! Donne l’adresse tant que tu y es !

Steve me regarde fixement, attendant mes explications. Je ne sais pas quoi lui dire… Encore moins ce que je dois lui avouer. Vite. Une idée.

  • J’attends.

Steve est de plus en plus tendu. Tant pis. Va pour une partie de la vérité.

  • Tu sais que j’ai fait de la tôle pour trafics, n'est-ce pas ? Il acquiesce. Ben disons que j’en dois une aux flics qui me demande parfois d’être un indic.

Les yeux de Steven s’agrandissent au point que j’ai l’impression qu’ils vont sortir de leurs orbites.

  • Et donc ? Tu vas les faire tomber ?
  • En quelque sorte. Mais il faut les prendre la main dans le sac.
  • J’en suis.

Je ne m’attendais pas à celle-là. Comment je vais me tirer de ce pétrin ? Stev est tout sauf discret avec la couleur de ses cheveux. Il m’a l’air cependant très déterminé. Je me demande pourquoi.

  • Pourquoi ?
  • Pourquoi ? Pour ouvrir les yeux de Virginie, pour voir ce trou du cul de Vincent menotté, pour nourrir mon bébé… Il te faut d’autres raisons ?
  • Excuse-moi mais… Tu es tout sauf discret sans vouloir te vexer.
  • Kramer ?
  • Salle de bain comme d’habitude.
  • Attends-moi là.

Je n’ai pas très bien compris ce dernier échange.

  • Prépare-toi à être choqué mon vieux, me lance Kramer, un demi-sourire en coin. Au fait… Je maintiens ce que j’ai dit… Chez moi il n’y a rien. Clair ?
  • Comme de l’eau de roche.

Stev réapparaît une demi-heure plus tard. Je peine à le reconnaître. Il a troqué ses vêtements colorés et son sempiternel jean pour un ensemble jogging de marque et un débardeur. De plus, il a teint ses cheveux en un marron chocolat, ce qui lui donne un air plus méchant. Des lentilles d’un vert émeraude rehaussées d’une paire de lunettes complètent le tout. Il est méconnaissable. Il a même rangé sa gay attitude au placard.

  • Bluffant...

C’est tout ce que je trouve à dire.

  • Déguisé comme ça, je ne suis plus Steven mais Riven. J’ai presque envie de dire qu’en fait c’est Riven qui est déguisé en Steven mais bon.

Ces dernières paroles me laissent dubitatif. Qui est le vrai Steven ? La personne que je vois en face de moi est déterminée et confiante. Une vraie icône de mode…

  • Ne me regarde pas comme ça ! rigole-t-il. Tu as en face de toi le vrai Steven, l’autre ce n’est qu’une façade, un personnage créé de toutes pièces pour énerver mon entourage. Mais je dois t’avouer qu’il commence à me peser lourd… Je préfère de loin être Riven !
  • Je ne sais pas exactement lequel je préfère moi… Riven risque de me faire de l’ombre après tout !

Je repère l’éclat de malice dans les yeux de Stev et je sais qu’il n’est pas aussi changé que cela.

  • Bon c’est quoi le plan ?

En voilà une bonne question… C’est quoi le plan ? Déjà, il faut nous rendre à l’adresse indiquée, après… Après on verra. Je ne sais vraiment pas ce qu’on va trouver.

  • Tu as de quoi filmer discret?
  • Ça peut se trouver...

Il fouille sur une étagère et en sort une mini caméra que l’on voit à peine une fois sa main fermée. Bien. Maintenant la logistique. J’ai une petite idée mais qui implique l’aide de Kramer. J’ose.

  • Kramer ? On peut t’emprunter ta voiture ?
  • Aucun papier…
  • Pas de permis.

On se regarde avant de se sourire d’un air complice. Transport ok. Il est 19h00. Le rendez-vous est pour 21h00. Si nous allions faire un petit tour de reconnaissance ? Nous prenons la direction de Saint-Gilles dans la petite opel. Stev près de moi est complètement détendu. Ou alors est-ce une façade ?

Je crois que je n’arrive plus à lire en Stev… Riven. C’est Riven qui est en face de moi.

  • Te biles pas. Je reste le même con. Simplement… Comment dire… Je commence à être fatigué de jouer ce rôle que je me suis moi-même imposé… Je songe définitivement à arrêter de jouer
  • Pourquoi ? Pourquoi avoir créé ce personnage ?
  • Je ne sais pas… Pour me protéger ? Pour emmerder mon père ?

Il soupire. Le silence s’installe.

  • Tu sais je maintiens ce que j’ai dit l’autre fois. Il faut que nous mettions cartes sur table. Tous les trois. Je ne peux plus continuer ainsi : vous me cachez des choses et je ne suis pas en reste. J’en ai marre.

Nous arrivons à destination. Il est presque 20h30. Une certaine tension s’est développée dans le petit habitacle de la voiture. Tension qui ne va pas tarder à monter d’un cran.

  • C’est une blague ? me demande Steven.
  • Quoi ? C’est l’adresse qu’on m’a donné...
  • Nous sommes devant l’une des maisons secondaires des parents de Virginie.

Quoi ?

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