Natacha

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La discussion que j’ai surprise m’a énormément blessé. Je savais pertinemment que Marie ne m’aimait pas mais l’entendre de vive voix… Joshua s’est aperçu de mon changement d’humeur. Il a su rester discret jusqu’à ce que nos invités partent.

Pour le repas du soir, nous commandons des sushis et un menu enfant pour Akim. Je suis épuisée : mon moral est au plus bas. Mon travail n’avance pas, je ne suis pas la mère qu’il faut pour Akim ni la femme parfaite pour Joshua, sans compter que comme amie je ne vaux pas mieux. Mes pensées dérivent vers Jonathan et je sens mon cœur se réchauffer au souvenir de ses bras passés autour de mon corps. Un sourire flotte sur mon visage.

  • Natacha ? Ah… Je préfère ça… J’ai bien vu que ton humeur avait changé tout à l’heure. Tu peux me dire ce qu’il s’est encore passé avec ma mère ?
  • J’adore ta perspicacité… Mais ne t’en fais pas… Ce n’est rien de grave. J’ai surpris une discussion plutôt désagréable c’est tout...
  • Arrête. Ne minimise pas ce qui t’a tant blessé. Je suis là pour toi, tu le sais non ?

Il m’enlace. Je pose ma tête sur son épaule. Et là c’est le drame. Je ne ressens rien. Absolument rien. Même pas le tiers des sentiments qui m’ont traversé lorsque Jonathan m’a prise dans ses bras. C’est comme si j’enlaçais... un grand frère. Et non la personne qui est censée partager ma vie pour le restant de mes jours. Je sens alors monter en moi un élan de courage.

  • Joshua… Tu n’es pas heureux n’est-ce pas ?

Je le sens se raidir contre moi.

  • De… De quoi tu parles ?
  • De nous. De notre couple. Si jamais il y a eu un jour cela entre nous…
  • Natacha…
  • Soit honnête s’il te plait. Je… J’ai besoin de savoir.

Il se détache de moi et me regarde dans les yeux.

  • Tu sais que je ferai tout pour que vous ne manquiez de rien, Akim et toi…
  • Ce n’était pas la question. Es-tu heureux de cette vie que l’on a, toi et moi ?
  • Je ne suis pas à plaindre.
  • Sauras-tu t’en contenter jusqu’à la fin ?

Il ne répond pas à ma question. Mais je perçois sa réponse. Je n’ai pas envie d’aller plus loin ce soir. Je suis lasse…

Je me dirige vers la salle de bain, m'y enferme à clé et prend une longue douche chaude, essayant par la même occasion de me libérer de toutes ces tensions, de cette méchanceté subie aujourd’hui, de… de tout. Des larmes amères coulent le long de mon visage et je me surprends à être pressée de retrouver Steven et Jonathan. Ils me manquent terriblement. Je me sens encore plus coupable…

Comment cela se fait-il ? Pourquoi ? Pourquoi je ne suis pas capable de me contenter de ce que j’ai ? Joshua est un père aimant et un mari adorable. Il ne m’a jamais jugée et encore moins rabaissée. Il m’a offert un toit, un équilibre, un semblant de famille. Akim est toute ma vie, je mourrai pour lui. Herland est un papy et un beau-père génial et j’ai aussi Corinne et Patrick, des amis en or sur qui je peux compter en cas de coups durs.

Alors pourquoi, pourquoi je me sens si seule et si triste ? Pourquoi j’ai ce sentiment d’abandon lorsque Nathan n’est pas près de moi ? Quel est ce fardeau qui s’est posé sur mes épaules ? Cette douleur qui enserre mon coeur ?

Je me laisse glisser le long de la paroi de douche, laissant mon chagrin sortir. J’ai envie de taper dans les murs, de laisser exploser la colère qui monte en moi. Les paroles de Marie me reviennent en mémoire…

“Si seulement Joshua t’avait choisi ma petite !”

“Il l’aurait été plus avec une femme comme toi !”

“Il n’y a aucun effort à faire. Je ne la tolère que parce qu’il y a Akim.”

Aurai-je le courage d’affronter cela jusqu’à la fin de ma vie ? Déjà sept ans, sept années que ça dure. Je n’ai plus la force… Plus la force de mentir… De me mentir… Il va falloir que j’agisse.

Pour Joshua.

Pour Akim.

Et surtout pour moi.

Résolue, je m’enveloppe dans mon peignoir et me dirige vers la chambre. Joshua n’est pas là… Et c’est tant mieux. Je n’ai pas envie de l’affronter ce soir. Je passe embrasser mon fils : il dort à poing fermé, ignorant totalement les changements à venir.

Oui. Il va y avoir du changement. Je ne veux plus de cette vie-là. Je dois d’abord terminer ma mission. Ensuite, et seulement ensuite, je mettrai de l’ordre dans ma vie personnelle.

Je sors mon ordinateur et me plonge dans tous les documents que j’ai pu récolter sur mon affaire en cours.

C’est parti.

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