Jonathan

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Je n’arrive pas y croire, la fête a lieu chez Virginie. Avec ou sans l’aval de ses parents ? Peu m’importe. Je regarde Riven. Je crois qu’il peine à se décider…

  • Le hic c’est que Virginie connaît aussi cette facette de ma personnalité… Bon tant pis.

Il rabat sa capuche sur ses cheveux et se met un masque imitation sourire diabolique sur le nez et la bouche. Les trois quart de son visage sont couverts : on ne voit plus que ses yeux verts. Il fait encore plus menaçant. Je ne l'avais jamais remarqué mais il a une sacrée carrure, notre Steven !

La propriété a l’air immense. Un énorme portail en fer forgé nous surplombe, ouvert sur une magnifique pelouse, écrasée par des centaines de pieds. Au milieu du jardin se trouve une piscine à débordement où un DJ enchaine des sons latinos. Les personnes présentes se déhanchent en rythme, gobelets à la main. Il semblerait que l’alcool coule à flot.

J’envoie un texto à Brandon.

{Je suis là.

Retrouve-nous derrière la maison. J’arrive.}

Je montre le texto à Steven qui se contente de hocher la tête. Il m’indique le chemin à suivre. Je contourne donc la propriété pour me retrouver derrière la maison, dans un chemin un peu plus petit et donc beaucoup plus discret. Je laisse la voiture de Kramer dans un coin, le jaune n’est pas non plus une couleur très discrète malgré le fait que la peinture soit un peu vieille, et nous finissons à pied.

J’entends des éclats de voix. Je reconnais sans peine la voix de Virginie, qui est déjà haut perché dans les aigus. Elle ne doit pas être dans son état normal. Steven se raidit près de moi.

  • Ça va aller ?
  • Oui, oui t’inquiète. Juste le temps de mettre la caméra en mode on… Ça y est. On y va.
  • Oh ! Tu m’énerves ! Fais-la ta transaction ! Et retrouve-moi avec ma marchandise près de la piscine ! s’exclame Virginie.

Ses pas s’éloignent. Tant mieux. Je hoche la tête et mets mon costume de dealer.

  • Salut Vincent…

Les poings de ce dernier se serrent dès qu’il entend ma voix.

  • Jonathan. C’est qui celui-là ?

- Une petite protection supplémentaire, des fois que tu tenterais… je ne sais pas moi … de m’entuber?

Pfff...

Il lâche ce sifflement méprisant avant de regarder Steven de la tête aux pieds. Avant qu’il ne puisse ajouter quelque chose, une voiture noire arrive et se stationne près de notre trio. Il s’agit de Brandon.

  • Voilà la marijuana demandée. Et un petit supplément de la part de notre ami pharmacien...

Il ouvre le coffre et en sort deux sacs poubelles d’à peine dix litres. Définitivement, ce n’est pas le trafic sur lequel je planche. Je finis quand même la transaction et empoche ma part. Steven derrière moi filme toute la scène, j'essaye de rester hors caméra.

  • Jonathan mon choouu…

Je me crispe. Voilà Virginie qui revient. Qui plus est elle a clairement prononcé mon prénom.

  • Je ne savais pas que tu faisais aussi des affaires, me susurre-t-elle, en se frottant contre moi.
  • Salut Virginie.

Elle aurait été nue que cela n’aurait pas changé grand chose. La robe qu’elle porte est évasée dans le dos et lui arrive mi cuisses. Son décolleté est tellement plongeant qu’on a l’impression que ses seins risquent à tout moment de jaillir du fin tissu. Elle s'agrippe à moi comme une sangsue : elle pue l’alcool et la drogue. C’est écoeurant. Je la repousse. Pour une fois, elle ne s’en offusque pas.

  • Nathan, Nathan, Nathan… Tôt ou tard… En attendant, si tu me présentais à ce garçon mystérieux que voilà...

Elle s’approche de Steven qui est d’un calme olympien étant donné la situation. Elle fait volte face et se penche exagérément, lui offrant littéralement ses fesses.

  • Tu ne voudrais pas qu’il te baise ici et maintenant non plus ? hurle Vincent.
  • Et pourquoi pas ? rétorque Virginie. Je peux savoir en quoi cela te regarde ?

Vincent s’avance vers Virginie l’air menaçant : je crois bien qu’il va la frapper.

  • Sale pute !

Steven passe devant elle et lance un uppercut violent qui atteint Vincent avant même qu’il n’ait eu le temps de réagir. Ce dernier sort son cran d’arrêt.

  • Tut, tut mon petit Vincent, lui dis-je en lui montrant mon Smith . Pas de ça ce soir…

Il stoppe son élan et fixe Virginie d’un air mauvais, avant de cracher devant ses pieds.

  • Une pute. Voilà ce que t’es. Une sale pute. Brandon, on se tire.

Ils rentrent tous les deux dans la voiture qui démarre en trombe. Virginie ne demande pas son reste et s'enfuit vers sa maison, les sacs poubelles sous le bras. Je me détends. Steven est quant à lui hyper tendu. Il fait les cent pas, en tournant en rond.

  • On va boire une bière ?

Steven s’arrête et me regarde. Il acquiesce. Nous sortons du chemin et nous nous dirigeons vers les bars et les boîtes de nuit qui se trouvent à proximité. Il est taciturne. J’entre dans un bar et commande deux pintes de rouge. Je stationne la voiture face à une boîte de nuit connue. Nous nous installons : moi sur le capot, Steven sur le toit. Il ressemble vraiment à un bad boy. Nous buvons notre bière silencieusement.

  • Tiens. Regarde qui voilà, murmure Steven.

Je tourne la tête et aperçois… Le proviseur et le CPE… Van der Bund et Marais. En boîte. La bonne blague…

  • On y va ?
  • Et comment !

Nous finissons notre bière et fonçons vers l’entrée de la boîte.

  • À visage découvert, nous annonce le vigile.

Steven enlève son masque et le vigile pâlit.

  • Entrez, mon… monsieur.

Nous entrons.

  • Monsieur hein…
  • Le vieux a des parts importantes dans cette boîte… J’y suis venu une ou deux fois… me fait Steven en haussant les épaules.

L’endroit est bondé. Je fouille la salle des yeux afin d’y repérer les deux hommes. Je les aperçois, montant des escaliers en colimaçons, vers le carré VIP. Je fais signe à Steven et les pointe du doigt.

  • Je n’y suis jamais allé… Pas sûr que nous pourrions y monter…
  • Tentons le coup… Monsieur.

Steven sourit. Nous nous dirigeons vers les escaliers en question… et sommes arrêtés par un autre vigile.

  • Je suis désolé M. Richards mais l’étage a été réservé par la direction. Ne sont autorisées que les personnes invitées.
  • Pas de soucis Raoul. Juste savoir… Qui l’a réservé ?
  • Votre père, monsieur.
  • Il est donc là… On se casse.

Le visage de Steven s’est durci. Nous repartons vers l’opel, deux bières à la main. Nous nous installons un peu plus loin, là où la musique est moins assourdissante. La soirée a été riche en rebondissements.

  • J’y crois pas !

Steven fouille frénétiquement sa poche pour en sortir la caméra. Je suis alors son regard et ma mâchoire se décroche. A une centaine de mètres de nous, une limousine noire aux vitres teintées est stationnée. Il semblerait que ce soit une porte de secours de la boîte de nuit visitée.

Van der Bund et Marais sortent par ladite porte, accompagnés… par quatre jeunes filles d’à peine seize ans. Ils les tiennent par les hanches de manière très suggestive. Ils entrent tous dans la voiture qui démarre silencieusement.

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