Natacha

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Je me suis endormie sur mes dossiers… Je n’ai pas appris grand-chose sinon que Marais avait aussi des parts dans certaines entreprises de Van der Bund et que le père de Steven avait aussi investi des sommes d’argent assez conséquentes. J’ai demandé à Loïc de fouiller à nouveau dans les finances de la famille Richards avec les dernières informations que j’ai trouvées. J’espère que Stev ne m’en voudra pas.

Une chose m’a quand même intriguée… Van der Bund fait venir des conteneurs énormes de pays étrangers mais il n’a pas tant que ça de boutiques de revente. Je me demande où il peut faire des bénéfices dans ce cas ? Il va falloir que j’aille voir mes contacts directement dans le port : ils auront peut-être des informations complémentaires pour moi. Pourquoi pas mercredi ?

Je dois retourner au lycée cet après-midi. Je ne sais pas dans quel état d’esprit je suis. D’un côté, j’ai hâte de retrouver Steven et Jonathan, d’un autre je me sens coupable de préférer cette vie-là à celle que je mène avec Joshua et Akim… Je suis perdue.

Je descends prendre le petit déjeuner. Je dois d’abord parler à mon mari : ce que je lui ai dit hier soir a certainement dû le blesser. Il est là à table, devant son café. Près de lui, Akim avale ses céréales préférées.

  • Bonfour moman ! me dit-il.
  • Bonjour Akim. Je te l’ai déjà dit ! Ne parle pas la bouche pleine !

Les paroles de Marie sur mon éducation me reviennent en mémoire et je perds mon sourire.

  • Cesse de penser à ce que ma mère a dit, veux-tu ?

La faculté de Joshua à lire en moi m’étonnera toujours. Je secoue la tête et part me servir un café au lait. J’entends Joshua dire à Akim de finir son petit déjeuner puis d’aller se doucher. Le “Ouiiii Papaaaa” retentissant de mon gamin me fait pouffer. Je l’entends derrière moi.

  • Écoute… faisons-nous en même temps.

Nous nous regardons avant de rire ensemble.

  • Nat… Je sais que ma mère peut être difficile. Non. Ingérable serait le mot qui conviendrait le mieux. Mais j’ai fait mes choix seul. C’était ma décision. Et je ne les regrette pas. Akim est tout pour moi. Cela répond-il à ta question ?

Non.

C’est ce que j’ai envie de lui dire. Mais je me tais et acquiesce. Joshua me sourit avant de me prendre dans ses bras et de m’embrasser sur le front. Exactement comme un frère ferait à sa petite sœur. Sauf qu’entre nous il y a un enfant.

Je prépare mes affaires pour repartir deux semaines au lycée. Akim boude : il ne veut pas que je m’en aille. Je lui promets un camping dès mon retour où évidemment il dormira dans ma tente : il se radoucit et me souhaite bonne chance dans mon travail d’agent secret. Je ris devant cette appellation.

Une chose est bizarre : je n’ai pas eu de nouvelles d’aucun de mes compères durant le week-end. J’espère que tout va bien. Il faut dire que nous ne nous sommes pas quittés en joyeux lurons… Le souvenir de ce mercredi après-midi me paraît si loin que je me demande si je ne l’ai pas rêvé… Vu les frissons qui me parcourent, non, je ne l'ai pas rêvé mais comme promis cela n’arrivera plus. Je vais devoir faire face à Jonathan. Et être forte.

Joshua ne m’a plus adressé la parole de la matinée. Enfermé dans son bureau, il a travaillé durant des heures pour rattraper son samedi. Je joue avec Akim en attendant que Patrick vienne me chercher. Il arrive peu avant midi. Je lui propose de rester déjeuner avant qu’il ne me raccompagne au lycée vers 15h00.

Ça y est, c’est le départ : Akim me serre fort en me disant que je vais terriblement lui manquer. J’étouffe un sanglot et lui promet un facetime dans la semaine. Joshua pose mes affaires dans le coffre et m’embrasse sur le front, en me souhaitant bonne chance. Patrick reste en retrait, observateur. J’entre dans la voiture le cœur lourd.

  • Ça va aller ? me demande-t-il une fois installé au volant.
  • Oui, t'inquiète. Juste le temps de remettre mon costume de lycéenne… et d’enlever celui de maman.

Patrick se tait, complaisant.

Bip bip

Je regarde mon téléphone. Deux messages. Un de Steven, un de Loïc. J’ouvre le professionnel avant.

{ Richards père a dépensé une centaine de milliers d’euros pour l’achat de marchandises étrangère, principalement venues d’Amérique latine et d’Asie du Sud-Est. Sur les registres que j’ai pu dénicher, on parle principalement d’artisanat indien, laotien... Cela me semble bien louche. 123 647 euros pour des babioles en bois ou en bambou? }

Effectivement, cela me paraît extrêmement louche. Pourquoi dépenser autant pour de l’artisanat ? Surtout qu’à la Réunion je ne crois pas qu’il existe une clientèle pour ce genre d’objets, si ? A moins qu’un hôtel ou un spa soit en construction… Cela me conforte dans l’idée qu’il faut que j’aille au port dès mercredi. Je mets Patrick dans la confidence. Il est d’accord avec moi.

  • Fais quand même très attention. Je ne sais pas pourquoi mais je flaire quelque chose de vraiment pas clair.
  • Je vais faire appel à eux.
  • Vraiment ? Tu crois que…
  • Aucun souci. Je sais que je peux leur faire confiance.
  • Comme tu veux. Comment vas-tu t’y prendre pour le lycée ?

- Je crois que je vais rester encore ces deux prochaines semaines. Après il va falloir trouver quelque chose pour me radier. De toute façon, le lycée n’est qu’une façade. Juste pour lui donner bonne figure. Il n'y a rien de louche là bas, hormis une bande de jeunes pourri gâtés jusqu’à la moelle.

  • Très bien.

J’ouvre le second message.

{ Salut bichette ! J’espère que tu vas mieux ! Hâte de te retrouver ! Il s’en est passé des choses ce week-end ! On sera là pour 18h00 !

Ah vraiment ? Bon vivement que l’on se retrouve alors ! Très bien à tout à l’heure !

Et puis… Faut qu’on parle. Tous les trois.}

Ce dernier message me laisse perplexe. De quoi veut-il parler ?

Patrick me dépose devant mon internat et m’aide à monter mes affaires. En montant, je croise ma chère amie Virginie. Ses yeux sont encore bouffis, signe d’un week-end bien alcoolisé.

  • Tiens, après Jonathan et Steven, tu en ramènes un de l’extérieur maintenant ?
  • Que veux-tu, je réussis là où tu échoues ma belle. Virginie, voici mon frère Patrick. Patrick, voici la pute de service, Virginie.

Ses yeux lancent des éclairs. Je crois qu’elle ne s’attendait absolument pas à ce que je lui réponde à nouveau sur ce ton. Ça fait un bien fou !

Fini la Natacha gentille.

  • Sale garce. Patrick, le jour où tu voudras d’une vraie femme, appelle-moi !
  • Mon dieu… me souffle t-il. Mais qu’est-ce que c’était que ça ?
  • Bienvenu au lycée, mon frère.

Patrick parti, je me pose sur mon lit et relis le message de Stev.

De quoi veut-il bien parler ?

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