Jonathan

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  • Nat. Moi je peux. Je suis O négatif.

Je la vois sursauter. Lorsque nos regards se croisent, je lis en elle un immense soulagement. Un sourire flotte même sur son visage. Sa réaction est totalement inattendue : elle repousse l’homme qui la soutient et court… se blottir contre moi. Malgré ma surprise et la douleur de ma plaie, je la serre. Fort. Je serre MA Natacha contre mon cœur. Peu importe tout ce qu’elle m’a caché. Je l’aime. Un point c’est tout.

  • Nat. Je peux sauver ton fils.

Elle se raidit contre moi, réalisant peut-être la situation.

  • Jeune homme ? demande le docteur. Vous avez dit que vous étiez O négatif ?

J’acquiesce.

  • Bien. Nous devons faire le test de compatibilité sanguine mais cela ne devrait poser aucun problème. Infirmière ! Faites-lui une prise de sang puis conduisez-le là où il pourra se nettoyer et se désinfecter. Enfin, amenez-le auprès du petit Da Rocha pour la transfusion.

Natacha me regarde avec des yeux plein de reconnaissance. Je lui embrasse alors le front, lui sourit puis regarde vers Corinne et le futur ex de Nat. Pour ma part, leur histoire est finie. Je dois juste commencer la mienne avec Natacha. Pour ça, je vais d’abord devoir sauver son fils. Je suis l’infirmière et passe les doubles portes des urgences.

Cette dernière me toise de la tête au pied. Je ne dois vraiment pas être présentable. Mes mains sont couvertes de sang, de même que mon T-shirt, mes jambes sont toutes aussi poussiéreuses que les terrains de sports que nous avons foulés ce matin. Elle secoue la tête et me fait la prise de sang.

  • Bon, jeune homme. Il va falloir vous laver. Êtes-vous sérieusement blessé ?

Je relève mon T-shirt. Elle examine la blessure et hoche la tête.

  • Ce n’est rien. Il va peut-être falloir suturer mais je ne le saurai qu'une fois l’entaille nettoyée. La salle de bain est par là, je vais aller vous chercher une blouse d’hôpital. Faites vite.

J’acquiesce et entre dans la douche. Je lâche mes vêtements au sol et entre sous l’eau tiède. Elle me fait un bien fou. J’ai comme l’impression de laver une tonne d’impureté. Je regarde mes mains : mes phalanges sont gonflées et écorchées. Pour elle.

J’ai cogné si fort que ça ?

Steven a dit qu’il en ferait son affaire. Je lui fais entièrement confiance. Je me dois de protéger Mathéis et Myra : j’espère juste ne pas avoir grillé toutes mes cartes.

  • Je pose la blouse et le sous-vêtement derrière la porte. Les tests sanguins sont concluants : vous allez pouvoir donner votre sang au petit Da Rocha.

Je sors et m’habille.

Une chose à la fois, Jonathan. D’abord, sauver le fils à Natacha.

Il va peut-être falloir revoir ton ordre de priorité…

Je fais fi de ce conseil. Je n’arrive pas à croire que Nat soit maman. L’infirmière me conduit dans une chambre assez sale et repart. Sur le lit repose un petit garçon d’environ six ans : il est très pâle, sa jambe droite est plâtrée jusqu’à la cuisse et son bras gauche repose en écharpe. Il a aussi quelques égratignures ici et là, certaines plus profondes que d’autres. Il a les mêmes boucles que Natacha mais la ressemblance s’arrête là.

Il doit plus tenir de son père.

Cette remarque acerbe fait quelque peu saigner mon coeur… Mais je ne peux m’empêcher de ressentir un élan de tendresse pour ce petit bout. Je lui caresse doucement le front.

  • Salut petit bonhomme ! Je m’appelle Jonathan. Je te promets que je vais tout faire pour que tu guérisses afin de redonner à maman son joli sourire. C’est que je l’aime moi ta maman…

Il a bougé… Pfff t’es bête… Il est assommé par les médicaments…

  • Par ici s’il vous plaît, me demande gentillement l’infirmière. Montrez-moi d’abord votre plaie.

Elle relève un pan de ma blouse et je ne peux m’empêcher de rougir. Elle sourit.

  • Bon ce n’est rien de grave. Trois points de sutures devraient suffire amplement. Attaque par arme blanche ?
  • Ouai…

J’ai répondu sans réfléchir et le regrette immédiatement. Je fronce les sourcils.

  • Ne vous en faites pas je suis tenue au secret médical, me dit-elle avec un clin d'œil. Bon placez-vous là. Ce sera sans anesthésie… à cause de la transfusion.

Je hoche la tête et serre les dents. Ce ne sont que trois points après tout. Elle me suture rapidement avant de passer à la mise en place de la transfusion.

  • Je vais vous allonger sur ce lit de camp… Désolée pour l’inconfort… Normalement avec cet appareil vous en avez pour au moins deux heures de temps. Vous allez peut-être sentir des vertiges ou autres, n’hésitez pas à faire appel à moi en appuyant sur ce bouton.

Elle m’explique cela tout en s’activant. Une fois les aiguilles plantées, je vois une ligne rouge se dessiner dans le petit tuyau de mon bras à celui d’Akim.

  • Je vais y aller. A plus tard.
  • Merci.

Je ne sais plus où j'en suis. Mes sentiments pour Nat sont là mais ce petit bout aussi. Et il semble avoir au moins six ans, ce qui fait que Natacha ne peut avoir dix-sept ans. Je me sens las…

Je ferme les yeux, histoire de ne plus penser à tout ça.

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