Chapitre 20 : La marque de la sorcière

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Dimanche 9 décembre, 9h.

Le soleil s’est levé depuis un moment sur la campagne enneigée roumaine. La lumière passe au travers des rideaux épais et réchauffe doucement la chambre. Lisa est encore endormie, la joue sur son oreiller, les lèvres entrouvertes. Elle est emmitouflée dans les draps de cotons et la couverture en laine bleue, jusqu’à la base de sa tête. Puis un doigt masculin lui caressant doucement sa bouche en forme de cœur, lui fait faire une moue des plus adorables. Elle se tourne sur le dos mais ne se réveille toujours pas. Guidrish, la tête appuyée sur sa main, contemple sa belle. Elle ressemble à une poupée de porcelaine, si jolie et fragile. Il savoure ce bref moment de plénitude dans l’océan de son éternité. Pour lui, rien de plus beau que d’admirer une femme endormie, après une nuit pétrie d’amour. Certes, elle n’est pas la première, car, au fil du temps, il en a connu et aimé tellement. Pourtant il n’en n’a oublié aucune. Certaines n’étaient que de passage, d’autres ont parcouru leur courte vie près de lui, lui donnant même une descendance. Mais sa longévité est une malédiction sous certain aspect. Il ne souhaite à personne de voir tous ces êtres tant chéris mourir de vieillesse, ou pire, dans les affres de la maladie, de la guerre et de la cruauté humaine ou divine. On souhaite toujours partir avant l’autre, pour ne pas souffrir. Pourtant il les a vu tous tombés, les uns après les autres. Il a dû se faire une raison, même si les blessures de l’âme sont parfois tellement plus terribles que celle du corps. Il a appris ainsi à prendre les choses telles qu’elles viennent, juste profiter du moment présent sans aucune projection et faire de cette brève capsule de bonheur un souvenir indestructible qui lui servira de bulle d’oxygène lors d’épreuves difficiles que réserve toujours la vie, aussi longue soit-elle. Il ne sait pas ce que demain sera fait avec Lisa. Peut-être rien. Peut-être n'est-ce qu’une nouvelle passade, ou pas. Qu’importe. Il la mange du regard et savoure son image avec la sensation de ses baisers brulants sur sa peau et la mémoire encore fraiche de leur prouesse nocturne. Il n’a pas beaucoup dormi cette nuit. Pourtant il ne ressent aucune fatigue. Juste quelques heures de sommeil entrecoupées de caresses douces ou crapuleuses. La première fois était passionnelle. Les autres ont été plus discrètes afin de ne pas alerter toute la maisonnée. Il regrette juste de ne pas encore avoir admiré l’entièreté de son corps si doux. Il aimerait embrasser chaque parcelle de sa peau. Mais cela promet de nouvelles découvertes aussi délicieuses que fascinantes. Et ça le rend heureux.

Les yeux de Lisa s’ouvrent doucement sur le plafond de chaux bardé de poutres en bois. Elle tourne son regard vers Guidrish, comme pour s’assurer qu’il est toujours là, près d’elle. Le voyant là, éveillé à la contempler, un sourire illumine son visage de bonheur.

- « Coucou ! » lui chuchote-elle.

- « Szia ! » Lui répond-il.

Elle se tourne et se glisse doucement vers lui, lui caressant la taille et lui volant un baiser sur ses fines lèvres. Elle se risque à venir sur lui, le mouvement de son bassin l’invitant à de nouvelles activités condamnables. Mais les mains de l’homme serrent ses hanches afin de les immobiliser.

- « Nem azonal, cicàm (pas tout de suite, mon chaton.). Pas maintenant, ma chérie. Nous devons nous lever. Il est tard. Va prendre ta douche. Tu sens bon l’amour, mais tout le monde ne va pas aimer. »

Lisa le regarde, surprise, et éclate de rire.

- « Quelle façon délicieuse de me dire que je suis sale et que je sens le fauve !

- Non ! Non… ce n’est pas ce que je voulais dire… On doit se préparer à partir. Une longue route nous attend. Et puis on aura d’autres occasions, ma puce. Ne t’inquiète pas. »

Il ponctue cette déclaration par une petite tape du doigt sur le bout de son nez, ce qui la fait rire. Elle soulève les draps, exposant son corps nu à l’air libre et au regard intéressé de son amant. Ce dernier parcourt des yeux ses courbes délicieuses jusqu’à ses hanches. Et là, Guidrish bloque son attention sur le haut de sa cuisse et retient sa respiration, comme s’il venait de se prendre une claque. Il ne l’avait pas remarqué cette nuit, trop submergé par le désir. En outre, la suite de leurs ébats s’étaient déroulés dans l’obscurité. Il n’avait donc rien pu voir. Mais là, gravé en haut de sa cuisse droite, un cercle constitué d’entrelacements, une tache de naissance qu’il ne connait que trop bien, puisque les mères de ses enfants les avaient toutes. La marque des enchanteresses, celles qui transmettent ainsi leurs puissances aux guerriers de la lumière, les survivants de la Horde, et qui sont malheureusement, de ce fait, les premières cibles de leurs ennemis ancestraux. A une nuance près, et cette nuance, c’est bien la première fois qu’il la voit : cette marque-là, même si la forme est strictement la même que toutes les autres, la couleur ne l’est pas. Au lieu d’être cette couleur blanc perlé, tel un assemblement de nacres, elle est noir ébène.

- « Ça, qu’est-ce-que c’est ? » Demande-il d’un ton abrupt et touchant du bout du doigt la marque.

Lisa se tourne pour regarder le haut de sa cuisse droite. Elle rit de bon cœur.

- « Oh ça ! Tous ceux qui m’ont vu nue, me posent cette question. Et non, ce n’est pas un tatouage tribal ringard, mais bien une tache de naissance. Ma grand-mère a toujours voulu que je la cache quand j’étais enfant. Elle me mettait des pansements dessus, me disant que cela enlaidissait mes jambes. J’en étais complexée pendant des années. Et après avoir quitté le cocon familial et remarqué que cela fascinait tous ceux qui la voyait, je ne l’ai plus caché. Perso, je trouve que c’est super bien fait. Le meilleur des tatoueurs n’aurait pas fait mieux ! »

Guidrish sert fort les épaules de la jeune femme entre ses mains, fixant son regard d’un air grave et ponctue ses mots avec de brusques secousses :

- « Ta grand-mère avait raison. Tu ne dois la montrer à personne. A personne, tu entends ?

- Mais… Egon ? Qu’est-ce qu’il te prend ? Arrête ! Tu me fais peur ! »

L’homme baisse alors les yeux, et après un profond soupir, la regarde, mort d’inquiétude.

- « Boscànat (Pardon.). Excuse-moi, mon amour, mais… » Il fait une pause, cherchant ses mots. « Je pense que cette marque a un rapport avec l’obsession qu’ont les démons à vouloir te faire disparaitre et au fait que tu leur résistes.

- Quoi ? Mais, c’est ridicule enfin ! Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi ! Ma grand-mère et toi, vous devriez former un club ! »

Vexée, Lisa se lève brusquement, cherchant frénétiquement dans son sac un vêtement et une serviette propre avec ses affaires de toilettes pour aller prendre sa douche.

- « Lisa… S’il-te-plait… Écoute-moi, je t’en prie.

- Non. J’ai entendu ça toute ma vie, ça m’a filé des complexes monstres inutilement. Et puis, non. Je ne veux pas t’écouter. Et tu sais quoi ? Et ben je vous emm..

- LISA, ARRETE ! »

La voix forte de Guidrish la stoppe net dans son élan. Surprise, elle fixe l’homme, attendant la suite de son argumentation. Guidrish prend une profonde inspiration afin de se recentrer. Les scènes de ménage, il connait et il en a vécu des bien pires que ça. Il est même devenu expert à éviter les objets volants pas tout de suite identifiés qui lui cognaient la tête les premières fois, ou les mains agiles qui rentraient en contact un peu trop violemment avec ses joues. Il sait que ça ne sert à rien de convaincre une femme blessée dans son amour propre. Il tente alors une méthode plus diplomatique :

- « Lisa. Ta marque est très belle. Tu as raison d’en être fière. Ta grand-mère n’a pas été très maligne de te le présenter de cette façon, et j’ai été maladroit. Je trouve qu’elle te fait des jambes absolument magnifiques et sexy. Donc, s’il-te-plait, pour moi, réserve-moi le droit d’être le seul à en profiter, si tu tiens à moi un tant soit-peu. Offre-moi ce privilège, je t’en prie… »

La colère de la jeune femme s’estompe. Elle se sent mal d’avoir réagi aussi bêtement de son côté. Elle s’approche de lui, l’embrasse sur ses lèvres puis pose son front contre le sien.

- « Excuse-moi. Mais je ne supporte plus qu’on me fasse des remarques sur ma tâche de naissance.

- Promets-le-moi. C’est tout ce que je te demande.

- D’accord. Je te le promets.

- On verra mon ami aujourd’hui. Et tu pourras le lui montrer. Je lui fais confiance. Il est comme un père pour moi.

- Ok. Comme tu voudras. Mais, là je vais me doucher. »

Elle ponctue sa phrase par un dernier baiser sur le front de Guidrish et s’en va, toute guillerette, comme si rien ne s’était passé. Guidrish la regarde partir et se dit qu’il commence peut-être à saisir le concept de la femme-enfant. S’étant réveillé bien avant elle, il avait eu le temps de se laver, tôt dans la matinée. Il se lève et s’habille d’un jean, d’un tee-shirt, d’un pull en maille bleu-marine chaud. Il enfile des chaussettes épaisses et des bottines à semelle crantée. Au moment où il sort de la chambre, Ionela arrive des escaliers et vient vers lui. Elle lui dit en Hongrois :

- « Bonjour Monsieur ! Des amis à vous viennent d’arriver. Ils sont en bas et vous attendent. Je vous ai aussi préparer un petit-déjeuner.

- Merci Ionela, c’est très gentil à vous. Est-ce que ces amis vous ont donné un nom ? »

Soudain, du rez-de-chaussée, on entend crier :

- « Hey poto ! Viens prendre le café avec nous au lieu de faire ton parano ! »

Un long soupir de soulagement. Cette voix, il ne la connait que trop bien. C’est Ho-Jin qui l’a finalement retrouvé. En revanche, il est très curieux de savoir qui est le deuxième ami qui accompagne le Petit Prince. Il descend alors rapidement les escaliers et voit Ho-Jin, debout, contre la porte de la cuisine, une grande tasse d’un liquide chaud à la main. Un autre homme est assis à la table en bois, mais il a le dos tourné et Guidrish n’arrive pas à distinguer qui ça peut bien être. Alors, l’homme boit une gorgée dans sa grande tasse, la pose sur la table, se lève et se tourne vers Guidrish qui est au seuil de la porte.

- « Viktòr !! Tu es là toi aussi ! »

Ils se prennent dans les bras l’un et l’autre et s’octroient de bonnes tapes amicales dans le dos. Guidrish fait la même chose avec Ho-Jin, qui manque d’avaler de travers le liquide qu’il avait dans la bouche.

Viktòr Szekeres est un homme approchant la cinquantaine, les cheveux courts et noirs, quasiment rasés sur les côtés, parsemés de fils argentés, des yeux noisette légèrement bridés. Il porte une barbe de trois jours, assortie à sa courte chevelure et dissimule tant bien que mal de nombreuses cicatrices sur ses deux joues. Il n’est pas très grand et a un gabarit plutôt fin et sec. Il est d’une souplesse naturelle tel un grand félin. Après les embrassades, les deux hommes s’assoient ensemble autour de la table en bois. Ho-Jin reste debout, à déguster lentement sa boisson. Ionela pose sur la table différents plats composés d’œufs brouillés, de diverses charcuteries et de grosses tranches de pains. Elle amène aussi du miel et différentes confitures puis place devant Guidrish une grande tasse de café noir presque brulant.

- « Köszönöm szépen Ionela. » Lui dit Guidrish.

Ionela répond à son remerciement par un sourire et sort de la cuisine pour se diriger vers son salon afin de continuer ses activités domestiques.

Viktòr, s’assurant que plus personne n’est aux alentours, regarde Guidrish de ses yeux perçants :

- « Qu’est-ce qu’il s’est passé à Paris, Egon ? J’ai un capitaine de la PJ française qui m’a contacté. Il voulait des renseignements à ton sujet.

- Nous avons essuyé de nouvelles pertes là-bas. Deux jeunes filles, des enchanteresses ont été massacrées, dans le bâtiment de la rue Demarquay.

- L’immeuble qui devait servir de piège à démon ?

- Oui. On s’est fait devancer. On a été trop lents.

- Mais de quoi tu parles Egon ? Et pourquoi à Paris ?

- Les massacres que l’on avait connus ici il y a dix ans et qu’on a réussi à stopper ont repris il y a trois ans environ sur la capitale française. Un de nos contact là-bas nous a prévenu et c’est pour cela, après enquête, que nous sommes parti en France avec Ho-Jin pour comprendre le pourquoi de ces tueries. »

Guidrish fait une pause et boit une gorgée de café, puis reprend :

- « On ne comprenait pas pourquoi Paris. Sur le coup, je pensais qu’ils me cherchaient, puisque j’ai longtemps séjourné en France après la Grande Guerre. Mais ça ne collait pas. En fait, les tueries ont commencé peu de temps après que je sois rentré au pays, il y a trois ans justement. On a trouvé une relation avec un certain Morant, une espèce de détraqué et un architecte, Lemaitre qui seraient liés à ces assassinats. C’est pour cela qu’on a élaboré le piège autour d’un vieux bâtiment désaffecté à la rue Demarquay… »

Il s’arrête, boit un peu de café tout en réfléchissant et reprend :

- « Je pense maintenant qu’ils cherchaient à éliminer quelqu’un. Quelqu’un avec une caractéristique particulière. Et je crois que je l’ai trouvé… »

A ce moment-là, Guidrish fixe du regard l’entrée de la cuisine et, dans l’encadrement apparait Lisa, emmitouflée dans un gros pull en maille blanc crème et à col roulé. Guidrish lui envoie un sourire tendre, qu’elle lui rend, les yeux pétillants et les joues rougissantes. Viktòr se retourne et voit une jolie brunette aux yeux noisette l’air plus gêné qu’autre chose :

- « Euh… Bonjour… » Leurs dit-elle timidement.

- « Hey ! Salut ! »

La voix vient de derrière elle. C’est celle d’un jeune homme, peut-être un adolescent. Elle se retourne et voit un garçon, pas plus grand qu’elle. Il est asiatique, certainement à peine majeur, et un large sourire, agrémenté de belles dents blanches, lui fend le visage en deux. Une casquette posée à l’envers lui camoufle un front un peu trop grand. Il lui tend une main, celle qui n’est pas encombrée par son mug :

- « Moi, c’est Ho-Jin ! Et là-bas, le vieux ronchon, c’est Viktòr. Nous sommes de très bons et vieux amis d’Egon. » Lui dit-il dans un français parfait.

Lisa lui rend son bonjour en lui serrant la main qu’il lui tend.

- « Enchantée… Euh… Moi c’est Lisa. Lisa Mauragnier. Je suis… hum… une collaboratrice de M. Guidrish. Nous travaillons dans la même étude à Paris.

- Ah ! Super ! » Répond Ho-Jin, d’un air faussement surpris.

- Mais, vous parlez très bien le français ? Ho-Jin, c’est chinois n’est-ce-pas ?

- Non. Coréen.

- « Oh ! Vous êtes coréen alors ? »

Les deux autres hommes, encore attablés, sirotent leur café, l’air de rien, tout en écoutant la conversation.

- « Non... Ma mère était du Kazakhstan. Et mon père… euh, et bien… de quelque part vers la Chine. Mais je pense qu’ils aimaient bien la Corée…

- Ils ont bien raisons ! J’adorerais aller en Corée un jour. C’est un pays qui me fait rêver.

- Ah oui ? » Répond Ho-Jin sur un ton très intéressé.

On entend des raclements de gorges de la part des deux compères devant leurs grandes tasses respectives, surtout de la part de Guidrish, étrangement.

- « J’ai un appartement à Séoul. Vous êtes la bienvenue chez moi si vous désirez visiter cet incroyable pays. En tout bien tout honneur, bien entendu ! » Il lui fait un petit clin d’œil.

- « Bon, Ho-Jin, t’es gentil mais tu vas faire peur à la dame. »

C’est Guidrish qui vient de se lever, sans doute exaspéré par les tentatives de séduction de Ho-Jin sur sa nouvelle compagne. Ho-Jin tourne sa tête vers lui, tout d’abord surpris, puis avec une soudaine lueur de lucidité, il s’adresse à Lisa avec une attitude un peu plus distante :

- « Mais votre ami est aussi le mien et il est le bienvenu lui aussi, évidement ! »

Lisa ne comprend pas très bien ce qui est en train de se passer. Elle a l’impression qu’une série de sous-entendus vient de lui passer sous le nez, mais elle est tout de même reconnaissante envers son amant qui vient la sauver d’une conversation qui devenait gênante.

L’autre homme se lève à son tour et prend sa doudoune qu’il avait posé sur le dossier de sa chaise. Il déclare alors, dans un français à peu près correct :

- « Bon ! Jeunes gens, Mademoiselle, nous allons bientôt partir. Une longue route nous attend.

- Deux heures à tout péter, ça va, Viktòr. C’est pas la mort ! » Rétorque Ho-Jin, en hongrois.

- « Oui, mais demain je bosse et je dois encore rentrer à Budapest avant la fin de la nuit

- Mais pas de problème, Lieutenant Szekéres ! Je vous y transporte instantanément !

- Ho-Jin, ce n’est pas toi qui viens de conduire à toute bombe depuis la capitale.

- Non, mais je faisais le GPS pour retrouver Egon et la jeune Dame. »

Guidrish les laissent se chamailler, légèrement agacé par leur début de dispute, se dirige vers Lisa et lui glisse à l’oreille :

- « Lisa, tu peux déjà descendre ton sac. Nous partirons dès que tu auras terminé ton petit-déjeuner.

- D’accord. Je prends le tiens aussi.

- Merci mon cœur. »

Viktòr et Ho-Jin se taisent soudainement, regardant le couple d’un air suspicieux. Viktòr se dirige alors vers Guidrish et le prend par le bras pour l’amener vers l’extérieur, dès que Lisa se met à monter les escaliers. Une fois sur le pas de la porte de la maison, les pieds dans la neige, il se tourne vers le Pannonien, l’air grave.

- « C’est qui pour toi cette fille ?

- Une amie. »

Les yeux noisette de Viktòr s’illuminent soudain d’une vive lueur dorée.

- « Egon… Ne me prend pas pour un con.

- Tu n’as pas besoin d’utiliser tes pouvoirs sur moi. Je ne vais pas te mentir. Elle… elle est plus qu’une amie.

- Et jusqu’à quel point, elle est plus qu’une amie ? Tu sais que cette histoire ne te mènera nulle part ! En plus, c’est un témoin…

- Viktòr, cette histoire n’est pas du ressort de la police, mais du notre. Je sais, je n’ai pas été très malin sur ce coup-là, mais…

- Tu l’aimes ?

- « Je ne sais pas. Trop récent. Mais elle me plait. Beaucoup.

- Alors pourquoi tu m’as dit avant qu’elle était peut-être la raison des tueries, que je me fais chier à arrêter depuis presque trente ans maintenant, et qui ont débordés jusqu’à ton pays d’adoption, la France ? Tu nous fous dans la merde, Egon ! Je peux effacer vos traces en Hongrie, mais pas en France. Je ne sais pas quelles informations la Criminelle de Paris a sur nous, mais ça va être un gros foutoir s’ils découvrent quoique ce soit. Elle est une personne d’intérêt dans cette affaire. Et toi ? Tu la baises !

- Viktòr… je…

- Ne dis rien, Egon. Juste comprend que ce n’est pas avec ta queue que tu interroges des suspects.

- Justement…

- Quoi ?

- Elle a la marque.

- Et ? C’est une enchanteresse ? Félicitation ! Je vous souhaite pleins de bonheur et beaucoup d’enfants que tu verras vieillir et crever bien avant toi !

- Elle est noire.

- Qu… Pardon ?! » Viktór regarde Egon, estomaqué.

- « Sa marque est noir. » Egon marque une pause, trop heureux d’avoir déplacer le centre d’intérêt du policier vers autre chose que sa vie privée. « Et cette fille est complètement immunisée aux faisceaux démoniaques. Ils ont cherché à la tuer chez elle. Ils ont réussi à prendre la place des stewards et du co-pilote du jet dans lequel on est parti et ont encore essayé de l’avoir à ce moment-là. Je sais, je suis allé trop loin. Mais, il faut la protéger. Coute que coute. Je veux qu’elle voie l’Aigle. Il aura peut-être des réponses. En plus, on a un prisonnier au sanctuaire.

- Quoi ? Quel prisonnier ?

- Le démon qui a essayé de la tuer dans son appartement. Je veux savoir ce qu’ils veulent exactement. Et là, mon ami, tes pouvoirs vont être très utiles. C’est pour ça qu’Ho-Jin t’a amené ici. »

Viktòr tourne la tête vers l’intérieur de la maison et voit Ho-Jin, adossé au mur du couloir de l’entrée. Ce dernier regarde les deux hommes d’un air grave et acquiesce de la tête vers Viktòr pour confirmer les paroles du Loup.

- « Désolé de t’avoir ainsi bouleversé mais je dois assumer moi-même mes débordements. Et ce que je fais avec ma queue comme tu dis, c’est mon problème.

- Egon, vos conneries nous éclaboussent tous, tu le sais très bien. Donc fais gaffe, s’il te plait.

- Ok. Je ferais attention. Mais pour la fille, même si je tiens à elle ou non, même si ça dure ou pas, en dépit de tout cela, Viktòr, on ne doit pas la quitter des yeux. Elle est la réponse, j’en suis sûr, et peut-être la clef pour mettre fin à cette guerre qui nous pourri depuis plus de mille ans. »

Viktòr pose sa main sur l’épaule d’Egon, pour marquer son soutien.

- « Ne t’inquiète pas mon frère. » Lui dit-il. « On va la protéger. »

Pendant ce temps, Lisa, qui a pu descendre les sacs de voyages, se régale de quelques œufs brouillés, des tartines à la confiture et un bon café chaud tout en observant les deux hommes discuter de quelque-chose apparemment très sérieux. Elle est juste désolée de ne rien comprendre à cette langue à la musicalité si étrange. Alors qu’elle vide sa tasse, elle se lève et se dirige vers l’entrée de la maison.

- « C’est bon ! » Dit-elle, toute souriante, en regardant tour à tour les deux hommes qui se sont apparemment réconcilier et Ho-Jin qui les écoute attentivement. « Je suis prête. On peut y aller. »

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