Chapitre 37 : Les visions de Cassandre.

12 minutes de lecture

Les deux véhicules se suivent sur la route dans la campagne armoricaine. Lorsqu'ils roulent au bord de la côte, la vue de la mer est fascinante, même sous le crachin breton. Les policiers suivent la voiture d'Egon, lui-même guidé par Salomé.

Dans la voiture des policiers, Ho-Jin et Mandrin sont en pleine discussion sur les nouvelles stratégies à adopter dans ce nouveau jeu sur ordinateur. Mandrin est aux anges. Il n'arrive pas à croire qu'il discute avec un véritable guerrier hunnique, petit-fils du célèbre Chef au sujet duquel il est en train de jouer l'extension. Mais il est tout de même un peu déçu : Ho-Jin a été très clair. La réalité n'a pas grand-chose à voir avec le jeu. En revanche, le Petit Prince est très au fait sur les stratégies à suivre sur le PC et dissuade Mandrin de jouer son peuple.

- Les Francs ou les Angles sont plus faciles à ton niveau. Et tu ne te fais pas emmerder par les raids des groupes nomades.

- Mais vous faisiez ça en vrai ?

- Faire quoi ?

- Vous alliez raser des villes entières pour le butin ?

Ho-Jin ne répond pas tout de suite. Il hausse juste les épaules, avec un air désolé.

- C'était cruel, mais à l'époque, c'était normal. C'était notre mode de survie... Et c'est ce qui nous a détruit. À la mort de mon grand-père, c'était juste horrible. Mais je n'étais plus là. J'ai été chanceux de ne pas avoir vécu toutes ces guerres intestines. Ou pas... J'aurais aimé dire adieu à ma famille.

- Ah oui ? où étais-tu ?

- Je ne me souviens plus. J'ai juste des images confuses de lumières, d'êtres célestes ou angéliques, très beaux. Par contre, j'ai toujours une grande sensation de malaise et de fortes douleurs dans tout le corps lorsque j'essaie de me le rappeler. C'est très étrange...

- Mais que s'est-il s'est passé juste avant ? " Mandrin est intrigué par ces mystères. Il voit que tout cela plonge le jeune homme dans une profonde confusion. Ce dernier murmure, le regard perdu vers un lointain passé :

- Je ne me souviens que d'une chose : Qu'on était une cinquantaine d'hommes à cheval et qu'on se dirigeait vers Constantinople. C'était notre mission. On était dans les Grandes Plaines, et soudain... Le noir. Aucun d'entre nous ne se souvient de ce qu'il s'est passé. J'ai de très vagues images des démons qui nous foudroyaient d'éclairs rouges et d'anges qui descendaient du ciel pour nous sauver. Une chose que je sais : c'est que de tous ces siècles passés, cet instant a été le plus terrifiant que j'ai pu vivre. Je pense que nous avons tous traversé le voile. Et les Anges du Seigneur nous ont renvoyés sur Terre. Nous nous sommes réveillés avec nos pouvoirs respectifs.

- Wouahou! Vous êtes des super-héros, en fait !

- Peut-être... Du moins, c'est ce que nous essayons de croire pour donner un sens à tout cela.

- Ou alors, vous avez été kidnappés par des extra-terrestres qui ont fait des mutations génétiques sur vous !

- On y a pensé. Mais c'est tout aussi absurde que la théorie des Anges et des Démons. Et croire que nous sommes des Soldats de Dieu, est l'option à laquelle nous adhérons le plus. Au moins, cela donne un sens à notre existence."

À l'orée du village balnéaire, ils arrivent devant un grand domaine, encerclé par des murets en granit. Derrière le haut portail en fer forgé, on peut voir une petite colline recouverte de gazon vert et fraichement coupé. Les arbres fruitiers, nus en cette saison, sont répartis au hasard dans le jardin. Un chemin recouvert de graviers mène à un grand manoir en pierre grise et aux tuiles d'ardoise, arborant deux tours latérales. Après s'être garés proche de la grande grille et avoir eu l'autorisation d'entrer dans le domaine grâce à l'enchanteresse, les visiteurs se dirigent vers la grande demeure en pierre surplombant la colline boisée.

La grande porte en fer du manoir s'ouvre et une très belle femme quadragénaire, aux longs cheveux d'un roux flamboyant, vient les accueillir avec un grand sourire.

- Salomé ! Soie la bienvenue avec tes amis.

- Merci à toi, ma chère Nolwenn

Les deux dames s'embrassent puis Salomé lui présente les policiers qui la saluent en retour. Mais lorsque la maitresse des lieux entrevoit les deux autres hommes, elle s'attarde sur eux.

« Ah ! » Dit-elle. « Soyez les bienvenus en cette humble demeure, guerriers de la Lumière ! »

Egon et Ho-Jin saluent leur hôtesse d'un hochement de tête, nullement surpris par sa perspicacité. Mais ils n'en diront pas plus, laissant Salomé reprendre la parole.

« Je vous présente Nolwenn Briand. C'est la responsable de ce lieu, un lieu de recueillement pour nos sœurs. Nous venons voir Cassandra. Est-elle disponible ? »

Nolwenn les invite à entrer. Les cinq visiteurs se trouvent dans un vestibule contenant une petite table ancienne sur laquelle est posé un grand coquillage servant de vide-poche. Il y a deux accès dont une double porte en verre devant eux qui mène à un grand salon. Sur la droite, un long et large couloir conduit vers d'autres pièces et, au fond, un grand escalier. La maîtresse de maison se dirige vers le corridor.

Tous la suivent. Ils empruntent l'escalier en marbre et montent jusqu'au deuxième étage. Ils se dirigent vers la gauche et s'arrêtent à la pièce du fond qui est fermée. Cette dernière donne accès à une des deux tours. Nolwenn toque doucement. On entend du bruit de l'autre côté. Puis, elle chuchote à l'embrasure : « Cassandra ! C'est ta maman. Elle est venue avec des amis. On peut entrer ? »

Quelques pas qui s'approchent lentement, une forte respiration contre la porte en bois laisse penser que quelqu'un est en train d'écouter et de deviner si les nouveaux venus sont une menace ou non. Puis le silence, pendant quelques secondes. Et soudain, le battant s'ouvre avec grand fracas, laissant place à une femme à la longue chevelure folle et éparse tant les boucles sont petites et indisciplinées. De grands yeux verts et inquisiteurs ornent un visage constellé de taches de rousseur. Egon est sous le choc. La forme du visage aux traits fins et enfantins, le petit nez retroussé et la bouche en cœur est comme celui de sa douce : c'est Lisa, mais qui aurait enfoncé ses doigts dans une prise de courant une nuit d'orage, en s'éclaboussant le visage de marmelade à l'abricot. Les deux billes émeraude lui rajoutent ce côté fou et dérangeant.

Elle les toise un par un, s'arrêtant devant chaque visage inconnu pour elle. D'abord Mandrin, suivi de Garcia, puis Ho-Jin pour s'arrêter sur Egon, qu'elle bouffe littéralement du regard. Le guerrier ne lâche pas le sien qu'il fixe aussi sur elle. Elle lève lentement une main vers la bouche du guerrier qu'elle caresse du bout des doigts et baisse ses paupières en rapprochant son visage vers le sien. Puis sa main le prend par la nuque et elle l'embrasse fougueusement. Lui, ne bronche pas, ne baissant pas son regard, toujours fixer sur elle, mais ne répond pas à son baiser, maintenant ses lèvres closes. Il observe et attend. Tous autour sont très mal à l'aise. Salomé tente d'interrompre sa fille. Egon la dissuade d'un geste vif de la main, l'incitant à laisser faire.

La femme s'arrête brusquement sans quitter des yeux le pannonien et lâche son emprise sur lui. Elle le contemple, l'air complètement ahuri, murmure quelque-chose que personne ne comprend, puis, comme si de rien, se tourne vers sa mère, le visage fendu d'un immense sourire : « Maman ! Comme je suis contente de te voir aujourd'hui. Je t'ai fait des cookies ! » Elle se retourne, toute guillerette et se dirige vers un buffet blanc sur lequel est posée une assiette remplie de petits gâteaux aux pépites de chocolat. Elle se retourne vers les visiteurs et d'un geste de la main, les invite à entrer.

La chambre est une grande pièce, joliment arrangée. Une large fenêtre aux rideaux translucides rend la pièce très lumineuse. Les meubles sont tous clairs et décorés de bibelots, cristaux et petites plantes vertes. Un grand lit garni de coussins aux couleurs pastel faisant aussi office de canapé est installé au fond de la pièce derrière une table basse en verre entourée de trois pouffes de couleur lilas.

« Allez ! Asseyez-vous ! » Déclare leur hôtesse en indiquant le pseudo-canapé. « Je vous amène les gâteaux. Vous préférez du thé ou du café ? » Les jeunes s'installent comme ils peuvent entre les coussins et quelques peluches qui jouaient visiblement à cache-cache entre deux oreillers, tandis que Garcia et Egon préfèrent les tabourets de velours. Salomé est à côté de sa fille, l'aidant à brancher une bouilloire qui ne doit pas servir souvent et sort les tasses. Tout ce cinéma donne une impression étrange et continue à entretenir le malaise de tout le monde, sauf Cassandra, trop contente de pouvoir enfin jouer à la dînette avec ses nouveaux amis. Salomé tente de calmer le jeu avec un sourire gêné. Mais, ne parvenant pas à cacher son inquiétude, elle reste sans arrêt aux côtés de sa fille, craignant une réaction inattendue.

Garcia se penche vers Egon et se permet de lui poser une question indiscrète en chuchotant pour ne pas se faire entendre :

- Pourquoi vous l'avez laissé faire ? Ce n'est pas un peu pervers votre truc ?

Il sourit en coin et répond dans un murmure :

- Je comprends Capitaine. Mais non, je ne l'ai pas laissé m'embrasser pour profiter de la situation. Ce genre de comportement peut arriver avec les prophétesses. Ce n'est pas qu'elle est une espèce de nympho, mais elle prenait l'identité de quelqu'un avec qui j'ai eu ce genre de relation récemment. Elle a vu quelque-chose. Je veux savoir quoi.

- Ah oui ? Hum, intéressant. Vous voulez dire qu'elle a vu quelque-chose sur... Qui vous savez ?

- C'est fort probable.

Les deux hommes sont interrompus dans leur messe basse par le bruit d'un plat qui atterrit sur la table. Les cookies aux pépites de chocolat et à la texture étrange s'éparpillent sur le verre, puis des tasses sont posées face à chaque convive.

« Servez-vous messieurs ! » Mais personne n'ose toucher les gâteaux. Cassandra s'installe sur le canapé de fortune entre les deux jeunes hommes et commence à servir du thé à tout le monde. Puis elle réalise sa méprise « Oh ! Je suis désolée... Je ne vous ai pas demandé si vous préféreriez du thé ou du café. » Elle se relève et va chercher de nouvelles tasses, plus petites cette fois qu'elle pose sur la table basse et les remplis de café. Salomé se tient debout devant la kitchenette de fortune. Elle regarde sa fille les larmes aux yeux. Peut-être est-ce le fait qu'elle n'est plus la seule témoin de la folie de son enfant ? Un sourd sentiment de honte monte en elle. Elle se permet cependant de jouer le jeu et propose du sucre aux invités, qu'elle finit par poser sur la table. Mandrin ose prendre un cookie par politesse. Il le met dans la bouche mais n'arrive même pas à le mâcher : c'est du plâtre mélangé à de l'huile rance. Même les petits morceaux de cacaos ne parviennent pas à en effacer le goût infecte. Il fait tout de même semblant d'apprécier mais dès que Cassandra a le dos tourné, il recrache tout dans sa main, n'ayant pas trouvé de récipient de fortune pour se débarrasser de ce qu'il a dans la bouche.

Mais, maintenant il se retrouve bien ennuyé et doit libérer sa main gauche. Heureusement, il trouve une plante verte. À côté du lit, il se débarrasse du cookie mâchouillé dans le pot de terre. Ce n'est pas très ragoutant, mais au pire, ça servira d'engrais, ou de poison.

Cassandra revient vers les convives et s'installe à nouveau entre les jeunes hommes. Elle prend un gâteau qu'elle avale sans l'avoir réellement mâché. Tous la regardent impressionnés, ou choqués pour certains. Puis elle prend sa tasse de thé qu'elle déguste lentement, repose la tasse dans sa coupelle et pousse un profond soupir avec un grand sourire de ravissement. « Cela fait tellement plaisir d'avoir de la visite ! Vous savez je suis seule la plupart du temps. Ma mère vient me voir et plus rarement mon ami, lorsqu'il est de passage en France. » Ho-Jin oublie les règles qu'avait imposé Salomé avant leur visite et pose la question innocemment : « Oh ! Vous avez un ami ? Il travaille à l'étranger ? Import-export ? » Tous le regardent en même temps, le sommant de se taire. Salomé, elle, ne relève pas. Elle a le dos tourné face à un lavabo et rince certains ustensiles. Ho-Jin pose sa main sur sa bouche. Cassandra, sans doute trop heureuse que quelque inconnu s'intéresse à elle, répond le plus normalement possible : « Non, non ! Il est scientifique. Et archéologue. Et... c'est un chercheur ! » Puis dans le ton de la confidence, elle se penche et chuchote : « C'est un homme extrêmement intelligent, vous savez ! Il travaille sur un projet top secret dans la génétique. Il fait des recherchent pour créer un surhomme. Une sorte de superman ou superwoman. Et il fait ça avec toute une équipe en Europe centrale. Mais ne lui dites pas que je vous l'ai dit, sinon il pourrait être très, très en colère ! » Tous se sont penchés pour mieux l'entendre. Sauf Egon. Il la regarde du coin de l'œil tout en surveillant les réactions de Salomé.

Cassandra lève les yeux sur lui et le fixe. Son air enfantin et jovial a disparu. Elle ne sourit plus. « A neved, Uram ? (nda : « votre nom, Monsieur » en Hongrois) » Lui demande-t-elle tout de go. Egon est surpris d'entendre sa langue dans la bouche d'une étrangère. Ho-Jin aussi. Un grand silence s'installe. Cassandra continue de fixer Egon sans pour autant le regarder. Elle contemple autre chose, certainement un défilement d'image dans sa tête. Le guerrier connaît parfaitement ce phénomène auprès des prophétesses et sait que quelque-chose d'important va être révélé. Il se penche à son tour vers elle.

Les yeux verts se retournent doucement pour ne plus laisser qu'un blanc vitreux dans ses orbites. Il se lève, s'accroupit entre la table basse et la femme aux cheveux hirsutes qui lui prend les mains dans les siennes. Il attend. Elle remue ses lèvres et est plongée dans une espèce de transe. Garcia, qui n'avait pas bronché jusqu'à présent, est aux aguets, prêt à intervenir. Par reflexe, il pose sa main sur sa poche droite, là où se trouve habituellement son holster et réalise qu'il n'est pas armé. Il s'avance lentement vers Egon. Ce dernier, d'un geste calme de la main, l'induit de ne pas intervenir et que la situation est sous contrôle. Le policier se détend un peu, mais a toujours ses sens en alerte. Mandrin s'est levé aussi et est debout à côté du canapé-lit. Ho-Jin, surveille la scène, planqué entre deux nounours géants. Salomé s'est retournée, ayant terminé sa vaisselle de fortune et fait comme les autres : elle attend, inquiète. Cassandra est toujours dans son monde. Elle a le souffle court, un filet de bave coulant du coin des lèvres. Un non initié pourrait croire qu'elle est en pleine crise d'épilepsie.

. « C'est toi... Le gardien de la Grande Enchanteresse ! » Sa respiration devient frénétique. Elle est bouleversée. Elle se lève brusquement. Egon s'est relevé à son tour, calmement, ne quittant pas du regard Cassandra. Soudain, elle se retourne et se jette sur lui, le prenant par les épaules, et lui dit :

- Trouve-la ! Elle est en grand danger. Ils veulent la détruire pour toujours.

- Où ? Où est-elle ?

- Je ne sais pas, Guerrier. »

Cassandra fixe Egon dans les yeux, et cependant ne le regarde pas. Elle contemple autre chose. Elle lui déclare :

« Trouve la jeune fille qui tend la grande plume vers le ciel. Elle surplombe un grand cours d'eau. A sa droite se trouve le porteur de lumière et à sa gauche le pourfendeur de dragon. Il y aura là un message pour toi. » A ces mots, Egon esquisse un sourire. Il est apparemment le seul de toute l'assemblée à saisir de quoi elle parle. A part peut-être Ho-Jin, qui, après quelques secondes de réflexions, a soudain le visage qui s'éclaire.

Les deux policiers complètement abasourdis, tentent de comprendre ce qu'il vient de se passer. Mandrin se répète les paroles qu'il vient d'entendre. Puis dans un éclair de génie, il s'esclame :

- Je sais ! On doit aller dans une église.

- Félicitation, Mandrin. Et qu'est-ce qui te fait dire ça ? » Répond Garcia sarcastiquement.

- Et bien le porteur de lumière, c'est Lucifer et le pourfendeur de Dragon c'est l'archange Michel ! En revanche, la jeune fille qui tend la grande plume vers le ciel, là, je sèche.

- Bon ok. C'est bien ! Mais quelle église ? Il y en a des millions ! Et où ?

- Vous me décevez, Capitaine. » Remarque Egon. Puis il s'adresse à Mandrin :

- « Pour vous en revanche, j'aime bien votre idée, mais vous devez êtes hongrois pour comprendre de quoi elle parle. Ce n'est pas d'une église dont il s'agit, mais d'une citadelle bien précise. Et croyez-moi, ça n'a rien de religieux ! »

Les yeux de Cassandra reprennent leur couleur verts habituels. Elle regarde autour d'elle, légèrement ahurie après un sommeil agité et contemple son petit salon de thé improvisé. Le pannonien se dirige vers la jeune femme et pose sa main sur son bras. Il lui tend la joue, signe de salutation typiquement française. Tout en lui faisant la sacro sainte bise, il lui susurre: « Merci ma chère pour votre accueil. Le thé et les cookies étaient délicieux. Nous avons été enchantés de faire votre connaissance! »

Il se tourne vers les deux policiers et leur déclare: " Messieurs? Préparez vos bagages. Nous partons pour la merveilleuse Budapest!"

Annotations

Vous aimez lire Lilithychou ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0