2.
C'était le premier jour de Mai.
L'année était sur le point de se terminer.
Les examens, le diplôme, les récompenses...
Un travail exemplaire pour une famille heureuse.
"Je sais que tu en es capable", "Notre fille peut le faire". Bien simple.
Quelque chose à atteindre, et je sais que c'est là, quelque part devant.
J'ignore seulement la distance.
C'était le premier jour de Mai.
Et je crois que j'avais oublié tout ça.
— Un, deux, trois, quatre...
J'en avais oublié mon anniversaire ?
Oui, c'était le premier jour de Mai.
La plupart des élèves avait quitté le bâtiment principal.
"Ça, c'est dangereux."
Il faisait atrocement chaud.
Dans la fournaise, je comptais mes doigts...
"Je sais très bien ce qui est dangereux."
Le bruit de la sirène me perçait les tympans mais j'avais fait de mon mieux pour l'oublier aussi.
— Cinq, six, sept, huit...
C'était le premier jour de Mai.
Au moins, je m'en souviens parce qu'ils l'ont marqué comme ça sur le papier.
À côté de mon nom et des chiffres en petits caractères d'inprimerie.
— Un, deux, trois...
Une pastille de couleur glisse entre mes phalanges.
Celles que j'utilise pour me faire des notes de cours.
Elle est jaune, mais c'est difficile à croire.
"C'est dangereux, je te dis !"
Trois hommes pour une frêle fille.
Je n'avais pas souvenir d'être particulièrement féroce...
Je ne m'étais pas débattue.
— Six, sept, huit...
Non, ce n'était pas pour moi.
L'un se bouche les oreilles.
Je me rappelle l'horrible sirène.
Aïe
"Je n'ai jamais essayé. Je rate peut-être quelque chose ?
Je trouve toujours un moyen de rater quelque chose..."
C'était le premier jour de Mai et on m'avait offert un joli pansement.
La même couleur que la pauvre petite pastille. Je l'ai ramassée et elle ne colle plus.
Mais je ne lui en veux pas.
Je la garde comme souvenir.
— Huit, neuf...
Ah, tiens...
On a tous des moments d'égarement.
Moi, j'oublie de temps en temps.
Mais je pense que ce n'est pas si grave.
— Tu as compté, toi ?
C'est peut-être ça mon problème.
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