Fujiyoshida
En ce moment, j’ai la tête en foutoir. Mes migraines s’empirent. Les morceaux de verres s’agitent dans mon crâne, je masse mes tempes et serre les poings en priant que ça s’arrête.
Je pensais que le Japon allait guérir mes peines. Mais même le mont Fuji ne semble pas assez efficace. Il s’étend là devant moi, au-dessus de la ville. Grand et majestueux. Les rues sont vides, on entend les cours d’eau passer en dessous des bouches d’égout à l’effigie du mont. Quelques chats curieux laissent dépasser leur tête d’une ruelle étroite pour m’observer fumer une clope.
Qu’est-ce qu’il me faut de plus ? Un verre de vin blanc ou un joint chargé à ras bord ? Ce genre de médicaments qui apaise mon cœur une heure ou deux. Je me sens comme un puzzle avec une pièce manquante. Comme un texte inachevé laissé a l’abandon dans le disque dur.
Finalement, c’est ici que mes plaies font tomber leurs bandages. Je suis à vif. Incapable de faire le point. C’est la colère qui prend le dessus sur la douleur. Comme d’habitude.
Une pièce dans un temple, je m’incline timidement et oublie de formuler une prière. J’espère que des forces mystiques auxquelles je n’arrive pas à croire me filent un coup de main. Mais même si le firmament m’envoie un signe, je fermerai les yeux, continuerai mon chemin l’air de rien.
L’obscurité enveloppe la ville désormais. Le mont Fuji a disparu jusqu’au lendemain. J’allume une dernière cigarette avant d’aller me cacher sous la couette de mon futon.
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