Saitama
Quatorzième étage d’un hôtel à Saitama. Je suis nu, près d’un bain chaud extérieur perché sur le toit. J’observe la vue assise sur une chaise en plastique. Devant moi, la ville s’étend. Il fait nuit, alors c’est une ville qui m’éblouit de tout ce qu’elle possède. Enseigne de restaurant, lampadaires, guirlande et phare de voitures.
Les bains m’ont lessivé, je suis en prise avec cent réflexions à la minute. Certaines plus importantes que d’autre, mais peu importe. Ouais, peu importe, car une de ses réflexions ressemble à : merde… on est bien ici.
Cette vie-là me plaît. Une vie d’oisiveté et de poche pleine de yens. Le capitalisme m’a appris une chose : on ne manque de rien, ni de bonheur ni d’activité, tant qu’on a de l’argent. Suffit de se foutre dans un pays qui a compris la définition de divertissement et de se laisser porter. Le Japon fait ça à merveille. Des salles d’arcades, des bains chauds, des restaurants, des boutiques. Un décor qui te fait péter la jauge de dopamine. Ça brille, ça crie, ça sent.
Dans deux semaines je dois rentrer en France. Retrouver le manque d’oseille, la frustration d’avoir une classe politique défaillante et l’impression que la planète entière risque d’imploser à tout moment. J’essaie de ne pas y penser. De profiter. J’espère surtout que je saurai assumer le retour au bercail.
Pour l’instant, je retourne plonger mon cul dans l’eau chaude. Je retourne fondre avec les dix Japonais à poils qui m’entourent. Adieu le monde. Adieu jusqu’à dans dix minutes.
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