Chapitre 16

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 Le royaume de Cheim était le seul a pratiquer encore l'esclavage. Ses soldats envahissaient librement les pays aux alentours massacrant et pillant tout sur leurs passage. Leurs attaques incommodaient tout le monde car aucune logique ne semblait les guider.

 Une première partie des troupes de Cheim, placée sous la bannière du cheval d'argent, dirigé par Medhi bin Salmane Hisan et composée de 10 000 hommes, réussit à pénétrer dans le territoire en passant par la mer. Ils accostèrent non loin du Canyon du Jouran. Pendant que l'armée du lion rouge, celle dirigée par le Gal Meshedi, Kashim ben Nihad Al Cheim, le plus haut général de l'armée, se dirigeait vers le nord du pays. Mufasa quant à lui était resté en sécurité à Ganesh, la capitale, et attendait l'arrivée de troupes plus conséquentes qu'il dirigera ensuite vers le front.

 Jamal avait réussi à rassembler 25 000 hommes. Il envisageait 50 000 soldats à terme, mais ne sachant pas exactement qui des nobles du pays étaient de son côté, il ne pouvait qu'émettre une estimation. Cependant, son adversaire, qui dirigeait un pays beaucoup plus vaste que le sien, sera toujours en supériorité numérique, ce qui n'arrangeait pas ses affaires. Il avait beau être un excellent stratège, il assurait mieux sur la défense, contrairement à son ennemi qui était réputé pour ses plans d'attaques savamment pensés. Et cette bataille ne sera gagnée qu'à la mort de l'un d'entre eux. Il ne pouvait se permettre de perdre, il devra donc, à un moment ou un autre, se retrouver en position offensive.

 Lors de son conseil de guerre, à Siloé, il choisit de séparer ses troupes en 3 groupes. 10 000 hommes restèrent pour protéger la capitale. 8 000 partirent vers le Sud pour arrêter les troupes adverses qui avaient déjà pénétré sur le territoire. Ils étaient menés par son Gal Meshedi, Ibrahim Al Kizim, dont l'emblème était la lune argentée percée d'une flèche. Ils mirent près d'une semaine pour atteindre l'adversaire. Quand Ibrahim aperçu la bannière du cheval d'argent prêt du canyon, il décida de s'assurer d'avoir l'avantage du terrain. Il ordonna que ses troupes se divisent à nouveau en deux groupes, dont le premier fût composé de 3 000 hommes et constituait la cavalerie. Il en prit la tête et attendit en embuscade sur les rives du canyon pendant que le second groupe, composé de fantassins et lanciers prenait une autre route. Il servait d'appât pour attirer l'ennemi.

 L'adversaire tomba dans le piège et fut exterminé sous le flot des flèches, à l'endroit prévu. Cette offensive marqua la première victoire de Shamsen. Une fois leur mission accomplie, ils rejoignirent les 7 000 hommes menés par Jamal, sous la bannière du soleil d'or, à la frontière nord avec le royaume de Cheim. Ils le rejoignirent trois semaines après le début de la guerre.

 Pendant que Jamal se dirigeait vers le nord-ouest, Kashim lança une attaque dans la vallée d'Altilal, qui se trouvait par delà les rives du Nahr, frontière naturelle entre les deux royaumes. Il fit prisonniers les villageois des villages qu'il envahissait. Il fallut près de deux semaines à Jamal pour le rejoindre. Il mena une reconnaissance et découvrit que l'avant-garde du royaume de Cheim avait déjà pris en otage une grande partie de la population.

 Il y avait des femmes et des enfants parmi eux. Cela le mit en colère, tout comme ses généraux, et il eut beaucoup de mal à les empêcher d'attaquer sur le champ. Ce qui aurait été du suicide car 20 000 hommes avaient déjà établi leur campement au centre duquel les prisonniers avaient été placés. Il savait qu'il ne ferait pas le poids et qu'il allait devoir ruser s'il espérait remporter cette bataille. Il retourna dans son propre campement, situé à moins d'un kilomètre de celui de Kashim, afin de mettre en place son plan d'action.

 Il envoya 200 cavaliers attaquer le flanc gauche de l'adversaire. Ils avaient reçu l'ordre de rester à distance d'arcs et de frondes pour ne pas subir de perte. Kashim riposta en envoyant 1000 archers et 2000 lanciers pour les écraser. Les 3000 soldats du royaume de Cheim partirent à la poursuite de leur adversaire, pendant que le reste de l'armée les suivait à bonne distance. Après avoir emprunté un chemin étroit, ils arrivèrent dans un cul-de-sac. C'est à ce moment là que l'avant-garde du lion rouge aperçut l'armée principale Shamsen. Et c'est ainsi qu'au lever du jour se termina cette première bataille. À 7 000 contre 3 000, la victoire fut remportée par l'armée du soleil d'or, laissant un goût amer dans les rangs ennemies.

 Durant toute la semaine qui suivit, Jamal procéda à de multiples attaques visant à entraver l'avancée des troupes de Cheim et d'amenuiser progressivement ses forces. Les attaques surprises répétées avaient réduit leurs rangs à 12 000 hommes.

 Mais Kashim ne se laissa pas faire. Il rassembla quelques prisonniers qu'il plaça à genoux, en lignes, les mains attachées derrière le dos. Il positionna ses hommes derrière, lance au poing. Il se tenait à leurs côtés sur son étalon. Il leva son sabre et s'adressa à son adversaire.

 « Soldats Shamsen, lâches tapis dans l'ombre, grouillant telle la vermine ! Nous sommes désormais lassés d'assister à vos fourberies. Voilà ce qui arrivera si vous ne vous rendez pas ! »

 Il baissa ensuite son bras, qui maintenait son arme en l'air, donnant ansi l'ordre à ses soldats d'exécuter les otages. Chacun d'eux abaissa sa lance pour la planter dans le cœur des hommes alignés devant eux. Les otages s'effondrèrent lourdement sur le sol, leur sang vint abreuver la terre de la vallée déjà rougie par les précédentes batailles.

 Ce jour-là, Kashim avait choisi de positionner 8 000 hommes à l'avant-garde pour laisser les 4 000 restant à l'arrière, dans le cas où son ennemi répondrait à sa provocation et choisisse de l'attaquer de front malgré son nombre réduit. Mais Jamal ne voulut pas rentrer dans son jeu et préféra lui faire face avec seulement 2 000 hommes. Voyant cela, Kashim se moqua d'eux.

 « Quand ils sortent enfin de leur trou, ils ne sont que 2 000. Qui est à leur tête ? »

 Jamal s'avança, assis sur son cheval et se tint devant lui, la colère brillait dans ses yeux.

 « Barbare est un adjectif trop gentil pour vous, soldat de Cheim. Vous allez payer de vos vies, la capture de ces hommes innocents. Préparez-vous ! »

 Kashim, pas le moins du monde impressionné ordonna qu'on tire à volonté dès qu'ils seront à portée. Chacune des deux armées commencèrent à avancer pour rejoindre l'autre. Quand soudain un cri de guerre s'éleva dans la pleine. Kashim sourit moqueur.

 « Encore une embuscade ? Voilà qui n'est pas surprenant. »

 Levant les yeux vers le son qui provenait des hauteurs, il découvrit l'emblème de la lune argentée. La cavalerie du Gal Meshedi Shamsen était enfin arrivée. Jamal lui sourit. « Pile à l'heure », pensa-t-il. Les deux commandants Shamsen donnèrent l'ordre d'attaquer simultanément prenant à revers et de face l'armée du lion rouge. Mais Kashim ne se démonta pas.

 « Ils nous ont peut-être pris par surprise mais à vue de nez, ils ne sont que 3 000. Cela ne suffira pas pour briser notre avant-garde. »

 Mais c'était sans compter sur Jamal qui avait profité de la panique pour se détacher de son bataillon et rejoindre les hauteurs de la vallée. Il se plaça au-dessus de Kashim, à son insu et se mit en position. Il prit une flèche, banda son arc et tira. Elle atterrit en plein dans le front de son ennemi qui ne s'y attendait pas du tout. Il mourut une expression de stupéfaction figée sur son visage et s'écroula dans un bruit sourd.

 La victoire était pour Shamsen. Ibrahim hurla la nouvelle provoquant un vent de panique dans les troupes adverses. Voyant cela, il donna ses ordres à son armées.

 « Partez-tous à leur poursuite ! N'en laissez échapper aucun ! »

 Ibrahim rejoignit ensuit son roi pour lui faire une bourrade amicale.

 « C'était plus loin que ce à quoi je m'attendais. »

 Jamal sourit de ses dires.

 « Heureusement qu'ils ont été imprudents. Ils ont positionné leur armée principale en tête.

 — Ils n'auraient jamais imaginé que vous, le meilleur archer de notre armée, tente une percée en solitaire. »

 Ils furent interrompus dans leur discussion par un de ses généraux.

 « Nos ennemis s'enfuient vers Cheim. »

 Jamal se tourna vers son Gal Meshedi.

 « Ibrahim, puis-je te confier la poursuite ? »

 Ce dernier approuva et Jamal partit rejoindre les prisonniers.

 C'était là un spectacle désolant qui se tenait devant lui. Il s'avança au milieu d'eux. Ils étaient tous rassemblés au centre de l'ancien campement adverse, désormais désert de ses occupants. Ils étaient tous dans un état déplorable, épuisés et affamés, leurs vêtements déchirés.

 Le désespoir était visible sur le visage de chacun d'eux. Les mères tenaient leurs enfants dans une étreinte protectrice pendant qu'ils pleuraient de terreur. Les pères se tenaient farouchement devant leur famille dans une veine tentative de les protéger.

 Jamal descendit de son cheval et s'avança au milieu d'eux. Les gens murmuraient sur son passage: « Pourquoi ne sont-ils pas venus plus tôt ? »

 L'un d'entre eux se leva et l'interpella avec colère :

 « Pourquoi ne vous êtes-vous pas montrés ce matin ? Vous étiez tout près, n'est-ce pas ? Si vous étiez intervenus ! Ces gens ne seraient pas morts !! Alors pourquoi ... »

 Il s'effondra en sanglot. Un des généraux Shamsen s'avança pour prendre la défense de son roi.

 « C'est parce que ... »

 Jamal posa sa main sur son torse pour le couper, et lui défendit de s'approcher plus. Il s'avança ensuite vers l'homme et s'arrêta à sa hauteur. Il s'inclina devant tous et leur présenta ses excuses d'une voix chargée par l'émotion.

 Il aimait son peuple et ne pas avoir réussi à le protéger lui laissait un goût amer malgré la victoire qu'il venait de remporter.

 « Je suis désolé. »

 Toute l'assemblée en fut surprise et beaucoup se mirent à pleurer. Il donna l'ordre qu'on les détache. Alors qu'il s'adonnait aussi à la tâche, une petite fille l'intercepta. Elle avait de longs cheveux bruns en bataille, était vêtu de haillons et affichait un petit sourire malgré ses grands yeux bleus remplis de larmes qu'elle avait plongé dans les siens.

 « Je vous remercie de m'avoir sauvée et d'avoir vengé mon père mort ce matin. »

 Ses mots le touchèrent au cœur et il lui rendit son sourire. Il lui fit un signe de tête pour lui signifier sa reconnaissance. Mais elle baissa son visage vers le sol. Il fronça les sourcils devant son geste.

 « Je suis désolée, je ne pense pas ... Que ... Cet homme se trompe pour autant ... »

 Elle releva sa tête et lui fit face les yeux brillants de reconnaissance, ses mains jointes sur sa poitrine.

 « Mais ... Mais malgré tout, je voulais vous remercier. »

 Jamal ferma les yeux un instant trop ému par la situation, ce qui surprit la jeune fille. Il les rouvrit pour afficher une expression déterminée et s'abaissa à sa hauteur. Et lui posa la main sur ses cheveux et les caressa doucement.

 « C'est moi qui te remercie. »

 Elle lui offrit un magnifique sourire qu'il lui rendit.

 Ce jour-là, la bataille aura coûté 5 000 hommes au royaume de Cheim, ajouté à cela les pertes précédentes un quart de l'armée était tombée à Altilal. Du côté Shamsen, seuls 4 000 hommes avaient péri.

 L'armée de Jamal était désormais composée de 11 000 hommes. s'il comptait en plus les 2 000 hommes fait prisonniers, il avait en sa possession 13 000 hommes.

 Alors qu'il était en pleine réunion avec ses généraux, dans sa tente, les éclaireurs qu'il avait envoyés en terre de Cheim revinrent pour lui faire son rapport.

 « Mufasa a réussi à rassembler 40 000 hommes qui convergent vers la frontière. »

 Jamal estima qu'ils leur faudraient presque trois semaines pour atteindre le Nahr.

 « Bien. Nous ne pouvons rester ici. Après toutes ses batailles, nos soldats sont trop fatigués. Il y a aussi les 2 000 hommes que nous avons sauvés. Nous devons nous rendre à Jizé. Nous y aurons l'avantage du terrain. »

 Il prit la décision de demander des renforts parmi les recrues qui étaient encore en train de se faire former. Cela ne faisait que trois semaines que leur formation avait commencé mais il était persuadé que certaines étaient déjà prêtes. Après avoir donné ses ordres, il se leva pour sortir de la tente.

 Il inspira profondément et se passa la main derrière la nuque pour tenter de détendre ses muscles endoloris. Il décida de prendre un bain dans le fleuve. Il se dévêtit et s'immergea dans l'eau glacée. Il fit quelques brasses pour se réchauffer avant de s'allonger sur le dos pour se laisser porter par les flots.

 Il observa les étoiles et se demanda si sa femme pensait à lui en regardant le ciel de Siloé. Elle lui manquait terriblement. Il aurait tellement aimé l'avoir à ses côtés mais savait avoir pris la bonne décision. S'il venait à tomber durant cette guerre, ce sera à elle d'assurer la survie de son peuple. Et il savait pouvoir compter sur elle.

 Elle était faite pour régner et même si elle manquait encore de confiance en elle, il savait qu'elle sera une excellente reine, avec lui ou non à ses côtés. Il soupira quand ses pensées prirent un chemin obscur et se remit debout. Il retourna dans sa tente pour se coucher et s'endormit immédiatement.

 Le lendemain, ils partirent sur la route pour atteindre leur destination. Ils avancèrent lentement en raison de la fatigue, des blessures et de la faim qui commençait à se faire sentir.

Malheureusement, ils furent pris en filature par les 7 000 homme de Kashim qui avait réussi à leur échapper lors de leur dernier affrontement. Jamal confia la charge du convoi à Ibrahim et partit avec ses 3 000 archers pour tenter de les ralentir. Ils furent vite dépassés par la différence numérique.

 La bataille faisait rage et alors qu'il pensait sa dernière heure arrivée, une nouvelle troupe arriva. Il leva les yeux vers le nouvel arrivant et vis le drapeau de l'étoile filante, l'emblème de la famille Albtryrk.

 Rohan bin Labib Albtryrk appartenait à la noblesse Shamsen et Jamal n'avait jamais bien su s'il était son allié ou non. Il y eut un moment de flottement dans les rangs des deux armées avant que Rohan ne s'élance contre le flanc ennemie. Jamal sourit. L'espoir renaissait.

 Revigoré par cette surprenante arrivée, les troupes Shamsen gagnèrent la bataille alors que l'adversaire cédait à la panique. 3 000 soldat de l'armée du Lion Rouge réussirent à s'enfuir mais Jamal refusa de les poursuivre. Ils rejoignirent ensuite le convoi qui se dirigeait vers les collines de Jizé. L'armée Shamsen était désormais composée de 16 000 hommes.

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