Chapitre 18

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 Trente-cinq jours après le début de la guerre, Rayhan et Leïla passèrent devant la tente du père de celui-ci alors qu'ils revenaient de leur baignade nocturne. Ils l'entendirent échanger avec son adjoint.

 Piqués par la curiosité, ils décidèrent d'espionner la conversation.

 « Le roi se trouve en difficulté, j'ai reçu une missive ce matin et je sais que les autres généraux ont reçu la même.

 — Que dit-elle ?

 — Le roi demande à ce que nous envoyons nos meilleures recrues, afin de renforcer les rangs de l'armée.

 — Tu as déjà fait ta liste, j'imagine.

 — Oui, je les conduirai à Jizé, c'est là-bas qu'est notre lieu de rendez-vous. Tu devras finir d'entraîner les autres seul.

 — Oui, mon général. »

 Les deux espions s'en allèrent rejoindre leur tente quand les deux hommes discutèrent des détails techniques et logistiques relatifs à ce changement de programme.

 Perdus dans leurs pensées, troublés par ce qu'ils venaient d'entendre, ils se dirent rapidement bonne nuit avant de rejoindre chacun leur lit. Quand elle y fut arrivée, Leïla s'y allongea pour réfléchir à la conversation qu'ils avaient surprise.

 Dans quelques jours, elle serait sur le champ de bataille. Elle savait que cette nouvelle allait en réjouir plus d'un. Mais comme l'avait fait remarquer Rayhan le jour de leur rencontre, personne n'était prêt à ce qu'ils allaient affronter.

 La guerre n'avait rien de glorieux. La guerre c'était être confronté nuits et jours à la mort, à la souffrance, à la peur et à des atrocités sans nom. La guerre signifiait tuer ou être tué. Cela signifiait prendre la vie d'un inconnu, enlever à une mère un fils, à une épouse son mari, à un enfant son père.

 Elle savait qu'elle serait sélectionnée pour partir en premier, car malgré son apparence chétive, elle était classée parmi les meilleurs. Mais elle doutait désormais de son choix.

 Jamal et Rayhan avaient raison, elle n'avait pas sa place sur le champ de bataille. Mais comment aurait-elle pu rester assise sans rien faire, quand elle savait que son peuple se battait pour elle ? Quand son mari se battait pour protéger les siens ? Cela lui était tout simplement impossible.

 Non, elle irait sur le champ de bataille et elle se battrait pour mettre fin à cette guerre au plus vite. Elle le devait pour toutes ces femmes qui attendaient le retour de leurs bien-aimés. Elle devait agir et trouver un plan.

 Jamal lui avait dit un jour que le plus difficile était de pénétrer dans le camp ennemi. Elle savait aussi que Jizé se trouvait près de la frontière avec le royaume de Cheim. À quelques semaines de sa capitale, Ganesh. L'ennemi possédait une force militaire supérieure à la leur et c'était ce qui rendait cette guerre si difficile à gagner. Elle savait que Jamal était un excellent tacticien, mais elle savait aussi que le moral des troupes jouait beaucoup dans la balance. Il fallait trouver un moyen de leur redonner du courage et démoraliser l'adversaire.

 Mais malgré sa bonne volonté et son intelligence stratégique, elle ne pouvait pas faire de plan à distance sans savoir ce qu'il se passait sur le front. Toutefois, elle savait qu'elle devait aller là-bas car elle avait la conviction que ses compétences et son savoir seraient utiles à son mari. Bien décidée à ne pas se torturer la tête davantage, Leïla décida de dormir pour être au meilleur de sa forme le lendemain.

 La trompette du rassemblement sonna aux premières lueurs de l'aube. Toutes les recrues se levèrent et s'habillèrent en vitesse pour aller au point de rendez-vous. Malik bin Idir Muharib, le général, fit son annonce et c'est sans surprise que la jeune femme entendit son nom dans la liste, comme celui de Rayhan. Ils n'étaient qu'un tiers à partir.

 Ses compagnons qui avaient été choisis sautaient de joie, ravis de pouvoir démontrer leur force et leur courage au combat. Les autres qui avaient été recalés, ronchonnaient et pestaient à l'idée de ne pas faire partit du voyage. Certains allaient même jusqu'à l'insulter par jalousie, mais elle ne réagissait pas, trop perdue dans ses pensées pour leur accorder un quelconque intérêt.

 Elle savait qu'à l'instant où Jamal la verrait, il la reconnaîtrait immédiatement. Et cela l'attristait beaucoup, d'être si près de lui mais de ne pas pouvoir l'approcher. En effet, s'il découvrait sa présence, elle serait immédiatement ramenée à Siloé, sous bonne escorte, le privant d'hommes alors qu'il n'en avait déjà pas beaucoup. Et si un des commandants ou un des généraux venait à découvrir que c'était une femme, il se contentera d'appliquer la sentence sans poser de question, à savoir la peine de mort.

 Enfin peut-être pas, Rayhan semblait enfin adhérer à son histoire et annoncerait aux autres qu'elle était la reine. Il ne la laisserait pas tomber. Du moins l'espérait-elle. Elle ne pouvait de toute façon pas prendre ce risque..

 Elle espérait que l'équipe médicale soit en manque de personnel, car ainsi elle pourrait se joindre à eux, à condition que le général approuve la demande de son fils. Après avoir rassemblé ses affaires, elle partit rejoindre ses compagnons. On lui donna son cheval et ils partirent, tous ensemble, comme un seul homme, vers le front.

 Le voyage dura trois jours. Comme elle l'avait redouté, les recrues n'étaient pas prêtes pour ce qui les attendaient. Si tout le voyage s'était fait dans la bonne humeur, l'arrivée à Jizé leur fit l'effet d'une douche froide. La neige tombait sur les collines étalant son long manteau blanc sur la terre aride de l'été et gelée en cette saison hivernale.

 Il y avait trois collines au milieu de la plaine et c'est sur la plus proche du royaume adverse que Jamal et ses hommes y avaient établi leur campement. C'était une vraie forteresse entourée de douves et de pieux pointue derrière lesquels se tenaient des archers en embuscade. Ils gravirent la colline pour arriver au sommet, là où se tenait le campement.

 Il y avait beaucoup de blessés et le moral était au plus bas. Un de ses compagnons vomit lorsqu'ils passèrent près de l'hôpital au moment où on allait amputer la jambe d'un homme. Elle regardait autour d'elle afin d'estimer où elle serait le plus utile.

 Comme l'avait prédit Rayhan, l'équipe médicale était visiblement en sous effectif et il manquait de personnel pour aller chercher les blessés encore au front car ils n'étaient pas formé pour cela. Son ami lui fit un sourire. Elle comprit qu'il avait remarqué la même chose qu'elle.

 Si effectivement on manque de gens à l'hôpital son père avait plus de chance d'accepter sa requête. Elle déposa ses affaires dans leur tente. Ils avaient, tous les deux, pris des couchettes côtes à côtes. Une fois la tâche effectuée Rayhan se tourna vers elle.

 « Prêt Mayakrub* ? C'est le moment de vérité. »

 Elle hocha doucement sa tête et le suivit jusqu'à la tente du général. Il gratta contre le tissus de la porte et les annonça.

 « Monsieur, je suis la recrue Rayhan bin Malik Muharib, du premier bataillon d'infanterie, et je voudrais m'entretenir avec vous, m'en donnez-vous l'autorisation ?

 — Entre mon garçon. »

 Ils pénétrèrent dans la tente et trouvèrent l'homme torse nu, en train de se changer. Le rouge monta instantanément aux joues de Leïla mais elle se reprit très vite, se rappelant qu'elle était un garçon et qu'elle devait agir comme tel.

 « Tu n'es pas venu seul.

 — Non, Monsieur, c'est mon ami Leith qui souhaitait vous parler, je ne suis là que pour appuyer sa demande.

 — Qu'il parle pendant que je me change, je dois aller voir le roi, ensuite je n'aurais plus de temps.

 — Bien mon commandant, je souhaiterais changer d'unité. »

 L'homme se retourna vers elle, surpris.

 « Pardon ?

 — Oui, au risque que ma requête soit prise pour de l'insubordination, monsieur, je me dois de le faire pour le bien de notre unité. Je suis qualifié dans le domaine de la santé et ayant été formé pour aller sur le champ de bataille, il me semble plus judicieux de m'utiliser dans les forces médicales que dans l'infanterie.

 — Quand tu dis que tu possèdes des capacités médicales cela va jusqu'à quel point ? »

 Il était intrigué par sa requête d'autant qu'elle tombait à pique. La plus grosse faiblesse de leur armée résidait justement dans le manque de personnel qualifié dans ce domaine. Si bien que beaucoup de soldats mouraient à cause de cela.

 « J'ai souvent secondé ma sœur dans les soins qu'elle prodiguait aux habitants de Siloé, je connais les geste de premiers secours, je suis en mesure de faire des opérations ou des amputations, je sais ...

 — J'ai compris, mais tu es une trop bonne recrue pour que l'on se permette de t'envoyer jouer les infirmiers sur le front.

 — Avec tout le respect que je vous dois, monsieur, si vous continuez à envoyer des infirmiers, sans formations militaire et incapable de se défendre, vous vous retrouverez bien rapidement sans infirmiers du tout. »

 Il regarda l'ami de son fils pensivement. Il se félicitait de l'avoir mis dans sa liste. Il avait longuement hésité, au début, car il n'avait clairement pas le physique de l'emploi et il pensait qu'il serait le plus sensible aux atrocités qui les attendait.

 Mais sa première surprise avait été de le voir observer le camp sans broncher, même quand ils avaient vu un homme se faire amputer. Il comprenait maintenant pourquoi, s'il avait déjà fait face à ce genre de situation, c'était normal qu'il n'en soit pas autant affecté que ses camarades.

 Et il venait encore une fois de le surprendre avec sa requête. Ce garçon ne s'était pas contenté d'observer son nouvel environnement, comme il l'avait d'abords cru, non, il avait également essayer de voir et de comprendre comment tout le monde fonctionnait afin de déterminer où il serait le plus utile. C'était tout à fait remarquable.

 « Écoutez monsieur. »

 Elle était incapable de se taire devant son silence pesant.

 « Je suis petit et chétif, tout le monde pense que je suis un enfant. Grâce à cela, je peux me faufiler partout et personne ne se doutera que je sois de l'équipe médicale, ce qui est un atout étant donné que ce sont les premiers visés. D'autant que je suis en mesure de me défendre et de protéger quelqu'un également. »

 Il resta encore songeur un moment et finit par se résoudre d'accepter. Il pourrait toujours le changer d'unité si le besoin se faisait sentir. Mais il est vrai qu'à ce jour sa présence serait plus utile pour soigner que pour combattre. Il avait également entendu les rumeurs qui circulaient au sujet de sa sœur. On racontait partout que c'était un génie et qu'elle était capable de faire des miracles avec rien.

 Si son frère possédait ne serait-ce qu'un dixième de son talent, cela pourrait faire la différence et leur permettre de remporter les combats. Ils avaient déjà eut suffisamment de pertes et si ça continuait ainsi, il n'y aurait plus personne pour former les rangs.

 « Tu as raison. Je vais te présenter au chef de l'équipe. Tu resteras avec eux jusqu'à ce que ta présence soit nécessaire. Mais si le manque de soldats se fait ressentir tu reviens dans mon équipe, compris ? Tu pourras travailler de concert avec Rayhan. Il pourra t'aider à remonter les soldats du champ. »

 Ils répondirent d'une même voix avec un salut militaire exécuté dans une parfaite synchronisation.

 « Bien mon commandant.

 — Suivez-moi, je vais vous emmener dans votre nouvelle équipe, ensuite je ferai part à notre roi de ce changement. »

 Ils le suivirent jusque dans une tente où ils durent attendre à l'extérieur pendant que le général s'entretenait avec le chef de l'unité médicale. Ce dernier fut ravi d'accueillir de nouvelles recrues et ils furent mis immédiatement à contribution, sans qu'il ne se donne la peine de les rencontrer.

 Ils furent conduits dans la tente qui servait d'hôpital. Leïla observa à nouveau son environnement. Tant de blessés et si peu de gens pour les soigner. Elle savait qu'elle allait avoir besoin d'aide pour sauver un maximum de personne.

 « Rayhan ?

 — Oui Mayakrub ?

 — Tu accepterais de m'aider à soigner tous ses gens ?

 — Tant que tu ne me demandes pas d'opérer ou d'amputer quelqu'un, je suis ton homme. »

 Elle grimaça face à sa remarque. C'est vrai qu'opérer ou amputer un homme conscient n'a rien d'une expérience agréable. Elle lui donna son accord d'un signe de tête et réfléchit au moyen de rendre cet endroit plus productif et efficace.

 Elle remarqua que les blessés étaient emmenés et déposés sur un lit qui se libérait, soit parce que le propriétaire était mort, soit parce qu'il était guéri, et que bien souvent on ne savait plus qui avait été soigné et qui ne l'était pas encore. Elle se fit la réflexion aussi qu'un peu d'ordre ne serait pas de refus.

 Elle réfléchit à un système de ruban de couleur qu'on attribuerait aux blessés selon la gravité de leur blessure. Allant du bleu au rouge. Bleu pour les blessures les moins importantes de type entorse ou foulure, rouge pour les urgences vitales. Jaune pour les plaies ouvertes sans urgence vitale et vert pour les os cassés. Cette reconnaissance devait se faire en amont par les infirmiers sur le terrain, cela permettrait un gain de temps énorme et de soigner plus de vie au lieu de perdre du temps sur une bête entorse ou une côte cassée.

 Elle fit part de son projet à son ami qui approuva avec force. Ils allèrent voir le chef de la section qui refusa de l'écouter la jugeant insignifiante à ses yeux. Rayhan avait dû lui-même lui expliquer son projet pour qu'il accepte d'en parler au supérieur.

 Elle rageait face à son impuissance. Réalisant à quel point son physique lui était par moment préjudiciable. Elle avait rêvé lui hurler dessus en lui disant « Tais-toi et obéis je suis ta reine, stupide macaque! ». Mais elle s'était judicieusement retenue sous les coups d'œil amusé de son ami qui jubilait de la voir ainsi fulminer.

 Comme la réponse de leur supérieur tardait à venir, elle entreprit de former son assistant pour la tâche à venir. Elle lui expliqua tout ce qui serait susceptible de l'aider. Ayant l'habitude d'évoluer dans ces conditions, elle lui donna plein de conseils utiles. Si bien que rapidement un attroupement se forma autour d'eux.

 Le personnel soignant écoutait ses instructions avec attention. Ils n'avaient jamais pris en compte certaines de ses remarques qui leur auraient permis de sauver bien plus de vie.

 Personne n'avait compris l'importance de la stérilisation ou du fait que cela puisse être utile de nettoyer les bandages après utilisation. Dans leur esprit le bandage stoppait l'hémorragie, un point c'est tout. Et à aucun moment, ils ne s'étaient imaginés que faire cela pouvait être à l'origine d'une blessure plus grave pouvant provoquer un décès.

 Elle continua à déverser son savoir en montrant comment faire des soins rapidement tout en évitant au maximum la contamination de germes nuisibles à la santé du patient. Ils étaient tous en admiration devant ses connaissances et écoutaient avec attention tout ce qu'elle leur disait.

 Le rassemblement attira l'attention du responsable qui vint s'enquérir de ce qu'il se passait. On le lui expliqua et il demanda à parler à Leïla. Rayhan l'accompagna jusqu'à lui et elle eut des sueurs froides en reconnaissant l'homme devant elle.

 Il s'appelait Ali bin Mahdi Tabib. Elle s'était bien souvent entretenu avec lui quand elle séjournait au palais. Il était curieux d'entendre ce qu'elle avait à dire notamment sur la façon d'opérer ou de soigner des patients en conditions difficiles. Elle l'appréciait beaucoup car, contrairement à beaucoup d'homme de son époque, son genre ne lui posait pas de problème. Il la respectait et la traitait comme il l'aurait fait s'il s'était trouvé face à un homme.

 La grimace qu'elle fit ne passa pas inaperçu chez son ami. Il lui chuchota à l'oreille « Tu le connais ? ». Elle répondit de la tête, grimaçant de plus belle. Il lui serra la main pour lui donner du courage et elle lui offrit un petit sourire reconnaissant.

 Lorsqu'ils arrivèrent devant le bureau, le vieil homme releva la tête. Il eut un mouvement de surprise lorsqu'il la vit. Elle fronça les sourcils, comme elle l'aurait fait si elle n'avait effectivement jamais rencontré son interlocuteur.

 « Votre majesté ? »

 Il avait bredouillé sa question, indécis.

 « Non, je suis son frère jumeau, Leith. »

 Son visage s'éclaira d'un sourire rayonnant.

 « Le Tout-puissant soit loué ! Vous allez pouvoir faire des miracles, ici. »

 Elle lui rendit son sourire.

 « Me permettez-vous de vous faire part de mes conclusions afin de rendre cet endroit plus productif ? »

 Il la regarda soulager. Une lueur d'espoir se peignit sur ses traits.

 « Je vous en prie. »

 Elle lui expliqua tout ce à quoi elle avait réfléchis plus tôt. Le système des rubans, séparer la tente en différentes parties pour qu'il y ait des zones stériles, laver les bandages et stériliser au feu ou à l'eau bouillante tout instrument susceptible d'être utilisé.

 Il écouta ses recommandations tout en prenant des notes. Elle lui exposa ses idées au fur et à mesure qu'elles lui vinrent à l'esprit. Au bout d'un moment, il la regarda songeur.

 « On croirait entendre votre sœur. »

 Elle rougit et se reprit juste à temps avant de détourner ses yeux avouant ainsi sa culpabilité.

 « C'est qu'on se ressemble beaucoup vous savez. Et puis, à force de la côtoyer, j'ai appris beaucoup de choses. »

 Elle espérait que cela suffise à le convaincre mais face à son regard scrutateur, elle en doutait. Il n'était pas dupe. Il savait que son frère ne l'avait jamais accompagnée et qu'il était très nul en médecine. Il le savait parce qu'il avait déjà eut l'occasion de discuter avec lui. Et si les jumeaux se ressemblaient indéniablement, elle était plus petite et plus frêle que lui.

 Toute personne les ayant déjà côtoyés était capable de les différencier. Il comprit qu'elle était là sans l'accord de son mari et il pouvait bien comprendre pourquoi. Il posa ses yeux sur l'homme qui l'accompagnait. Le regard qu'il lui réservait était inquiet et protecteur. Il sut qu'il savait aussi qui elle était. Il prit donc sa décision.

 « Votre majesté, et si nous arrêtions de faire semblant. Nous savons tous qui vous êtes. »

 Elle rougit honteuse d'avoir été si facilement démasquée.

 « Allez-vous le dire à Jamal ?

 Il la regarda songeur, passant sa main sur sa longue barbe grise. Il enleva ses petites lunettes qu'il portait sur le nez pour prendre l'une des branches dans sa bouche. Il la scruta de son regard sévère avant de retirer l'objet de sa bouche.

 « Non. »

 Elle soupira de soulagement et il lui sourit.

 « Je pense que vous avez vos raisons d'être ici. Même si je suis d'accord avec mon roi et qu'il aurait été, en effet, préférable que vous soyez restée à Siloé, je ne peux m'empêcher de penser que votre présence ici est une véritable bénédiction.

 — C'est pour cela que j'ai décidé de venir. Je savais que cela pourrait faire la différence.

 — Mais je ne peux vous laisser prendre de risques inutiles. Vous serez toujours accompagnée.

 — Je ne la quitterai pas d'une semelle soyez en rassuré, je donnerai ma vie pour elle. »

 Rayhan avait pris la parole pour la première fois depuis le début de l'entretien, rappelant ainsi sa présence parmi eux. Le vieil homme lui lança un regard inquisiteur.

 « Et vous êtes ?

 — Je suis Rayhan bin Malik Muharib. »

 Sa réponse l'intrigua.

 « Le fils de Malik ?

 — Oui, monsieur.

 — Je vois, alors je pense qu'il n'existe pas meilleure escorte dans ce cas. Je me dois tout de même de prévenir votre père. »

 Rayhan grimaça.

 « Je ne pense pas que cela soit une bonne idée. Ne dites rien pour le moment, s'il vous plaît. Moins de gens le savent mieux cela sera. Nous nous mettons le roi à dos en suivant la reine dans son plan. Je ne veux pas lui causer de problèmes d'autant que mon père choisira de lui révéler sa présence. Il lui voue une allégeance sans borne. Nous lui dirons seulement si cela s'avérait nécessaire pour assurer sa protection.

 — Bien, faisons ainsi. »

 Ils se quittèrent sur une poignée de mains et reprirent leurs activités. Leïla et Rayhan soignèrent et pensèrent les blessés, elle opéra, il rassura ses patients toute la nuit.

 Ce n'est qu'aux premières lueurs du jour qu'on leur donna l'ordre d'aller se reposer. Après s'être nourrit, ils dormirent durant six heures d'affilées avant de reprendre leur travail. On leur apportait à manger et à boire de temps en temps pour qu'ils ne s'effondrent pas.

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*Mayakrub : Microbe

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