Chapitre 24

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 À son réveil, Leïla fut heureuse de découvrir que son ami s'était enfin réveillé. Elle apprit que son frère était aussi ici et mit tout en œuvre pour le retrouver. Elle avait demandé à ses amis d'arpenter la ville afin qu'ils l'aident dans ses recherches. Ils leurs falluent plusieurs jours pour le retrouver.

 Elle était rongée par l'inquiétude durant tout ce temps, priant pour qu'il ne se soit pas fait arrêter. Grâce à ses compétences médicales, elle avait reçu l'autorisation de prendre soin des esclaves. Comme cela ne coûtait rien à leurs propriétaires, ils avaient accepté sans trop broncher. Elle s'assurait donc, à chacune de ses visites, que son frère ne se trouvait pas parmi eux.

 Quant à Leith, il était aussi à la recherche de Rayhan et arpentait la ville dans l'espoir de les retrouver tous les deux. Quand il ne l'avait pas vu à leur lieu de rendez-vous, il avait commencé à s'inquiéter. Il avait peur qu'il lui soit arrivé malheur et n'osait pas s'approcher seul de l'enclave aux esclaves, de peur de se faire arrêter.

 Il se cachait et dormait dans des endroits sombres pour ne pas attirer l'attention. C'est finalement Zélie qui le retrouva par hasard alors qu'elle s'était rendue sur le marché pour acheter des produits de première nécessité.

 Il s'était rentré dedans par accident et elle l'avait d'abord pris pour Leïla. Elle l'avait alors interpellé par son prénom qui était toujours celui que la reine utilisait. Il s'était retourné et elle avait compris sa méprise. Elle lui avait fait un sourire éblouissant.

 Il avait froncé les sourcils ne comprenant pas ce qu'elle voulait et paniquant légèrement à l'idée qu'elle puisse le connaître alors que lui non. Elle l'avait attiré dans une ruelle sombre, à l'abris des regards et lui avait donné son identité. Rassuré qu'elle soit une amie de sa sœur, il l'avait suivie sans broncher.

 Les retrouvailles des jumeaux furent explosives. Ils coururent l'un vers l'autre dès qu'ils s'aperçurent. Ils se jetèrent dans les bras de l'autre à grands cris avec de grandes embrassades. Ils pleurèrent sous le coup de l'émotion, trop heureux de se retrouver enfin après cinq mois de séparation.

 « Tu m'as manqué minus !

 — Toi aussi petit génie ! »

 Leith embrassa le front de sa sœur tout en la serrant fortement dans ses bras. Il inspira son odeur familière mais se recula d'un bond une expression de dégoût marquant ses traits.

 « Tu pues ma parole !! »

 Elle le fusilla du regard vexée et fronça son petit nez.

 « Et toi alors ? Tu t'es sentis peut-être ? On dirait que tu t'es roulé dans du crottin de chèvre ! »

 Ils se chamaillèrent devant le regard ébahis de Rayhan et Zélie. Puis sans crier garde, ils commencèrent à se battre à coup de poings et de pieds engageant un combat des plus sérieux. Les deux autres commencèrent à paniquer de les voir ainsi se bagarrer et tentèrent vainement de les raisonner.

 Quand soudain, le duel cessa comme il avait commencé et les jumeaux éclatèrent de rire. Ils se tenaient les côtes à cause de leur hilarité et finirent par se calmer. Ils se prirent à nouveau dans les bras l'un de l'autre trop heureux de s'être enfin retrouvés.

 Une fois le calme revenu, Leïla décida de monter une cellule de crise dans la cabane de Zélie pour décider de la suite du programme. Ils savaient tous que quitter la ville était désormais impossible. D'autant que maintenant ils étaient trois à posséder les connaissances militaires nécessaires à la réalisation d'un coup d'État et tenaient là une occasion en or qu'ils ne devaient surtout pas rater.

 Ils étaient tous les quatre rassemblés sur le sol, un coussin sous les fesses et une tasse de thé sur la table entre eux. C'est elle qui présidait la réunion.

 « Bon, comment on procède ? Vous avez des idées ? »

 Ils la regardèrent tous songeurs réfléchissant à un plan d'action. Zélie avait beau n'avoir aucune compétence dans le domaine militaire, elle connaissait mieux la ville qu'eux. Rayhan reprit la parole le premier.

 « Je pense que saboter les convois qui partent pour le front serait un bon début. »

 Tous approuvèrent cette idée. Leïla se tourna vers son amie.

 « Zélie ? Tu aurais une idée pour faire diversion ? »

 L'interpellée lui offrit un grand sourire machiavélique qui contrastait avec son physique d'ange.

 « Oh oui ! Ignores-tu que l'ennemi de l'homme est la femme, très chère ? »

 Les deux hommes présents furent offusqués de sa déclaration, accentuant le mépris que Rayhan ressentait envers elle, en raison de son métier. Elle lui offrit un petit sourire ironique.

 « Et bien quoi "Monsieur je suis le fils d'un grand général", tu n'es pas content de te trouver en compagnie d'une fille de ma condition ? »

 Elle s'approcha de lui et baissa la voix, un sourire sensuel dessiné sur ses lèvres.

 « Je pourrais te faire découvrir bien des merveilles, tu sais ...?

 — Ça suffit ! »

 Il s'était relever d'un bond, fuyant sa présence.

 Depuis son rétablissement, ils vivaient tous les trois sous le même toit, de cette façon Leïla pouvait apporter son aide à Zélie et lui pouvait assurer la protection de sa reine. Mais Zélie avait tout de suite trouvé Rayhan trop arrogant et imbus de sa personne surtout quand il l'avait regardée avec désapprobation quand il avait appris à quoi elle occupait ses journées et certaines nuits.

 Elle s'amusait à le provoquer chaque fois qu'elle en avait l'occasion cherchant à le faire sortir de ses gonds. En réalité, elle était blessée qu'il la juge ainsi alors qu'elle n'avait pas le choix pour subvenir au besoin de sa famille n'ayant pas de mari pour l'aider.

 Leïla les observa tour à tour. Lui debout, les yeux transpirant de dégoût, quand l'autre, toujours assise, le regardait avec un sourire aguicheur. Elle porta son attention sur son frère qui les observait aussi les bras croisés sur son torse dans une moue réprobatrice. Elle soupira et se leva pour se mettre entre eux.

 « Arrêtez tous les deux. »

 Elle baissa sa tête vers Zélie pour s'adresser à elle.

 « Quelle est ton idée ? »

 Zélie soupira et lui indiqua sa place du menton lui faisant ainsi comprendre qu'elle pouvait retourner se rasseoir. Leïla lui obéit et se rassit. Elle plaça ses mains jointes sur la table et attendit que l'autre parle. Rayhan en avait fait de même.

 « Je peux demander à mes collègues de m'aider pour attirer le convoi dans une ruelle sombre et détourner leur attention. Pendant ce temps vous vous occuperez de piller les chariots. »

 Les jumeaux approuvèrent son idée. Leïla se tourna vers Rayhan qui avait son attention toujours fixée sur Zélie. Ses yeux lançaient des éclairs. Ses dents et ses poings étaient serrés si fort que les jointures blanchissaient. Il avait beaucoup de mal à se contenir. Elle regarda son frère et lui indiqua son ami d'un mouvement de tête.

 Quand il reporta son attention sur elle, elle leva son sourcil dans une interrogation muette et il haussa les épaules en réponse. Il ne savait pas pourquoi il réagissait avec tant de virulence. Il surprit tout le monde en se levant d'un coup, si brusquement qu'il renversa sa tasse, déversant son contenue sur la table. Il n'y prêta pas attention et quitta la pièce sans un mot.

 Zélie fut blessée de sa réaction. Des larmes commencèrent à perler le long de ses cils. Elle les essuya d'un geste rageur et se leva pour partir à sa poursuite. Les jumeaux se regardèrent ne sachant pas comment gérer la situation.

 Ils choisirent de les laisser parler entre eux, c'était un problème qui ne les concernaient pas. Au lieu de cela, ils discutèrent de ce qu'ils avaient vécu durant ces 5 derniers mois et elle fut ravie d'avoir des nouvelles de ses amis qui commençaient à lui manquer beaucoup.

 Quand l'heure de manger arriva sans les voir revenir, ils commencèrent à s'inquiéter. Elle prépara le repas et rassura tant bien que mal les enfants sur le sort de leur mère mais se heurta à nouveau à la méfiance de Yassin. Leith prit la relève et réussit à calmer ses doutes.

 Ils partirent, tous les deux, chercher les deux absents pendant qu'elles restaient entre filles. Ils revinrent tous les quatre, une heure plus tard. Ils avaient tous deux de multiples bleus et écorchures sur le corps. Les jointures de Rayhan étaient toutes écorchées comme s'il s'était battu.

 « Que s'est-il passé ? »

 Leïla se précipita vers eux, inquiète de les voir dans cet état. Son frère la pris à part, ainsi que les enfants pour les laisser entre eux.

 « Ne t'en fais pas petit génie, ils vont bien. Zélie s'est faite agresser par deux hommes complètement saouls. Rayhan, qui n'était pas loin, a entendu ses cris et lui ait venu en aide immédiatement. Je suis arrivé juste à temps pour l'empêcher de les tuer tant il était en colère.

 — Mais pourquoi tu ne veux pas me laisser examiner leurs blessures ?

 — Parce qu'ils doivent discuter.

 — Mais de quoi !?

 — De ce qui se passe entre eux. »

 Elle ne comprenait pas ce qu'il voulait dire et sa mine déconfite provoqua l'hilarité de son frère.

 « Et oui, petit génie, pour une fois que c'est moi qui remarque ce genre de choses ! Tes amis sont amoureux. »

 Elle était très surprise de sa conclusion. Mais après réflexion, cela expliquait leur comportement étrange vis-à-vis de l'autre. Elle sourit, heureuse de la tournure que prenait les évènements. Elle trouvait qu'ils allaient vraiment bien ensemble.

 Zélie avait besoin d'un homme comme lui pour veiller sur elle et ses enfants. Et Rayhan avait besoin d'une femme comme elle, capable de lui tenir tête mais qui l'aime de toutes ses forces. Elle se fit la promesse de tout faire pour qu'ils aient une vie heureuse.

 Zélie, après sa discussion avec Rayhan, avait accepté d'arrêter son travail pour en trouver un autre plus approprié. Alors qu'elle passait près du château, elle entendit deux servantes se plaindre qu'ils manquaient de personnel. Elle les aborda pour leur dire qu'elle cherchait du travail. Elle fut convoquée le lendemain par leur responsable et engagée dans la journée. Cette nouvelle ravit leur petit groupe. Désormais, ils avaient des yeux et des oreilles dans le palais.

 Pendant ce temps, Leïla avait encore gagné en notoriété, se faisant également connaître parmi la classe populaire. Beaucoup venait la voir pour sa sagesse et ses connaissances. Elle dissimulait encore son visage et son frère faisait de même pour ne prendre aucun risque. Elle était toujours accompagnée par l'un des deux hommes, voire les deux en même temps, qui assuraient leur rôle de garde du corps avec beaucoup de zèle. Tant et si bien qu'ils ne la lâchaient pas d'une semelle. Même pour faire sa toilette.

 Elle comprenait la nécessité de toutes ces mesures mais ne se privait pas de râler à chaque fois qu'ils envahissaient un peu trop son intimité. Elle était cependant heureuse car elle possédait désormais de bonnes bases pour un soulèvement. Il ne leur restait plus qu'à libérer les esclaves pour avoir une petite armée qu'ils étaient trois à être capable de la diriger.

 L'affection entre Rayhan et Zélie ne cessait de grandir. D'autant que les deux petits aimaient beaucoup le jeune homme. Et il leur rendait bien leur affection. Le jour ou la petite Yasmine avait demandé si elle pouvait l'appeler papa, il en fut tout ému et chamboulé. Il lui avait dit que oui elle avait le droit mais Zélie avait alors riposté en le lui interdisant tant qu'il ne lui avait pas passé la bague au doigt. Cela avait fait rire tout le monde. Mais Leïla remarqua que ce n'était pas la seule idylle à fleurir autour d'elle.

 Son frère semblait porter une affection toute particulière à Soraya, son apprentie. Si bien qu'il passait plus de temps avec cette dernière qu'avec elle. Tout comme sa sœur, il s'était trouvé une passion pour la médecine mais préférait l'herboristerie. Il était donc devenu l'apprenti de Miriam et, une fois la formation de Soraya achevée, ils formèrent tous les deux une bonne équipe, allant de maison en maison pour soigner leurs patients. Lui, confectionnant les médicaments, quand elle les prescrivait.

 Leïla était heureuse de ce dénouement et soulagée de ne plus avoir besoin de s'occuper de cela car elle pouvait ainsi se concentrer sur sa mission principale : Prendre possession de la ville. Comme Rayhan ne la quittait pas d'une semelle et que les autres travaillaient toute la journée, ils passaient leur temps libre à réfléchir à la question. Grâce à Zélie, ils avaient réussi à obtenir quelques informations sur ce qu'il se passait sur le front.

 Toute la frontière était le théâtre de multiples affrontement entre les deux armées. Il s'agissait de frappes éclaires ayant pour but d'affaiblir l'adversaire. Jamal avait beau être toujours en infériorité numérique, malgré le rassemblement de la globalité de ses troupes, il arrivait toujours à tenir tête à son opposant.

 Mais cette guerre ne devait pas s'éterniser et si pour l'instant Mufasa n'avait toujours pas réussi à retourner en territoire Shamsen, ce n'était qu'une question de temps avant qu'une erreur soit commise et qu'il fasse une percée. La réciproque était vraie. Et c'est d'ailleurs ce que chacun d'eux attendait.

 Elle aurait voulu qu'il soit à ses côtés en ce moment, pour l'aider à concevoir son plan d'action maintenant qu'elle avait tous les éléments nécessaires entre ses mains. Mais elle ne pouvait se permettre de prendre le risque de dévoiler sa présence à Ganesh. Elle savait qu'elle devait se débrouiller seule.

 Mais elle se consolait de savoir que si elle soumettait la capitale et que si elle gelait leurs ressources, l'armée de Cheim se retrouverait désavantagée et cela fournirait l'occasion qu'ils attendaient pour gagner.

 Mais avant d'en arriver là, il pouvait déjà empêcher les convois de partir ou du moins, empêcher leur chargement d'atteindre le front. Le soutien indéfectible de Rayhan et de son frère, ainsi que leur précieux conseils militaires, lui était d'un grand réconfort. Elle avait terriblement peur de faire des erreurs et était rassurée d'avoir de si précieux alliés à ses côtés.

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