Chapitre 25

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 Un soir, alors qu'elle était allongée sur sa couchette, Leïla repensa à tout ce qu'il s'était passé. Cela faisait désormais huit mois qu'elle était séparée de Jamal et il lui manquait terriblement. Elle se rappelait les jours passés à ses côtés, à toutes ses soirées à travailler dans son bureau, à leurs moments de complicité et surtout au jour de son mariage, ce jour et au lendemain qui avait sonné leur séparation.

 Mais soudain une douleur pulsatile se manifesta dans le bas de son dos. Elle l'ignora au début mais cela ne fut bientôt plus possible car la douleur se faisait de plus en plus forte. Elle décida de se lever pour marcher un peu, pensant qu'elle s'était certainement mal positionnée quand elle s'était allongée.

 Elle sortit de la chambre qu'elle partageait avec Rayhan et son frère et quitta la cabane pour profiter de l'air frais de la nuit. Cela lui fit un bien fou et elle inspira à plein poumon pour tenter de se détendre. Elle déambula devant le perron. Mais au bout d'une heure sans amélioration, elle commença à angoisser, d'autant qu'elle avait le sentiment que le mal se faisait plus intense.

 Elle remarqua aussi que les pulsations étaient de plus en plus rapprochées et elle avait l'impression que son utérus se contractait à un rythme régulier. Elle réfléchit à quand remontait ses dernières menstrues, la douleur du début étant sensiblement la même elle pensa qu'elle avait un peu d'avance. Mais elle se souvint les avoir eu la semaine passée.

 De plus en plus inquiète, elle décida de faire des séries de mouvements d'assouplissement pour se détendre et penser à autre chose. Elle les avait appris durant sa formation au camp. Elle aimait beaucoup la sensation que lui provoquaient ces enchaînements. Elle avait l'impression de voler. Néanmoins, au bout de deux heures sans observer une quelconque amélioration, elle arrêta ses exercices. Elle commença à avoir froid et choisit de rentrer à l'intérieur. Mais quand elle passa le seuil, elle entendit un léger bruit de claquage avant de voir un liquide transparent couler le long de ses jambes.

 « Impossible ! »

 Elle venait de comprendre ce qu'il lui arrivait. Elle venait de perdre les eaux. Elle était enceinte. Elle allait avoir un bébé. Pas dans neuf mois, maintenant. Elle sentit la panique affluer et la chassa d'un geste rageur, agacée. Elle ne devait pas craquer. Il était impératif qu'elle garde son calme. Elle inspira puis expira profondément. Elle recommença l'opération plusieurs fois jusqu'à atteindre une relative sérénité.

 Elle se rendit ensuite dans la chambre de son amie. Elle la trouva allongée par terre, sur son matelas, entourée par ses bambins. Ils dormaient tous profondément. Cette vision l'aurait fait sourire si la situation n'était pas aussi critique. Elle se rendit doucement à son chevet et s'accroupit au niveau de sa tête. Elle se pencha au-dessus de son oreille et chuchota pour ne pas réveiller les autres.

 « Zélie ? Zélie ? Réveille-toi, s'il te plaît. »

Voyant qu'elle n'y arrivait pas ainsi, elle la secoua comme un prunier.

 « Zélie, réveille-toi ! J'ai besoin de toi. »

 L'endormie grogna et s'assied sur son séant. Elle se frotta les yeux, encore ensommeillée, et les posa sur elle. Elle avait les cheveux tout emmêlés et de la bave séchée sur la joue.

 « Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

 — Je suis en train d'accoucher ! J'ignorais que j'étais enceinte, c'est vrai d'abord ! Mon corps ne s'est pas modifié et puis j'avais toujours mes menstrues et puis ...

 — Stop, stop, stop, pourquoi penses-tu être en train d'accoucher ? »

 Elle était maintenant bien réveillée mais la regardait sceptique. Était-elle en train de rêver ou tout ceci était bien la réalité ?

 « J'ai des douleurs dans le bas du dos depuis trois heures maintenant et j'ai senti un liquide couler le long de mes jambes et puis ... Ah ah aaaah !! »

 Elle lui agrippa le bras enfonçant ses ongles dans sa peau. Au vu de la douleur, visiblement, non, elle n'était pas en train de rêver. Elle commença aussi à paniquer.

 « Quoi, qu'est-ce qu'il y a ?

 — Je crois que je suis vraiment en train d'accoucher ! Je sens un truc descendre comme si je faisais caca par devant.

 — D'accord, d'accord. Calme-toi. On va aller dans le salon pour ne pas réveiller tout le monde. »

 Elles se levèrent et avancèrent lentement car Leïla était pliée en deux à cause de la douleur, si bien qu'elle devait attendre entre deux contraction que la douleur s'estompe pour avancé. Zélie la soutint du mieux qu'elle le put et elles arrivèrent enfin sur l'amas de coussin qui servait de canapé.

 Leïla s'y allongea sur le dos. Elle était toujours étonnée de la situation. Elle était plate comme une planche, si effectivement elle était en train d'accoucher, où donc était son bébé ? Son amie l'aida à enlever son pantalon et regarda entre ses jambes pour voir comment le travail avançait et surtout où elle en était. Elle la vit blêmir et prendre une profonde inspiration

 « Qu'est-ce qu'il se passe ?

 — Et bien, ma chère, tu es effectivement en train d'accoucher ! Je ne vois pas encore la tête, ce qui est plutôt rassurant en soit, mais ton corps est prêt pour son arrivée. Je pense qu'il est engagé dans ton bassin, c'est ça que tu as senti. Tu vas pousser quand je te dirais et tout se passera bien, d'accord ? »

 Leïla secoua sa tête. Rien n'allait. Elle était en train d'accoucher. Pas dans neuf mois. Maintenant. Elle n'était absolument pas prête. Serait-elle une bonne mère ? Et Jamal ! Elle n'avait jamais parlé d'enfant avec lui. C'était peut-être trop tôt. Et puis comment cela se faisait-il qu'elle tombe enceinte, c'était sa première fois quand même. Depuis quand on tombe enceinte si vite et puis ...

 Zélie la coupa dans ses pensées en plaçant ses deux mains sur ses joues.

 « Regarde-moi ! Respire, Leïla, respire, pour l'amour du ciel, tu es en train hyperventiler. Tu vas finir par avoir un malaise. Je vais chercher ... »

 Elle recommença à paniquer. Elle ne voulait pas rester seule. Elle ne devait pas s'en aller.

 « D'accord, d'accord, je reste avec toi. On va procéder autrement. »

 Zélie prit une grande inspiration.

 « RAYHAN ? LEITH ? VENEZ DANS LE SALON ! J'AI BESOIN DE VOUS ! »

 On entendit des grognements étouffés suivis de pas précipités en même temps que les pleurs d'enfants. Ce qui fit râler leur mère et pouffer Leïla.

 « Mince, j'ai réveillé les enfants.

 — En même temps, tu étais obligée de crier comme ça ? »

 Les deux hommes arrivèrent à ce moment-là Ils étaient à l'affût de la moindre menace fouillant la salle du regard. Ne voyant rien d'inquiétant, ils reportèrent leur attention sur les filles installées dans une position étrange.

 « Que se passe-t-il ?

 — Leith, va dire à Yassin de s'occuper de ses sœurs, et toi, Rayhan, va me chercher une bassine d'eau pure et des linges propres. »

 Elle leur donna ses ordres sans relever la tête, concentrée sur l'arrivée imminente du bébé. N'entendant aucun bruit, elle releva les yeux vers eux. Ils la regardaient étrangement cherchant à comprendre ce qu'il se passait. Elle s'énerva.

 « Dépêchez-vous ! Elle est en train d'accoucher. »

 Ils l'observèrent et la virent avec le teint blême, les dents serrées par la douleur. Ils avaient entendu les propos de leur amie mais ne comprenaient toujours pas. Zélie s'impatienta.

 « Maintenant ! »

 Ils clignèrent plusieurs fois des yeux avant de comprendre l'urgence de la situation. Le premier s'élança dans la chambre familiale pour dire au garçon de s'occuper de ses petites sœurs et récupéra ensuite des linges propres avant de revenir dans le salon. Il fut suivi de près par le second qui était parti remplir un seau d'eau qu'il avait filtré dans une bassine.

 Leith garda un linge et posa la pile qui restait près de Zélie. Il s'assit, les jambes en tailleur, au chevet de sa sœur. Il lui caressa doucement les cheveux et entrepris de lui essuyer les perles de sueur qui humidifiaient son front. Elle lui offrit un petit sourire, le visage crispé par la douleur. Elle était pâle. Beaucoup trop pâle à son goût.

 Il déposa ses lèvres sur sa tempe pour lui insuffler du courage. Il lui prit la main en signe de soutien. Elle fit un léger mouvement du menton pour lui exprimer sa reconnaissance et reporta son attention sur la tâche qu'elle avait à mener, c'est-à-dire, pousser pour faire sortir cette vie qui s'était épanouie en elle à son insu.

 Rayhan s'approcha de l'apprentie sage-femme. Il déposa la bassine non loin d'elle et posa sa main sur son épaule pour lui assurer son soutien.

 « Tu peux aller te recoucher, si tu veux. »

 Il secoua la tête pour lui signifier son refus et s'assit à ses côtés, dos à Leïla, pour préserver son intimité, et posa sa main sur sa cuisse.

 « Non, je reste au cas où tu aurais encore besoin de moi. »

 Elle lui donna son accord d'un petit hochement de tête et se concentra sur son travail.

 Leïla avait mal, horriblement mal. Elle se retenait de hurler pour ne pas alerter la totalité du voisinage. Elle savait par expérience que hurler était inutile, cela n'enlevait en rien la douleur que l'on ressentait. Elle entendait au loin la voix de Zélie qui lui ordonnait de pousser. Et c'est ce qu'elle faisait. Elle serrait la main de son frère, rassurée de l'avoir à ses côtés.

 Elle remerciait le Tout-puissant pour cette grâce qui lui était offerte. Elle aurait beaucoup moins bien vécu ce moment sans lui. Elle était triste que Jamal ne soit pas présent. Elle aurait aimé qu'il la rassure, qu'il lui dise que tout irait bien. Elle entendait ces mots de la bouche de son frère mais c'était de la sienne qu'elle souhaitait les entendre. C'était sa voix, et uniquement la sienne, qu'elle voulait, mais malheureusement, son vœu ne pouvait-être exaucé. Une larme coula sur sa joue et Leith s'empressa de l'essuyer.

 « Tout ira bien, petit génie. D'accord ? Je suis là et je ne t'abandonnerai pas. Tout va bien se passer. Rayhan et moi, on vous protégera et tu retrouveras bientôt Jamal. Hum ? »

 Elle serra plus fort sa main et laissa libre cours à ses sanglots ce qui fit gronder son amie.

 « Ne pleure pas ! Tu empêches le bébé de bien descendre. À chacun de tes hoquets, tu le fais remonter. Garde courage ma belle, je vois la tête ! »

 Elle inspira profondément et se concentra sur ses ordres. Pousser. Arrêter. Respirer. Pousser. Arrêter. Respirer. Elle occulta tout le reste et se focalisa uniquement dessus.

 « Je l'ai ! »

 Ces paroles lui firent l'effet d'une douce mélodie, ô combien attendue. Elle riait et pleurait en même temps, perdant le contrôle de son corps. Elle lui remit sa fille et elle lui caressa le visage délicatement. Sa fille.

 Elle était un peu triste de ne pas avoir donné d'héritier à son mari mais se réjouissait tout de même de sa venue. Tous ses doutes s'envolèrent quand elle plongea son regard dans celui de l'enfant. Plus rien d'autre ne comptait. Mais on la lui reprit bien trop vite, la faisant grogner et provoquant l'hilarité des autres.

 « Ce n'est pas fini ma chérie. Tu dois encore faire sortir le placenta. Pendant ce temps Rayhan va la laver et l'emmailloter dans un lange. Tu veux bien ? »

 Elle ne voulait pas mais lui donna quand même l'enfant. Rayhan la prit délicatement et la lava avec un linge humide, aidé par Leith qui le secondait. Ils l'emmaillotèrent ensuite pendant qu'elle continuait de pousser, soufflant comme un bœuf, espérant se débarrasser de cette étape rapidement.

 Leïla se concentra à nouveau et continua de pousser. Inspirant et expirant doucement pour économiser ses forces.

 « Oh, oh ! »

 Tout le monde se tourna vers Zélie. Elle était en train de rire nerveusement.

 « Quoi, qu'est-ce qu'il y a ? »

 Elle réussit à se calmer et essuya les larmes de ses yeux.

 « Il y en a un autre !

 — Oh non ! Non, non, non, non !!

 Leïla avait l'impression que le monde allait s'écrouler.

 « C'est une blague ?

 — Non, ma chérie. C'est la stricte vérité. »

 Elle avait envie de hurler et de taper des poings et des pieds contre le sol, comme un enfant capricieux. Elle grogna de frustration, à la place. Un son qui provenait du tréfonds de ses tripes et qui provoqua à nouveau l'hilarité de l'assemblée. Ils étaient tous fatigués et stressés les nerfs commençaient à lâcher.

 « Et bien, Mayakrub tu ne fais pas les choses à moitié, toi ! »

 Zélie reprit rapidement son sérieux.

 « Eh bien ce n'est pas tout, mais tu vas devoir recommencer à pousser.

 — Non ! Je ne veux pas. J'en peux plus. Si je ne pousse pas, le deuxième va rester dedans, dis ? J'ai faim et j'ai soif. Je veux ...

 — Doucement sœurette. Tu vas y arriver d'accord ? Maman a bien réussit, elle ! Tu t'en sors comme un chef. Alors tu vas écouter les instructions de Zélie et recommencer à pousser. Regarde, je rends même ma nièce à Rayhan pour te tenir la main. »

 Elle acquiesça et reprit son travail. À la troisième poussée le cri de victoire de son amie la réjouit.

 « Je l'ai ! Tiens prends-le. Ton mari sera comblé ma chérie. Une fille et un fils en une nuit. Tu as fait du beau travail. »

 Tout comme elle l'avait fait avec sa fille, elle caressa le visage du petit. Si elle était le portrait craché de son père, il était le sien.

 — Magnifique. »

 Elle était émerveillée du cadeau qu'elle venait de recevoir. Elle le donna à son frère pour qu'il lui fasse sa toilette. Elle se tourna vers Zélie.

 « Maintenant le placenta. Si tu m'annonces un troisième, je t'attache nue recouverte de miel sur une fourmilière. Compris ? »

 Tout le monde rit de sa répartie. Tout le monde soupira de soulagement quand le placenta fut expulsé. Elle se redressa sur son séant, s'adossant à une pile de coussin. Elle prit ses bébés dans ses bras et les allaita. Les trois autres assistaient à ce spectacle rêveur.

 « Ça valait le coup de souffrir, hein, ma belle ? »

 Elle détacha son regard de ses enfants et le posa sur Zélie. Elle lui fit une grimace ironique.

 « J'avoue que voir leur petite bouille m'aide à oublier ses dernières heures de pure torture. Mais je ne suis pas prête à retenter l'expérience de si tôt. »

 Sa remarque fit sourire tout le monde. Eux non plus n'était pas prêts. Rayhan avait imaginé sa Zélie à sa place et des frissons de terreur lui parcoururent le bas du dos quand il se rappela la douleur qui déformait les traits de son amie.

 Quant à Leith, il pensait à Soraya et s'il avait hâte de devenir père, il ne voulait lui imposer cette expérience. Les deux filles rirent de leur mines déconfites et leur donnèrent un petit coup de poing dans l'épaule.

 Une fois les jumeaux rassasiés, elle les laissa à ses amis pour aller se laver. Elle se sentait sale. Poisseuse de transpiration et couverte de sang. Elle partit puiser de l'eau qu'elle filtra et remplit la cuve qui se trouvait dans un coin. Il lui fallut faire plusieurs aller-retour pour avoir la quantité adéquate. Elle se nettoya ensuite le corps et se prélassa quelques secondes dans l'eau. Il faisait encore chaud en ce mois d'août et cela lui fit beaucoup de bien.

 Elle repensa à ce qu'elle venait de vivre. Ce qui l'avait le plus choquée dans toute cette histoire, c'était l'aspect physique de son corps. À partir du moment où elle avait réellement compris qu'elle était vraiment en train d'accoucher, elle avait pris rapidement les formes d'une femme enceinte.

 Une chose était sûre, Jamal allait vraiment la tuer quand il apprendrait qu'elle avait risqué la vie de ses enfants. Elle venait de mettre au monde le futur du royaume. À ce moment-là elle réalisa vraiment l'importance de ce qu'il venait de se passer.

 Elle voulait quitter la ville au plus vite pour retrouver la sécurité du palais. Mais elle savait que cela lui était désormais impossible, encore moins avec deux nourrissons à charge. Elle devait trouver une solution pour mettre un terme à cette guerre au plus vite. Mais n'était-ce pas ce qu'elle s'évertuait à faire depuis qu'elle avait posé ses pieds ici ?

 Elle grogna de frustration et s'arracha les cheveux espérant tirer une idée de son cerveau. Elle souffla pour retrouver son calme et réfléchit aux options qui s'offraient à elle. Était-il envisageable de lancer une offensive dans la semaine ? Elle savait pouvoir compter sur le soutien des esclaves. Depuis qu'elle s'occupait d'eux, ils avaient retrouvé leur force. Et ce n'était qu'une simple formalité de soumettre les gardes de la prison, ils ne faisaient plus attention à elle depuis longtemps.

 Quant au palais, il était très peu gardé depuis que le roi était parti pour le front. Il n'avait pas jugé utile de le faire sachant que les frontières étaient fermées et que l'ennemi se trouvait de l'autre côté. Et puis, les habitants étaient tous insatisfaits de leur gouvernement. Les graines de la rébellion avaient été planté depuis longtemps, elle n'avait fait que les entretenir et les arroser avec soin et patience.

 Maintenant il était temps de les cultiver car oui, geler la capitale semblait être une option envisageable surtout quand elle savait ne pas être seule. Elle sourit satisfaite de ce constat et sortit de son bain. Elle se sécha et s'habilla pour rejoindre les autres afin de discuter de leur plan d'action.

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