Chapitre 28

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 À la fin de la bataille, Jamal réunit tout le monde dans la grande salle pour décider de la suite. Pendant ce temps-là Leïla, qui était retournée au palais dès le début de l'offensive lancée par son mari, tournait en rond dans sa chambre, se torturant l'esprit, angoissant à l'idée de se retrouver de nouveau face à lui.

 Elle savait que lorsqu'il la verrait, il lui ferait passer un sacré savon pour ne pas lui avoir obéi et rester bien sagement dans son palais comme il le lui avait ordonné. Mais n'était-ce pas un peu grâce à elle si la guerre avait été gagnée ? Elle ignorait comment il allait réagir.

 Quand elle l'avait aperçu au loin, sur son destrier, revêtu de son armure illuminée par les rayons du soleil, elle avait senti son cœur bondir dans sa poitrine. Elle n'avait eu qu'un désir, sauter de la muraille et courir vers lui pour se jeter dans ses bras. Malheureusement la muraille mesurait plusieurs coudées de haut et la chute lui aurait été fatale, d'autant que son ennemi juré se trouvait juste à ses pieds.

 C'est pourquoi, elle s'était contentée de lui sourire et lui faire un signe. Mais si elle ne semblait pas avoir vu de la colère dans son regard, elle ignorait ce qu'il en sera quand il apprendra qu'ils sont désormais parents. Elle se pencha au-dessus du berceau pour contempler ses enfants. Ils étaient tellement beaux. Elle sortit de sa contemplation pour reprendre ses tours sur le plancher. Elle n'entendit pas Zélie entrer dans sa chambre.

 « Tu vas finir par faire un trou dans le sol à force de tourner en rond ainsi. »

 Elle leva les yeux vers elle, gêné de se faire surprendre dans cet état. Elle sourit à son amie. Elle était magnifique dans cette robe qu'elle avait volée à Émiliria. Elle lui allait magnifiquement bien d'autant qu'elle avait réussi, elle ne savait par quel miracle, à la rendre plus décente. Ses longs cheveux blonds étaient relâchés et retombaient en une longue cascade le long de son dos.

 « Tu dois penser que je suis idiote, n'est-ce pas ? »

 Elle lui rendit son sourire et s'assit sur son lit avec beaucoup de grâce. Elle avait remarqué que depuis qu'elle fréquentait Rayhan, elle semblait bien plus épanouie qu'avant. Beaucoup plus heureuse et apaisée.

 « Non, tu es une femme normalement constituée, et ne dit-on pas que les femmes se font constamment du souci pour rien ? »

 Elle pouffa face à cette remarque absurde.

 « Tu as raison.

 — Mais détends-toi, laisse le hurler un bon coup et puis toute cette histoire se réglera dans ce lit. D'ailleurs, je devrais peut-être t'enlever tes deux merveilles, il serait dommage que vous les réveillez après tout le mal qu'on s'est donné pour les endormir. »

 Leïla rougit jusqu'aux oreilles et plaqua ses deux mains sur ses oreilles.

 « Zélie ! Tu es vraiment incorrigible ! »

 Cete dernière leva les yeux au ciel pas le moins affectée par la réprimande.

 « Oh ça va ! C'est connu dans tout le pays que le roi est fou de toi. Il ne t'en voudra pas longtemps. Par contre ... Tu risques certainement d'être enfermée dans ton château pour les cinquante prochaines années. Et si le malheur nous faisait affronter une nouvelle guerre, je subodore qu'il s'assurera que tu sois bien enfermée dans la plus haute tour du palais, avec l'absolue certitude qu'il t'es impossible de t'enfuir, avant de s'y engager ! »

 Leïla se renfrogna à l'entente de cette remarque.

 « Merci pour cette précision, Zélie, je ne l'aurais jamais deviné moi-même.

 — Allez, ne fait pas cette tête. Il ne va pas tarder à arriver. Tu es sûre que tu ne veux pas l'attendre dans une tenue plus ... Aguicheuse ? Parce qu'à quoi bon rester en pantalon, puisqu'il sait que tu es là ?

 — Parce que je suis sûre que je serai convoquée devant tout son conseil de guerre et tout le tralala qui va avec. Si je m'y rend en robe, cela risquerait de causer un terrible scandale.

 — Ah oui c'est vrai, une femme qui fait la guerre ! Ouh la la, le sacrilège !

 — C'est la loi Zélie. Et en tant que reine j'aurais dû la respecter mieux que quiconque.

 — Ah non, hein, tu ne vas pas recommencer à te morfondre ! On a gagné cette stupide guerre grâce à toi ! Mais ton rôle n'est pas encore fini ! Tu as fait une promesse à mon fils, j'espère que tu as toujours l'intention de la tenir.

 — Je tiens toujours mes promesses, Zélie !

 — Alors ressaisis-toi, comme on dit tu as gagné cette bataille mais tu n'as pas encore gagné la guerre ! N'oublie pas cela !

 — Merci Zélie, tu viens de rajouter un nouveau poids sur mes épaules.

 — Idiote, je m'assure simplement que tu focalises tes pensées sur des sujets plus importants que de savoir si ton mari va te renier ou non pour lui avoir remis la victoire entre ses mains.

 — Dis comme ça ...

 — Tais-toi maintenant et ressaisi toi, tu es une reine oui ou non ?

 — Oui j'en suis une !

 — Alors fait honneur à ta position et reprends-toi ! »

 Trois coups frappés à sa porte les interrompirent dans leur conversation.

 « Entrez ! »

 Un homme pénétra dans la chambre.

 « Doc, vous êtes convoqué par sa majesté, veuillez me suivre s'il vous plaît. »

 C'est partit ! Le moment de vérité était enfin arrivé. Après plus de huit mois de séparation, ils allaient enfin se retrouver. L'angoisse de la jeune femme remonta en flèche et c'est d'une démarche tremblante qu'elle suivit le messager jusqu'à la salle du trône que son mari s'était attribué.

 Quand les portes s'ouvrirent, elle était prête à tomber en pâmoison. Elle marcha jusqu'au trône la tête baissée, traînant presque des pieds pour retarder au maximum le moment de la confrontation. Arrivée au pied du trône, elle s'agenouilla devant lui, allant jusqu'à poser sa tête sur le sol. Elle s'exprima de sa grosse voix, qu'elle espérait, la rendait plus viril.

 « Votre majesté, c'est un honneur pour moi de vous rencontrer. »

 Jamal aurait bien hurlé sa frustration. Elle était arrivée la mine abattue, comme un prisonnier qu'on emmenait à l'échafaud. Elle ne l'avait pas regardé une seule fois durant toute sa traversée. Mais quand il l'avait entendu avec son simili de voix masculine, il avait été pris d'un fou rire inarrêtable.

 Quand elle entendit des murmures se faire dans la salle et que son mari ne disait rien, elle releva légèrement la tête pour voir ce qu'il se passait. Elle resta interdite devant son hilarité. Il réussit enfin à se calmer et souffla plusieurs fois pour reprendre ses esprits. Il essuya ses larmes et se leva enfin.

 Il descendit les trois marches et s'accroupit devant elle pour être à sa hauteur. Elle s'était redressée au fur et à mesure de ses pas et se retrouvait désormais assise sur ses genoux. Il lui caressa la joue avec tant de douceur que les larmes perlèrent sur ses cils.

 « Tu m'as manqué. »

 Il avait murmuré cet aveu d'une voix rauque. Elle s'effondra en sanglots dans ses bras.

 « Toi aussi. »

 Quand elle se fut calmée, il la prit par les épaules pour qu'elle lui fasse face. Il lui sourit et se releva en lui prenant la main pour l'aider à faire de même. Il la prit dans ses bras et se tint droit devant l'assemblée.

 « Nous somme réunis ici pour honorer le courage de notre reine. »

 Des murmures s'élevèrent dans l'assemblée. Certains étaient surpris et choqués d'apprendre son identité. Ce qui avait été dans la confidence se lançaient de petits sourire conspirateurs, ravis de l'effet produit. D'autres étaient outrés et scandalisés qu'une femme, leur reine de surcroît ait été au combat.

 « Tu n'aurais pas dû faire ça ... »

 Elle avait chuchoté ses mots à l'oreille de son mari. Il lui répondit de la même manière.

 « Fais-moi confiance, mon amour, j'ai la situation bien en main. Mais, il serait peut-être temps pour toi d'aller te changer, je ...

 — Hors de question que je t'abandonne !

 — Chérie ? On a déjà eut cette discussion, non ? »

 Elle le regarda avec un sourire en coin en un petit un air supérieur.

 « Et je me félicite de t'avoir désobéi. Nous n'en serions pas là aujourd'hui ! »

 Il lui fit ses gros yeux, outré par tant d'insolence.

 « Et je me réjouis d'avance de la punition que je vais te donner. »

 Elle devint écarlate à ses mots, son air de concupiscence n'était pas passé inaperçu à ses yeux.

 « Maintenant file ! Ta présence les perturbe. »

 Cette fois-ci, elle lui obéit. Quand elle quitta la salle, il reprit son souffle. Il se dépêcha de mettre un terme à tout cela afin de pouvoir aller la rejoindre au plus vite. Malheureusement pour lui, sa révélation avait soulevé beaucoup de question qui prirent beaucoup de temps à être traité.

 Quand il put enfin partir la retrouver, la nuit était déjà tombée depuis longtemps. Il était cependant ravi de la tournure que prenaient les événements. La révolution qu'il rêvait de mener venait à peine de commencer et semblait très prometteuse quant à son issue. Il se dirigea vers la chambre que sa femme occupait et toqua doucement avant d'entrer. Elle était allongée dans le lit et semblait dormir. Il s'approcha d'elle à pas de loup et au moment où il posa sa main sur son matelas, il se retrouva face à ses beaux yeux, une épée sous la gorge. Elle baissa son arme quand elle le reconnut.

 « Jamal ! Tu m'as fait peur ! J'aurais pu te tuer, enfin !

 — N'en sois pas aussi certaine mon amour, mais pour ma défense, j'ai frappé, c'est toi qui ne m'a pas entendu entrer. »

 Elle ne lui répondit pas. Elle le dévisageait cherchant à savoir si elle ne rêvait pas. Ses larmes se remirent à couler. Elle renifla et murmura d'une toute petite voix.

 « Je ne rêve pas, n'est-ce pas ?

 — Non, eazizati, tu ne rêves pas, je suis bien là. »

 Il lui caressa la joue de son doigt.

 « J'ai cru que tu ne reviendrais jamais ! »

 Il la serra dans ses bras, s'enivrant de son parfum.

 « Chut, je suis là maintenant, arrête de pleurer. C'est moi qui devrais le faire. Tu n'as pas idée à quel point je me suis inquiété quand j'ai appris ta désobéissance suivie de ton kidnapping. Je me suis même évanoui ! »

 Elle pouffa devant son ton scandalisé. Il regarda ses lèvres avec insistance mourant d'envie de les embrasser. Elle mit fin à ses tourments en comprenant la direction que prenait ses pensées. Elle voulait profiter de lui avant qu'il ne la gronde, avant qu'il ne découvre également qu'ils n'étaient désormais plus seuls. Elle lui démontra son amour et à quel point il lui avait manqué en se donnant totalement à lui.

 Après leur étreinte passionnelle, alors qu'ils se tenaient dans les bras l'un de l'autre, savourant leurs retrouvailles, Leïla prit la parole.

 « Jamal, je suis désolée de ne pas t'avoir obéis.

 — Chut, Leïla, tu vas tout gâcher. J'ignore encore si je dois t'embrasser avec fougue et te montrer, ô combien, je suis heureux que tu m'aies désobéi ou alors t'étrangler parce que tu t'es mise en danger. Tu aurais pu mourir Leïla.

 — Je sais, mais ...

 — Il n'y a pas de mais, tais-toi maintenant, je veux profiter de toi, ces huit mois de séparation ont été une vraie torture pour moi.

 — Je sais, mais ...

 — Tais-toi Leïla, je t'en conjure ! »

 Leïla soupira de frustration et des pleurs de bébés se manifestèrent depuis la pièce adjacente.

 « Leïla ? Qu'est-ce que ...

 — Ça ? C'est ce que je veux te dire depuis tout à l'heure mais que tu refuses de m'entendre dire.

 — Tu as adopté un enfant !?

 — Non ... Je ne les ai pas adoptés.

 — Dans ce cas, pourquoi leurs parents ne se lèvent pas pour aller le chercher ? Ses cris m'empêchent de savourer nos retrouvailles.

 — Parce que ce sont nous les parents ... »

 Il ne comprenait pas où elle voulait en venir. Puis soudain la lumière se fit dans son regard et il comprit ce qu'elle tentait de lui dire.

 « Non d'un chien ! Leïla ibn Salim Khazar, es-tu en train de me dire que tu es allée sur le champ de bataille alors que tu étais enceinte de mon enfant ?

 — Nos enfants ! Et si tu ne veux pas réveiller tout le château, il faut aller les voir maintenant. »

 Elle se leva pour aller leur donner à manger, le laissant seul pour digérer ces informations.

 « Elle a bien dit « nos enfants » ? »

 Il se murmura ses mots ayant du mal à y croire. Il se leva et partit la rejoindre afin d'en avoir le cœur net. Elle donnait déjà le sein au premier, pendant qu'elle caressait doucement le dos du deuxième pour l'apaiser et l'aider à patienter le temps que son tour arrive. Il s'approcha doucement d'eux et pris dans ses bras celui qui ne tétait pas.

 « Il est magnifique.

 — Elle ! C'est une fille.

 — Et l'autre ?

 — Un garçon.

 — Comment les as-tu appelés ?

 — Je n'ai pas encore choisi, je voulais t'attendre pour le faire.

 — Quel âge ont-ils ?

 — Dix jours.

 — Par le Tout puissant, Leïla, ils sont si petits et toi ... Tu devrais être en train de te reposer.

 — Tout va bien Jamal, je vais bien.

 — Mais comment as-tu fait pour dissimuler ta grossesse ? Personne n'a remarqué que tu étais une femme !

 — À vrai dire, je l'ai moi-même découvert au moment où j'étais en train d'accoucher. Heureusement que j'étais en sécurité à ce moment-là.. Je ne sais pas ce qu'il se serait passé sinon.

 — Mais Leïla, tu te rends comptes que tu t'es mises en danger, toi et nos enfants, en refusant de m'obéir ? »

 Elle baissa les yeux, honteuse de ses actions.

 « Je sais Jamal, j'ai eu tout le temps de regretter ma folie.

 — Mais sans toi, nous n'aurions jamais pu gagner cette guerre.

 — Serais-tu en train d'insinuer que tu es content que je t'ai désobéi ?

 — Ne me fait pas dire ce que je n'ai pas dit, femme ! Tu es tellement ... Inconsciente, bornée, têtue ! Mais c'est pour cela que je t'aime tant. »

 Elle regarda son mari, les yeux embués de larmes, le regard plein d'amour. « Finalement, cela ne s'est pas trop mal passé », pensa-t-elle.

 « Mais maintenant, je sais que si je dois m'absenter à nouveau, je vais devoir t'enfermer dans la plus haute tour du château pour être sûr que tu ne me suivras pas, barricader derrière plusieurs murailles, entourée de la moitié de mon armée pour être certain que tu resteras bien sagement en sécurité ! »

 Elle rit de sa tentative d'humour. Mais redevient rapidement sérieuse.

 « Je ne pense pas vouloir retenter l'expérience, Jamal.

 — Vous m'en voyez ravi, ma chère épouse. Bien, maintenant que cette affaire est réglée, choisissons un prénom pour ses petits. Que dirais-tu de Kheira pour cette petite merveille ?

 — Oh non, je n'aime pas ! Hum, Keziah ?

 — Non ! Naelle ?

 — Bof, c'est mignon mais je n'aime pas trop non plus.

 — Bon alors que dis-tu de Soraya ?

 — Surtout pas, c'est ma future belle-sœur ! Et Lahna, qu'en penses-tu ?

 — Leith va se marier ?

 — Oui, à notre retour nous célébrerons son mariage ! Sa fiancée est une vraie perle.

 — Tu m'en vois ravi ! Et Lahna ! J'aime beaucoup, Lahna!

 — Adjugé pour Lahna, alors ! Et pour ce petit Fazlullah ?

 — J'aime bien la signification, mais c'est moche à l'oreille. Hassan ?

 — Non ! Trop prétentieux ! Et Malik ? C'est bon Malik, non ?

 — Non, je n'aime pas trop moi. Oh je sais ! Nahed ! Nahed, c'est parfait, non ?

 — Oui, Nahed, c'est parfait ! Nahed et Lahna Al Shamseni. »

 Ils regardèrent leurs enfants dans leurs bras. Elle releva la tête et le regarda avec inquiétude.

 « Et Maintenant, qu'allons-nous faire, Jamal ?

 — D'abord, tu vas nourrir notre chère fille avant qu'elle ne mange mes doigts et puis, après on les recouche pour que nous puissions pleinement profiter de nos retrouvailles, j'ai quelques idées qui devraient te plaire. »

 Il lui fit un clin d'œil taquin.

 « Je ne parlais pas de ça, idiot ! Je voulais savoir comme se passerait la suite. Tu vas unifier nos deux royaumes ou tu vas nommer un nouveau gouvernement ? Et puis comment ça va se passer à notre retour au palais, tu devais renouveler tout ton conseil, tu te rappelles ?

 — Comment l'oublier ! »

 Il grogna peu enjoué de parler de ça à cette heure de la nuit, mais soupira devant l'insistance de son regard.

 « Pour en revenir à ta première question, je compte unifier nos deux pays et qui sait peut-être que Nahed héritera de Shamsen et Lahna de Cheim.

 — Oui ce serait une bonne chose.

 — Quant au renouvellement de mes conseillers, je dois dire que cette guerre est tombée à point nommé. Beaucoup m'ont trahi et donc cela ne risque pas de causer trop de remous d'appliquer un grand nettoyage dans les hautes sphères.

 — Jamal ?

 — Oui, huluwti ?

 — Est-ce que je peux avoir Lahna maintenant, Nahed a fini de manger.

 — Oui, bien sûr, eazizati ! »

 Ils firent l'échange et elle plaça la petite affamée sur son sein.

 « Leïla ?

 — Qu'y a-t-il habibi ?

 — J'aime bien quand tu m'appelles comme ça ! »

 Elle ricana et lui lança un regard plein d'amour.

 « Que voulais-tu, mon cher mari ?

 — Est-ce que tu vas bien ? »

 Elle se redressa surprise par son inquiétude.

 « Pourquoi me demandes-tu cela ?

 — Parce que tu as beaucoup maigri et que tu sembles épuisée !

 — Tu me connais trop bien, Jamal. Pour répondre honnêtement à ta question, j'ai beaucoup souffert de la faim et de la fatigue. Et c'est un miracle que nous nous en soyons sorti indemne tous les trois. »

 Elle se perdit quelques instants dans ses souvenirs douloureux. Il attendit patiemment qu'elle reprenne son histoire.

 « Tu sais quand nos enfants sont nés, j'ai vraiment cru que j'allais mourir. Je n'avais plus beaucoup d'énergie à cause de la faim et de la fatigue et je ne savais pas si j'aurais assez de force pour accoucher. Heureusement que j'ignorais que j'étais enceinte de jumeaux, je me serais évanouie sur le champ ! »

 Elle pouffa de sa plaisanterie et il fit de même.

 « Mais en tout cas c'est à ce moment là que j'ai vraiment réalisé que tout cela aurait pu mal tourner et que j'ai pris conscience que j'avais vraiment fait une bêtise en refusant de t'écouter.

 —Tu vois ! J'ai toujours raison ! Tu devrais le savoir depuis le temps. »

 Elle lui sourit ravie de sa tentative d'humour. Ça lui avait manqué.

 « Mais enfin bref, tu vois ce que je veux dire. Je suis épuisée moralement et physiquement et je n'ai qu'une hâte, rentrer à la maison.

 — Demain, huluwti, demain !

 — Je t'aime Jamal.

 — Moi aussi, je t'aime Leïla, à la folie, à la figue et à la vanille.

 — Toujours à penser à la nourriture, même pour une déclaration d'amour.

 — La nourriture c'est la vie. Aller, femme ! Il est temps d'aller nous coucher, nous aussi. »

 Après avoir reposé les enfants endormis, ils retournèrent dans leur lit. Il déplia son bras pour qu'elle place son cou dessus.

 « Leïla ?

 — Chut, Jamal, je dors.

 — Mais Leïla, je suis en train de rompre une promesse que je t'ai faite ! »

 Elle se redressa paniqué !

 « Laquelle !?

 — Je t'ai promis de faire chambre à part avec toi quand tu m'auras donné un héritier, je dois donc aller dormir ailleurs ! »

 Elle s'offusqua devant son air sérieux. Elle grogna son mécontentement et attrapa son bras pour l'empêcher de partir.

 — Comment ? Mais non ! C'était avant que je ne sache que tu m'aimes ! Tu ne vas quand même pas t'en aller alors qu'on vient juste de se retrouver ?

 — Je rigolais Leïla ! Maintenant tu peux dormir.

 Il rigolait de sa petite plaisanterie. Elle lui donna un coup de poing dans l'épaule.

 — Crétin !

 — Ça t'apprendra à me demander de tenir des promesses que tu ne veux pas que je tienne !

 Elle grommela une insulte ce qui le fit encore plus rire.

 — Moi aussi je t'aime, habibi !

 Ils s'enlacèrent ensuite avant de sombrer tous les deux dans un sommeil réparateur et bienfaisant.

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