Chapitre 4 (3/4)

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Avant que je ne puisse répondre, Mirabella arriva à nos côtés, et poussa un soupir encore plus exaspéré que celui de Célestin quelques instants plus tôt.

— La plaie, ce cours, lança-t-elle.

— On est bien d’accord, lui répondit Célestin, un sourire amusé aux lèvres.

— Je crois que j’ai réussi à faire disparaître mon index, mais je suis pas très…

— Oh, si jamais, je sais comment t’y aider, lança une voix masculine derrière nous.

Comme un seul homme, nous nous retournâmes vers Melvin, qui arriva vers nous tout sourire. Il se positionna devant moi et me tendit son poing, que je réceptionnai avec le mien.

— C’est toi que j’aurais plutôt envie de voir disparaître, si tu vois ce que je veux dire, répliqua Mirabella, le sarcasme dans la voix.

Melvin lui fit une moue taquine et porta la main à son cœur, comme si elle lui avait lancé une flèche meurtrière.

— Ah, fit-il dans un soupir détendu, il va être facile ce cours, vous trouvez pas ? J’ai l’impression que c’est inné chez moi, même pas besoin de forcer.

— Et l’arrogance, c’est inné chez toi aussi, je me trompe ?

Mirabella lui lançait un regard de flamme, prête à se battre avec lui sur un ring.

— Cool, approuvai-je, faisant abstraction de leur querelle.

— Elle est marrante, votre copine, répondit Melvin, un sourire en coin, tout en la désignant du pouce. Je peux lui conseiller un stand-up comique sympa en ville, si jamais vous voulez vous en débarrasser.

— Où ça ? Dans une autre décharge ? répondit-elle, amère, en référence au bar "Le repère" qu’ils avaient choisi, Timéo et lui.

Melvin se tourna une nouvelle fois vers elle, un sourire franc sur les lèvres.

— Oh, tu n’as pas aimé ? J’avais sélectionné ce lieu spécialement pour toi…

Il fit claquer sa langue sur son palet, amusé de la situation, tandis que Mirabella fronçait les sourcils si fort qu’elle en avait presque des marques blanches. D’un mouvement de torse, elle s’avança vers lui, le jaugeant de toute sa hauteur. Ils faisaient tous les deux la même taille.

Vilenia s’approcha de nous, une lueur d’incompréhension dans les yeux.

— Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda-t-elle, surprise.

— Tu es prête à voir un combat de coqs ? lui répondit Célestin, visiblement amusé.

Un sourire se dessina sur mes lèvres. Mirabella finit par revenir vers moi.

— Ce serait un combat peu équitable, lança Melvin à Célestin, j’ai un bec plus solide.

— Et j’ai des griffes plus acérées, lâcha Mirabella, dont une grimace déformait ses traits.

— J’espère qu’on aura le temps de s’entraîner, les coupa Vilenia, la panique dans la voix, j’ai l’impression d’avoir vraiment été nulle. Elle nous a même pas dit quand on aurait le test… J’aimerais bien m’y préparer.

Célestin lui passa un bras autour des épaules, puis tapota avec sa main sur son épaule.

— T’inquiète, on s’entraînera ensemble s’il le faut.

Notre petit groupe se dirigea vers la sortie. En passant, nous croisâmes la R.D.Â. L’un d’eux tourna son « visage » vers nous. Ou bien son casque. J'ignorais ce qui se cachait derrière. Nous pressions le pas, retrouvant l’air extérieur.

— J’ai la dalle, lâcha Célestin, sous nos regards amusés. Bah quoi ?

— Je crois que c’est là-bas, nous montra Mirabella.

En suivant son doigt, je voyais plusieurs élèves, Altruistes et humains, se diriger au milieu des deux ailes.

— Merci la Renifleuse*, se moqua Melvin.

Mirabella lui lança un regard noir.

Sans plus attendre, nous nous dirigeâmes vers la cafétéria, dont les baies vitrées s’ouvrirent à notre passage. Le brouhaha nous accueillit, nous dûmes presque crier pour nous faire entendre.

— Vous sentez cette odeur ? Grogna Mirabella.

— Quelle odeur ? demanda Célestin, reniflant l’air avec un air perplexe.

— Les humains… répondit-elle, son visage déformé par une grimace de dégoût.

L’expression incrédule de Célestin nous fit exploser de rire.

Une fois dans la file d’attente, le regard de Célestin s’anima.

— Eh ! Regardez ça !

J’essayais de voir ce qu’il tentait de nous montrer. Je finis par distinguer une affiche, accrochée sur un poteau.

— C’est quoi, ça ? questionnai-je, n’arrivant pas à lire ce qui y était inscrit.

— Une soirée déguisée pour fêter la rentrée ! Ça vous dit ?

— Oh, trop bien ! S’écria Vilenia, qui s’approcha de lui pour regarder l’affichage.

— Pourquoi pas, répondit Mirabella, l’air intrigué.

Pour toute réponse, je hochai la tête à l’attention de Célestin. Melvin, quant à lui, était resté silencieux et fixait Vilenia avec intensité. Je détaillais ses traits, essayant de deviner ce qui le tracassait, en vain. Au bout de quelques secondes, il finit par l’attraper gentiment par le bras. Vilenia, surprise, releva la tête vers lui.

— Avant de manger, je peux te parler cinq minutes ? lui demanda-t-il, d’une voix froide.

Elle leva les sourcils et nous lança un regard, comme si nous étions au courant de ce qu’il voulait. Célestin haussa les épaules, et elle finit par hocher la tête.

— Ne nous attendez pas, nous lança Melvin.

— On en avait pas l’intention, répondit Mirabella.

Mais Melvin n’entendit pas sa pique, car ils avaient déjà quitté la cafétéria.

— Quel pauvre type ! J’espère vraiment que je serai pas sa binôme. T’imagines, une éternité avec ce loser ?

Mirabella fit semblant de frissonner de dégoût.

— Tu l’aimes toujours pas ? M’étonnais-je, un sourire en coin.

— Je t’ai donné l’impression de l’apprécier, là ? répliqua-t-elle, ses yeux lançaient des éclairs.

— OK, OK, lâche les arracheuses**, répondis-je en levant les mains en signe de paix. Il est sympa, ce gars, je comprends pas pourquoi tu l’aimes pas.

— Sympa ? Il est lourd ! Tu l’as connu sous l’influence de la bière, c’est tout ! T’es aveuglé !

— Euh… T’es au courant que l’alcool ne nous affecte pas, non ? Donc, je…

— Ouais, je suis au courant, merci, me coupa-t-elle d’un ton sec.

Je pinçais mes lèvres pour ne pas rire, et l’énerver davantage. Personnellement, je trouvais cette situation amusante. Cela dit, je ne comprenais vraiment pas pourquoi elle n’appréciait pas Melvin. Tous deux semblaient brûler d’une même énergie, bien que Mirabella se rapprochât aussi de la mienne.

Après avoir choisi ce que nous allions manger, nous prîmes place sur une table au fond de la pièce.

— Vous voulez m’accompagner samedi matin, pour choisir les costumes ? nous proposa Célestin, la bouche pleine.

— Samedi matin ? Répétais-je. À quelle heure ?

— Vers huit heures ?

Je fis une grimace.

— Pourquoi aussi tôt ? grognais-je.

— Parce que mes parents viennent nous voir, Cole et moi, pour manger au resto à midi, et aller faire les magasins dans l’aprem. Et après y’a la soirée…

— OK, je vois. Je suis partant, même si j’aurais bien aimé faire une grasse mat’.

Célestin finit son entrée puis se tourna vers Mirabella, qui n’avait pas répondu.

— Et toi, Mira ? Tu viens ?

— Ça aurait été avec plaisir, mais mes parents seront là toute la matinée…

— Ah, mince…

Célestin fit une moue triste.

— Pourquoi viennent-ils te voir ? lui demandais-je.

Elle poussa un soupir et posa sa fourchette sur la table.

— Ils veulent qu’on fasse un bilan de mes premiers jours. Et ils veulent aussi que je leur montre ma chambre.

— Un bilan ? répéta Célestin, les sourcils froncés.

— Ils veulent savoir avec qui j’ai sympathisé, ce que j’ai fait, si je suis bien obéissante…

— À ce point ?!

Célestin et moi l’observions, un air choqué sur le visage.

— Oh oui. J’espère seulement qu’ils ne vont pas me faire le coup toutes les semaines.

— J’espère aussi pour toi, lui fis-je d’une voix que j’espérais rassurante.

Nous étions concentrés à finir notre repas, perdus dans nos pensées. Puis, Célestin leva une nouvelle fois la tête vers nous.

— Vous savez comment vous vous déguiserez ?

Je haussai les épaules, ne sachant pas trop quoi répondre.

— Tu m’aideras à choisir, lui fis-je. J’ai aucune inspiration. Pourquoi pas mettre un masque ? Comme ça, si je dis n’importe quoi, personne ne saura que c’était moi.

Je lui adressais un sourire taquin. Les yeux de Célestin s’illuminèrent d’amusement.

— Tu voudras qu’on t’en prenne un, Mira ?

Elle leva la tête vers Célestin, qui finissait de mastiquer.

— Non, merci. J’irai le choisir moi-même, quand mes parents m’auront enfin retiré ma laisse.

Elle nous fit un sourire sarcastique avant de reprendre une bouchée de son plat.

— Tu sais ce que tu vas choisir, toi ? lui demandais-je.

Elle haussa les épaules, puis poussa un soupir.

— Un costume sexy, finit-elle par répondre.

— Sexy ? M’étonnais-je les sourcils levés.

Un sourire amusé s’installa sur ses lèvres, son regard pétillait.

— Bien sûr, me répondit-elle, la voix enjouée. Après avoir supporté mes parents, faudra bien que je décompresse un peu, histoire d’oublier.

— Avec les humains ? La taquina Célestin, avec un sourire malicieux.

— Pas forcément, répondit-elle, un éclat de défi dans la voix. Cela dit, pour ce genre de plaisir, ils peuvent avoir des arguments solides.

Célestin et moi rîmes. Mirabella se joint à nous, avant que son sourire ne s’évanouisse.

— Amusez-vous bien sans moi, samedi. Si vous me croisez avec eux, ne vous étonnez pas si je tire la tronche.

— Ah, parce qu’en temps normal, t’as une autre expression faciale ? se moqua Célestin.

Elle lui tapota l’épaule par-dessus la table avant de rire. Celui-ci résonnait dans l’air, comme une douce mélodie. Sans pouvoir m’en empêcher, je ris avec elle.

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* Renifleurs (n.m. ou n.f.) : Individus possédant des capacités spéciales leur permettant de détecter une âme et d'en percevoir la couleur à travers son odeur corporelle. Ils ont un grand sens de la déduction et sont utilisés par le Grand Conseil comme enquêteurs. Ils servent également à identifier et traquer les fraudes avec une grande efficacité. En effet, tandis que la vue peut être modifiée pour le commun des Altruistes, cela n’est jamais le cas pour un Renifleur, dont les perceptions restent inaltérées.

** Les arracheuses sont les armes qu’utilise la R.D. (Régularisation Des Âmes) qui consiste à arracher une âme de son hôte et à la détruire dans une souffrance horrible. J'espère que ça ne vous arrivera jamais !

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