Chapitre 5 (1/9)

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— Tu as l’air... heureux ? Est-ce que ce serait un sourire que je vois sur ton visage ? C’est… étrange, grimaça Mirabella, voyant ma mine réjouie.

À vrai dire, elle n’exagérait qu’à peine. Pour la première fois de ma vie, j’arborais un demi-sourire. Je sentais une boule d’énergie brûler en moi, heureux de découvrir enfin notre futur métier. Nous nous dirigions vers notre cours « l’après », et j’étais impatient comme jamais.

— Ouais, j’ai vraiment hâte d’y être, répondis-je d’un ton calme.

Ce cours était notre définition, la raison de notre présence au sein de l’université. C’était normal d’avoir hâte de s’y rendre, non ?

Mirabella me rendit mon demi-sourire. Je pouvais sentir qu’elle aussi, quelque part, ressentait une forme de bonheur.

Depuis que je la connaissais, je sentais qu’elle retenait ses émotions, comme si elle refusait de se laisser aller. Derrière cette maîtrise, je sentais une puissance contenue, brûlante, prête à éclater au moindre souffle. Le Grand Conseil et ses parents, tout le monde l’avait dressé à se taire, à se courber sans jamais plier. Cela faisait écho en moi, comme une note familière dans une musique étrangère. Sauf que moi, à la différence d’elle, je n’avais jamais su quel était le feu qui brûlait dans mon âme.

Comme deux enfants insouciants, nous nous faufilions à travers les couloirs, le bruit de nos pas résonnant entre les murs.

Dans la salle, une personne était déjà présente. Comme son visage ne m’était pas familier, je supposais qu’il s’agissait de notre professeur. Son crâne poli brillait sous la lumière, et sa chemise à rayures semblait trop grande pour lui, presque décalée. Mais, étrangement, cela lui donnait une aura de charisme naturel.

Le chariot qu’il poussait produisait des cliquetis hypnotisants, attirant instantanément mon attention. En baissant les yeux, je remarquai une multitude de fioles de toutes les couleurs. À l’intérieur, des âmes se trémoussaient, captives dans leurs prisons de verre.

Nous n’étions pas les seuls à entrer dans la salle. Une fois installée, je constatais que nous n’étions que douze. Mon père m’avait prévenu : nous étions en voie de disparition. Et pourtant, je m’étais attendu à ce que l’on soit au moins une vingtaine.

Vilenia me lança un sourire en s’installant derrière moi, accompagné de Melvin qui me fit une tape sur l'épaule.

— Bonjour à toutes et à tous, lança le professeur d’une voix calme et chaleureuse, une fois que tout le monde était assis. Je suis le professeur Rhânlam. Je serai votre guide tout au long de votre apprentissage.

Ses yeux en amande se posèrent sur nous, un léger sourire dans le regard. Il porta son poing fermé contre son cœur, d’un geste solennel, d’une figure presque paternelle. Comme si nous faisions sa fierté. Lorsque son regard s’arrêta sur moi, je crus apercevoir un haussement de sourcil à peine perceptible. J’eus l’impression qu’il s’éternisa sur moi. Une sensation étrange m’envahit.

— Aujourd’hui, je vais vous faire parvenir une fiole, contenant l’âme d’une vie passée. Tout ce que je vous demanderai pour ce premier cours, c’est de tenir le plus longtemps possible. Je sais que ça peut paraître simple, mais je vous préviens tout de suite : ça ne le sera pas.

Il marqua une courte pause, faisant monter le suspens. Nous étions tous suspendus à ses lèvres.

— À travers ces fioles, vous ressentirez tout un panel d'émotions, que vous n’avez jamais pu connaître à cause de votre neutralité. Ce sera intense, difficile. Notamment parce que je vous ai sélectionné des âmes compliquées. Accrochez-vous de toutes vos forces. Laissez-vous porter par la vie de votre hôte.

Une fois ses explications terminées, il poussa son chariot entre les rangs. Sans que je puisse le retenir, ma jambe vibrait d’attente. Quand le professeur arriva à mon niveau, il me déposa une fiole contenant une âme bleue. Elle était pleine d’énergie, se jetant contre les parois.

Mirabella reçut une fiole contenant une âme jaune, calme et paisible. Je jetai également un coup d’œil derrière moi, pour vérifier ce que Melvin et Vilenia avaient eu, mais je n’eus pas le temps de regarder, car la voix du professeur reprit :

— Dès que vous vous sentez prêt, ouvrez la fiole et placez votre œil contre le trou.

J’observais mon âme, oubliant tout le reste. Mon cœur battait la chamade. J’inspirai profondément avant d’attraper d’une main tremblante le bouchon de liège. Sans plus attendre, je posai mon œil contre la fente, comme le professeur nous l’avait préconisé.

L’âme s’agita violemment. Dans un éclair de lumière, elle pénétra mon esprit et emporta avec elle une vague d’émotions fortes, comme un torrent qui dévalait une montagne.

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