Chapitre 5 (2/9)

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Des cris. Des pleurs de bébés. Le noir. Le flou. Mon corps tombait dans un puits sans fond, entouré de lumière, de scène vivante, comme une bobine de film. Des souvenirs d’enfants. Des jeux. Des pleurs. Des chutes. Des rires. Tout s’entremêlait, me traversant de toutes parts, comme des lames d’épées.

Une fillette rousse faisait du vélo. Les petites roues arrière grinçaient. Ses parents la poussaient. Son rire résonnait dans ce tourbillon d’innocence.

Puis, les images changèrent. La scène se transformait, comme un château de sable qu’on supprimait pour recommencer. Ma course finit par s’arrêter, me faisant atterrir dans une chambre peinte de rose.

— Non, père… S’il vous plaît...

La même jeune fille rousse pleurait, désormais. Ses larmes brouillaient sa vue, brouillant également la mienne. Je sentais le liquide cristallin rouler sur mes joues. Je sentais sa fatigue, sa douleur.

Il le faut, Heidi.

— Mais...

— Je dois servir notre pays. Je n’ai pas le choix, ma princesse. C’est comme ça. Les hommes sont appelés à prendre les armes.

Son père sortit une peluche en forme d’hippocampe et la déposa doucement devant elle. Puis, il déposa un baiser sur son front, dont je sentis le contact sur le mien, avant de se diriger vers la sortie. Avant de quitter la pièce, il lui lança un regard triste, dans un soupir de frustration.

Heidi sanglotait, son corps pris de spasmes. Je sentais ma poitrine se soulever par à-coups. Mes yeux me brûlaient. Une douleur sourde me tordait les entrailles. Cette émotion s’insinuait en moi, circulant dans mes veines, se répandant comme une maladie. C’était fort, mais jusqu’ici, je pouvais le supporter.

Des voix s’élevaient de l’autre côté de la porte. La voix ferme de son père, puis une autre, plus douce, plus tremblante, celle de sa mère. Le bruit sec d’une porte qui claque. Des pas.

Sa mère ouvrit la porte de la chambre d’Heidi et vint s’asseoir à ses côtés. Elle l’attrapa dans ses bras, la serrant avec force. Un geste silencieux d’amour et de soutien, que je perçus dans mes tripes. Toutes deux pleuraient.

En moi se déchaînait la panique d’Heidi. Je ressentais ses doutes, ses peurs. Alors, je savais qu’elle avait peur de ne plus jamais voir son père. Son pays était entré en guerre depuis déjà quelques mois, et les pères de ses camarades étaient déjà annoncés comme disparus ou morts.

Même si elle n’avait que quinze ans, elle avait conscience qu’il risquait de ne jamais revenir.

Mon cœur se brisa d’une même fêlure qu’Heidi. Je pouvais ressentir chaque parcelle d’elle se fissurer. Dans le silence de cet instant, je savais que la souffrance qu’elle vivait, je la vivais aussi.

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