Chapitre 5 (6/9)
Le décor avait encore changé. J’essayais de reprendre mon souffle tant les émotions que je venais de vivre m’avaient submergé. Seulement, tant qu’Heidi et moi ne faisions qu’un, j’étais obligée de suivre son rythme.
Cette fois-ci, je me trouvais dans un vieil appartement, empreint de l’odeur du passé. Les murs étaient fatigués, la tapisserie décolorée et déchirée, mais il y avait une douceur, une chaleur qui s’en dégageait malgré tout. Heidi était là, luisante de simplicité. Elle préparait le déjeuner avec des gestes gracieux, malgré la vétusté de la poêle qui semblait avoir vécu mille vies. Vêtue d’une chemise bleue un peu trop grande, elle dégageait une beauté brute et authentique.
Elle servit son repas avec soin, un sourire tendre éclairant son visage. Puis, portant l’assiette, elle entra dans ce qui semblait être la chambre, tout aussi usée que le reste de l’appartement. Le lit, bien que poussiéreux, paraissait être un petit havre de paix au milieu du chaos. Quelques feuilles déchirées jonchaient le sol, mais il y avait quelque chose de paisible dans cet endroit, comme si la vie, malgré ses épreuves, y trouvait toujours sa place.
Elle déposa l’assiette devant Karl, qui lui sourit, ému, s’étirant dans un soupir satisfait.
— Hummm… Merci, mon amour.
Elle le regarda, un éclat de tendresse dans les yeux. Il lui répondit avec une expression sincère, une lueur chaleureuse sur le visage qu’elle n’avait pas vue depuis bien trop longtemps.
— C’est en quel honneur ?
— Pour avoir survécu, pour être encore là, vivants, tous les deux.
Il esquissa de nouveau un sourire empli de tout l’amour qu’il portait. Puis, doucement, il l’attira vers lui et leurs lèvres se rencontrèrent dans un baiser doux.
— Je t’aime, Karl. Je crois que je n’ai jamais aimé comme je t’aime.
— Je t’aime aussi. Infiniment.
Dans un geste léger, elle monta sur lui, se blottit dans ses bras, trouvant réconfort et chaleur dans l’étreinte. Ils s’embrassèrent encore.
Je me sentis enveloppé d’un sentiment de plénitude, comme si tout était à sa place, simple et beau. Il n’y avait rien d’autre autour d’eux, juste cette tendresse partagée. La légèreté de l'instant effaçait tout, comme si, dans ce souvenir, il n’existait rien d’autre que leur amour. Mes propres soucis se dissipaient, loin, très loin. C’était un bien-être absolu, presque magique. Et dans cette sérénité, je me surpris à désirer rester dans cet instant, à le garder à jamais.
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