Chapitre 9 (7/9)
Marie et Sybille étaient désormais devant une porte en bois décorée d’un petit ange.
— Cucul, grogna Sybille.
Marie lui donna un coup de coude et lui fit signe de se taire. La porte s’ouvrit quelques secondes plus tard.
— Salut Marie, lança Sandrine. Et tu es… ?
— Sybille, enchantée, répondit-elle en lui tendant sa main, que Sandrine saisit fermement.
L’entrée se prolongea sur un grand salon, décoré avec goût. Marie reconnut le style de Sandrine. Quelques cadres étaient accrochés au mur, dont un que Marie reconnut. C’était un cadre avec une chouette de forme géométrique qu’elle lui avait offerte quand elles avaient commencé le lycée.
Deux personnes étaient déjà arrivées et installées sur les chaises de table. Marie reconnut Anthony, qui avait vieilli. C’était un ami de Richard. Un autre garçon était attablé, mais elle ne l’avait jamais vu auparavant. Tous se saluèrent et s’installèrent autour de la table.
— Marie, tu reconnais Anthony je présume ? lui fit Sandrine.
— Oui effectivement.
— Tu sais qu’aujourd’hui, il est devenu un grand ingénieur ?
— Non, je ne le savais pas. Nous n’avons pas gardé contact.
— Ce qui est dommage, lui murmura Anthony, les yeux remplis d’étoiles. Tu es toujours aussi belle, Marie.
Tout le monde avait les yeux rivés sur elle, en attente d’une réponse. Marie était mal à l’aise et fit un sourire timide. Sybille n’était également pas à son aise. Cette dernière lui fit du pied, lui témoignant son soutien et lui rappelant qu’elle était sa copine.
Une autre personne les avait rejoints, une femme aux cheveux crépus. Elle dégageait une classe naturelle. C’était une proche amie de Sandrine. Elle semblait enjouée à l’idée de rencontrer Marie et lui fit la bise avec énergie.
Le dîner se déroulait bien, malgré le fait que Sandrine faisait des allusions sur Anthony et Marie. Sybille avait la mâchoire contractée. Sa bouche était pincée, elle serrait sa fourchette avec force.
Marie saisit sa main sous la table afin de la rassurer.
— Je ne pourrai pas continuer comme ça, murmura Sybille entre ses lèvres toujours pincées.
Sandrine apporta le dessert avec Richard.
— On a une annonce à vous faire, lança Sandrine, joyeuse.
— On va se marier ! répliqua Richard.
Tous applaudirent avec joie, sauf Marie et Sybille. Elles le firent avec nonchalance.
— Tu pourras accompagner Anthony, Marie…
— Euh…
— Il a une grosse voiture super confortable, vous pourrez faire le trajet ensemble et il pourra...
— Ça suffit ! La coupa Sybille.
Tout le monde se tourna vers elle.
— Qu’est-ce que… commença Sandrine.
— Tu ne comprends toujours pas ? continua Sybille, amère.
— Comprendre quoi ?
Sandrine se redressa, dominant Sybille. Elle la regardait de haut, comme pour la mettre en garde de ne pas ruiner son dîner. Mais Sybille s’en moquait, ce dîner n’avait aucune importance.
— Que Marie s’en tape de ton Anthony ! Ce n’est pas du tout son genre.
— Ah ouais et c’est quoi son genre ?
Sybille lui fit un sourire dédaigneux et embrassa Marie à pleine bouche. Celle-ci lui rendit son baiser avant de s’écarter légèrement.
— On va y aller, nous… Fit Marie en pointant la sortie du doigt.
Elles se levèrent sans un mot. Sybille lança un regard noir à Sandrine, qui semblait encore sous le choc.
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