Chapitre 11 (5/5)

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Je repris place à côté de mon ami.

— Ouais, c’est sûr. Faudrait qu’on voie ça avec Vil.

Je fermai les yeux, je me concentrai sur ma respiration.

— Il n’empêche que j’aimerais pas être à ta place, confia Célestin.

J’ouvris de nouveau les yeux pour l’observer.

— Comment ça ?

— Prendre l’âme des amies d’Alice. Regarder sa tristesse droit dans les yeux, sachant que c’est toi qui auras provoqué sa peine, en quelque sorte.

— Oh, merci pour le soutien, mon pote, me moquais-je.

— Protège-toi toi aussi, Matt. Du chagrin, de la tristesse. De la mélancolie.

— Oui Papa.

— Je rigole pas Matt. Tu dois pas laisser tes émotions te submerger et surtout les rendre publiques. Tu sais ce qu’ils font aux fr... Aux gens comme toi ?

Un frisson parcourut mon corps.

— Qui ne rêve pas de se faire arracher ? Je veux dire… C’est pas censé être notre rêve à tous ?

Je feintais un rire pour retrouver une contenance. Célestin ne cilla pas et garda son visage sérieux. Je lui donnais un coup de coude.

— Je suis sérieux. Sache que je rigole pas avec la sécurité de mes amis.

Un soupir s’échappa d’entre mes lèvres.

— Je note. Sinon, tu devrais pas envoyer une proposition de repas à Sophie, toi ?

— Pfff. Tu m’as mis dans un bourbier, toi.

Célestin attrapa son Platphone.

Salut Sophie, excuse-moi de ne pas te demander ça de vive voix. Ça te tente un resto mercredi soir prochain à 19 h 30 ? Belle soirée, Célestin

— Parfait, t’as de l’expérience, dis donc, me moquais-je.

— Crois pas que tu t’en tireras comme ça, mec. Tu me revaudras ça.

Un bip se fit entendre. Célestin me lut la réponse de Sophie :

Salut Célestin. T’as de la chance d’avoir de beaux yeux bleus. Je suis dispo. Tu pourras venir me chercher au Bâtiment B, chambre 70. Bisous.

— Yeux bleus ? m’étonnais-je en observant les yeux vairons de Célestin.

— C’est comme ça qu’elle me voit.

— Mais t’as les yeux vairons !

— Les yeux vairons, hein ? — Célestin eut un rictus amusé. — Elle me voit avec les yeux bleus, car c’est sûrement ce qu’elle aime chez son homme idéal.

— Tu vas m’expliquer ton charabia ou je dois traduire moi-même ?

— C’est vrai, j’avais oublié que t’avais un cerveau différent du nôtre… Plus lent, se moqua Célestin.

— Tes yeux vairons sont livrés avec une tête de con ?

— Pas faux, répondit Célestin avec le sourire aux lèvres. Bon, je suis un Cupidon, j’ai pas de physique propre. Je représente l’amour, comme tu le sais. La perfection de l’autre. Mon physique s’adapte donc à qui le regarde. Seule ma taille reste inchangée, mais tout ce qui concerne mon physique : mes yeux, la forme de mon nez, ma bouche, la couleur de mes cheveux… Tout ça, c’est votre perception. Sophie adore les yeux bleus. Quant à toi, tu préfères les yeux vairons. Pourquoi, d’ailleurs ?

— J’aime la différence, l’originalité.

— Je vois.

— Donc, partout où tu vas, tu seras toujours le plus beau de la bande ? C’est injuste, riais-je.

Le visage de Cole me revint en mémoire. Ils se ressemblaient comme deux gouttes d’eau, à la différence que Cole n’avait pas la même couleur vairon. Mon cerveau avait sûrement créé une différence pour que je puisse les différencier.

— Et toi, tu le perçois comment, Cole ? demandai-je.

— Comme un Cupidon.

— C’est-à-dire ?

— Il a les cheveux blonds longs, les yeux roses, un arc rose dans la main et il pète des paillettes.

— Quoi ?! m’étranglais-je.

— J’rigole. Si tu voyais ta tête, rigola Célestin. Je le perçois comme vous, avec ma propre perfection.

— Et c’est quoi, ta perfection ?

— Cheveux bruns, yeux verts.

— Moi, quoi. En fait, tu m’aimes secrètement depuis le début, taquinai-je.

— Mince, comment t’as deviné ?

— Et toi, comment tu te vois dans le miroir ?

— Comme un beau gosse — Célestin joua des muscles. — en vrai, ça dépend de mes humeurs. Je peux avoir le physique que je veux dans ma tête.

— Tu vois pas la même tronche de cake tous les jours alors ?

— Eh non.

— T’as pas peur que les humains se rendent compte que t’es différent pour chacun d’eux ?

— Bof, y’a peu de chances. Ils ne font pas attention aux détails, ils ne regardent pas. Et jusqu’ici, je me faisais pas des sorties au resto avec eux, fit Célestin en me lançant un regard accusateur.

— Aïe. Tu vas me punir ?

— Bonne idée. Je me vengerai.

J’observais le visage parfait de Célestin. À ce moment-là, je trouvais dommage que mon ami n’ait pas un visage propre à lui. Peu importe le physique qu’il aurait eu, je l’aurais apprécié. Son âme était belle, c’est ce qui importait, non ?

Nous continuions de discuter, et je m'apercevais de la chance que j’avais de l’avoir dans ma vie. À quel point il avait pris de la place. C’était mon ami. Pour la première fois de ma vie, je pouvais prononcer ces mots. Et, que c’était agréable !

Je récupérais ma bague sur sa table de chevet et la replaçais à mon doigt. La couleur grise me narguait. Je repensais à ce que m’avait dit Célestin, qu’il voyait les pierres d’une couleur rouge. Quel sens y donner ?

Pour le moment, j’avais d’autres choses auxquelles penser. Il fallait que je trouve le moyen de parler de tout ça avec Vilenia. Selon Célestin, elle connaissait les Anges Noirs. Elle était mon seul espoir pour entrer en contact avec eux. Je devais tenter le coup. Mon enquête avançait, même si je trouvais cela encore trop lent.

Que penserait mon père s’il était là ? Serait-il déçu ? Ou bien essayerait-il de m’aider ?

Je ne savais plus que penser de lui. Désormais, j’avançais dans le flou. Dans le brouillard. Et, la seule main qui m’accompagnait était celle de Célestin, qui serait bientôt rejoint par Mirabella. Ils étaient mes deux phares qui brisaient la pénombre de leurs lumières éclatantes.

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