Chapitre 14 (4/4)

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Quand je retrouvais de la visibilité, je remarquais qu’Alice était à côté de moi. Je lui adressais un sourire.

— Je t’ai vu t’agiter, au loin. Tu parlais tout seul ? me lança-t-elle, amusée.

— Oui. Tu sais, je suis de bonne compagnie, j’adore me parler, répondis-je sur le même ton.

Alice riait avant de m’entraîner avec elle à l’intérieur.

— Tu rentres tard, remarquai-je. Que faisais-tu dehors à cette heure-ci ?

— J’ai bossé à la bibli. Comme j’avais la dalle, j’ai été m’acheter un sandwich. Et toi ?

— J’étais avec mon père.

Alice me lança un regard inquiet.

— Oh. Ça s’est bien passé ?

Je haussai les épaules.

— Comme d’habitude, je dirais. C’était calme. Enfin, j’exagère, cette fois, il était plus bavard.

— Il est si distant que ça ?

Son regard était doux, bienveillant. Ses lèvres étaient pincées en coin. Elle posa une main rassurante sur mon bras.

— T’as même pas idée.

Je lui fis signe de passer devant moi pour la raccompagner dans sa chambre. J’avais envie de profiter un peu d’elle avant de retourner dans la mienne.

— C’est dommage que votre relation soit aussi cassée, reprit-elle d’une voix aussi douce qu’une caresse. Ça doit pas être facile pour toi.

— Bof, répondis-je en haussant les épaules. On s’y fait, à force.

Alice fit également un mouvement d’épaule, puis planta son regard azur dans le mien.

— Honnêtement, j’ai pas l’impression qu’on s’y fasse. On se donne l’illusion de s’y habituer, mais au fond, on souffrira toujours de ce manque, de ce vide.

Elle marqua une pause, ses yeux se perdaient dans le vide. Puis elle reporta son attention sur moi.

— Enfin, c’est pas à moi de te dire comment tu dois te sentir. Perso, je trouve ça triste que tu n’aies pas de vraie relation avec ton père. Comme tu me parles jamais de ta mère, j’imagine que… Tu n’as que ton père, comme moi. Alors, je peux pas m’empêcher de trouver ça triste, que ton seul parent se comporte comme ça.

Je pinçais mes lèvres, ne sachant pas vraiment quoi répondre. Au fond, est-ce qu’elle ne disait pas vrai ? Est-ce que je ressentais le poids de l’absence de mon père ?

Alice me fit la moue, le regard triste.

— Je vais bien, Alice, arrête de t’en faire.

Pour la convaincre, je lui fis le meilleur sourire dont j’étais capable. Ses lèvres s'étirèrent légèrement en coin.

— Au fait…

Elle tourna la tête vers sa porte, inséra sa clef dans la serrure tout en évitant mon regard.

— C’était très marrant, cette irruption en poule, ce matin. Mais… J’espère que tu t’es pas fait mal en tombant ?

Elle leva son visage vers moi.

— T’as fait un malaise, ou t’as trébuché ?

— J’ai glissé sur une des trousses. Mais c’est rien, t’inquiète, mentis-je.

— Je m’en veux… C’est ma faute…

— Dis pas de bêtise. Ça m’a fait plaisir de relever ce défi. J’ai toujours voulu devenir une poule, lançai-je, le sourire aux lèvres.

Les yeux d’Alice s’illuminèrent.

— Tu devrais penser à te reconvertir. Après tout, la chirurgie fait des miracles de nos jours.

— J’y penserai.

Elle esquissa un sourire, avant de reporter son attention sur sa porte, qu’elle finit par ouvrir. D’un mouvement hésitant, elle pivota une nouvelle fois vers moi.

— Au fait, je t’ai pas demandé… T’as trouvé ce que tu cherchais, l’autre jour, à la bibli ?

Je lui fis une grimace.

— Malheureusement, non.

— Tu veux pas me dire ce que tu cherchais ? Je pourrais peut-être t’aider.

— J’en doute. Mais merci de la proposition.

— OK. Bon, il se fait tard, et j’ai qu’une envie, c’est de prendre une bonne douche chaude et de me mettre sous la couette devant la suite de ma série. De toute façon, tu me dois toujours un resto. Faudra qu’on s’organise ça.

Alice me fit un sourire timide.

— En plus, faut que je sois en forme, me lança-t-elle avant d’avancer son visage vers moi. Elle reprit en murmurant : Demain, j’ai rendez-vous avec les Anges Noirs... Allez, bonne nuit, Monsieur Grognon.

— Bonne nuit, Madame la rebelle.

J’eus un léger mouvement de recul. Avec la fatigue, ses paroles mirent du temps à monter au cerveau.

Attends, j’ai bien entendu, là ?

Face à mon air stoïque, ses lèvres se fendirent d’un demi-sourire amusé. Puis elle me salua avec sa main. Avec lenteur, elle ferma sa porte.

Ma bouche était tellement ouverte qu’elle aurait fait un nid parfait pour les oiseaux. Ma main était suspendue en l’air. J’hésitais à toquer et à lui demander des réponses. Mais, je secouais finalement la tête, renonçant à la déranger. Quand j’arrivai dans ma chambre, je remis ma bague, comme l’avait ordonné mon père.

Cette journée avait été longue, si longue...

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