* Mattheus *

Après avoir quitté mon cours de l’après-midi « développement magique », je marchais vers le hall avec lenteur. Je réfléchissais. Depuis le début de l’année, j’étais complètement nul dans cette matière. J’avais beau essayer, m’entraîner… Rien n’y faisait. La couleur de mon âme n’avait pas dû arranger les choses.

Alice survint dans mon esprit. Nous passions de plus en plus de temps ensemble. Elle exerçait une espèce d’influence sur moi que je ne m’expliquai pas. Depuis qu’elle était entrée dans ma vie, je nourrissais de nouveaux besoins. Si je disparaissais, cela impliquait qu’elle ne me verrait plus. Et je n’en avais pas envie. Ce monde était sombre. Elle était ma lumière dans ce chaos.

Seulement, je ne pouvais pas me laisser distraire. Si je ne m’améliorais pas, les ennuis risquaient de ressurgir. Malgré tout, je ne souhaitais pas mourir. Je devais trouver les Anges Noirs, par n’importe quel moyen. C’était la seule chose qui me motivait ces derniers temps.

Mais… Comment m’y prendre ? Comment trouver cette aiguille dans la botte de foin ?

Sans le savoir, Alice m’avait donné un lieu où effectuer mes recherches, tout en gardant l’anonymat : la bibliothèque.

— Mattheus ?

Une voix féminine me sortit de mes pensées alors que je m’engageais dans le couloir des humains. L’odeur de soufre pénétra mes narines avec force, caressant l’arrière de mes yeux. Je battais des paupières pour tenter de retrouver une contenance.

— Oui ?

Quand je me retournai, je fis face à Sophie, une amie d’Alice, rencontrée à la soirée rock. Son regard brillait d’une curiosité intense. Elle esquissa un sourire timide.

— Tu saurais me dire où est Célestin ?

Je haussai les sourcils. Célestin était dans sa chambre, comme les cours étaient terminés. Je me demandais ce qu’elle lui voulait. Je l’observais, méfiant.

— Pourquoi ?

— J’ai besoin de le voir.

— Pourquoi ? répétai-je, perplexe.

— Pour lui demander son numéro.

Elle sourit une nouvelle fois, puis, ses yeux s’illuminèrent. Un frisson d’inquiétude me traversa.

— Comme c’est ton pote, tu peux me le filer ?

Sophie réduit l’espace entre nous, m’agressant avec son odeur de soufre. Instinctivement, je portais les mains devant mon visage, comme ébloui par le soleil. Cette conversation devait se terminer, et vite !

— S’il te plaît ? implora-t-elle.

Quel genre d’influence exerçaient les Cupidons ? Ses sentiments envers Célestin étaient-ils sincères ou n'était-ce que l’effet de son pouvoir qui agissait sur elle ?

Sans que je le réalise, Sophie était presque collée à moi. D’un mouvement sec, elle saisit mon bras. Un frisson parcourut mon épiderme. Son regard se posait sur le mien. Ses yeux étaient vitreux, comme si elle était possédée.

Ma tête me tournait. Cette proximité était dérangeante.

— Oui, oui, je peux te le passer…

Tout pour qu’elle me laisse tranquille ! Cette odeur s’emparait de moi, ce n’était pas bon. Pas bon du tout.

— Tu peux me promettre un dîner avec lui ? demanda-t-elle soudainement.

— Euh… ouais, si tu veux.

Je récupérais mon Platphone dans ma poche et cliquais sur le profil de Célestin. Sophie posa son téléphone sur le mien afin d’obtenir les informations. Quand le bip sonore résonna, je partis sans dire un mot de plus. J’allais devoir fournir des explications à Célestin… Mais ça devrait attendre.