Chapitre 12 (4/5)

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— Et que voulez-vous que je réponde au juste ? Vous croyez que j'ai que ça à foutre d'espionner mes camarades ?

Claus esquissa un léger sourire.

— Ça a le mérite d'être franc. Tu es le fils de Maurelius, je pars du principe que je te fais confiance.

— Vous connaissez mon père ?

Question idiote, tout le monde semblait connaître mon père, d'une manière ou d'une autre.

— Bien sûr. Tu sais, ton père est d'un grand soutien pour notre cause.

J'avais des envies de meurtre. Si je pouvais me voir dans un miroir, je ne me reconnaîtrais probablement pas. Je sentais la veine de mon front gonfler sous la colère.

Claus attrapa ma main, celle où trônait ma bague. J'eus un mouvement de recul, sans pouvoir me contrôler. Sa main était glaciale. Le chef de la R.D.Â. me fit une moue taquine et pencha légèrement la tête.

— De quoi as-tu peur, Mattheus ?

Il inspecta la bague et manipula mon doigt sans précaution. Je retins mon souffle. J'étais cuit, cuit ! C'en était fini de moi. J'allais mourir ici et maintenant. Je ne reverrai plus jamais...

— Sacrée Maurelius.

Claus libéra ma main et se leva d'un bond, les mains derrière le dos. J'observais ma bague du coin de l'œil. Les pierres étaient noires. Je clignai des yeux, comme si j'étais en train de rêver.

— Viens avec moi, je souhaite te montrer quelque chose, fils de Maurelius.

Claus me tendit la main. Je l'observais, interdit. Je me demandais si je pouvais lui faire confiance, comme si j'avais le choix de pouvoir refuser. Dans un soupir, je finis par saisir sa main. Quel autre choix que de le suivre, de toute façon ?

Claus et moi disparûmes dans un nuage de fumée. J’étais pris dans un tourbillon qui me retournait les boyaux — comme chaque fois que je voyageais ainsi.

Nous nous retrouvâmes devant une grande porte en bois incrustée de symboles anciens. Nul besoin de me questionner sur notre position, en face de moi se trouvait l'Âmularium.

— Tu sais où nous sommes ? me demanda-t-il.

— Oui.

Le chef de la R.D.Â. me fit un sourire. Son visage se tourna vers la porte qu'il observa comme s'il la découvrait pour la première fois.

— Tout futur Maître de La Mort ou Maître de La Vie reconnaît d'instinct ce lieu. On entend leurs murmures, on ressent cette attirance presque magnétique. Parce que ça fait partie de nous, de notre âme.

Il marqua une pause, comme s’il était parti dans ses propres réflexions.

— Viens.

Claus avança vers la porte et la traversa sans l'ouvrir. Je l'imitai. La pièce ressemblait à s’y méprendre à la bibliothèque des humains. Mais à la place des livres se trouvaient des fioles colorées. Je n’arrivais pas à distinguer le fond de l’Âmularium.

Quelque chose de mystique se dégageait du lieu. Si je me concentrais suffisamment, je pouvais bel et bien entendre des murmures, comme si les âmes me parlaient. La lumière de l’après-midi filtrait à travers le dôme. Des lierres étaient disposés de part et d'autre de la pièce. L'odeur du lieu était agréable, comme si elle reproduisait des effluves que j'appréciais.

— Toutes ces âmes, stockées, en attente d'une nouvelle vie. Sais-tu pourquoi nous luttons contre la fraude ?

— Non.

— Parce que ça pourrait donner des idées à des personnes mal intentionnées de créer une armée. Sais-tu à quoi pourrait servir une telle armée, Mattheus ?

— Non, répétai-je simplement.

— À détruire notre politique actuelle. À supprimer ce qui est en place. Un groupe de rebelles nommé les Anges Noirs propagent l'idée que notre monde est fondé sur un mensonge. Qu'il ne représente plus les valeurs d'antan. Ils souhaitent remettre en place le vieux système. Seulement, nous devons évoluer avec notre temps. Revenir à un vieux système voudrait dire tuer des humains. Supprimer leur immortalité.

— Peut-on vraiment parler d'immortalité alors que tous les humains ne peuvent pas en bénéficier ?

Claus m'observa dans les yeux.

— Ce n'est pas à nous de changer les choses. Nous n'avons pas le droit d'agir sur la vie humaine.

Mais, n'est-ce pas justement ce qu'ils faisaient ?

Alors que notre but initial était de protéger les humains, de les aider à survivre, et surtout à vivre une vraie vie. Je n'avais pas l'impression que nous agissions pour le bien commun. En tout cas, pas avec la politique actuelle. Le libre arbitre n'existait plus. Et, n'était-ce pas ça, le but d'une vie ? Faire nos propres choix ?

Ce n'était pas en supprimant la mort que le cycle de la vie allait s'équilibrer. Au contraire. Qu'est-ce que la vie sans la mort ?

Mes pensées restèrent des pensées, de peur de provoquer Claus. À la place, j'acquiesçai.

Claus se tourna de nouveau vers moi et me fit signe de le suivre. Nous passâmes dans plusieurs allées avant de nous retrouver face à un énorme cristal. Celui-ci produisait des ondes, comme un battement de cœur. Sous mes pieds, je voyais qu'il était relié à certaines des étagères et leur envoyait de l'énergie.

— Voici la source de nos origines, de notre vie. C'est notre noyau, notre définition. Tu te rends compte que l'on doit notre existence à un simple morceau de roche ?

Un rire s'échappa de ses lèvres, comme si tout ça était absurde.

— Mais je ne t'apprends rien, Monsieur Dutronc a dû déjà vous raconter notre propre histoire, non ?

Son regard froid se posa dans le mien.

— Non ? répéta-t-il.

Il sourit de toutes ses dents.

— C'est marrant quand on se dit qu'on était à ça — il fit un signe avec sa main — de ne jamais voir le jour.

Lentement, il s'avança vers moi, un air menaçant sur ses traits.

— As-tu remarqué des choses étranges autour de toi ? Toutes activités suspectes.

Oui.

— Non.

— Puis-je te faire confiance, fils de Maurelius, pour me rapporter tout comportement que tu jugeras suspect ?

Non.

— Oui.

— Très bien.

Claus me tendit une nouvelle fois la main. Quand je m’en saisis, il me ramena dans la salle et me libéra. Je ne m’attardai pas et partis en courant. Après être arrivé dans la cour, je me pliais en deux, comme si j’allais rendre mes tripes. Puis, je détendis mon dos et essayai de respirer du mieux que je le pus.

Les rubis sur ma bague s’étaient retransformés en gris clair.

Comment était-ce possible ?

C’est quoi ce putain de bordel ?

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