Chapitre 18 ~ File d'attente (4/4)

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Je secouai la tête, chassant mes doutes. Peut-être qu’il était temps d’agir plutôt que de trop réfléchir. Et, dans un souffle, je toquai.

Quand la porte s’ouvrit enfin, son regard passa de la surprise à une colère palpable. Je ne pus m'empêcher de sourire, fasciné par la lueur de défi qui brillait dans ses yeux.

— Qu’est-ce que tu fous là ?

— Je viens m’excuser.

— Je m’en contrefous de tes excuses, Matt !

Elle me pointa du doigt d’un air accusateur. Je compris aussitôt que les mots me manqueraient, que tout ce que je pourrais dire serait vain. Il me fallait trouver une manière de briser ce silence, un chemin pour m'approcher d'elle.

— J’sais pas à quoi tu pensais quand…

— J’ai des infos sur ta mère, lâchai-je pour la faire taire.

Elle plissa les yeux, empreinte de méfiance. C’était une femme intelligente, et je savais qu’elle ne tomberait pas dans le piège de mes mensonges si aisément. Pourtant, sa curiosité s’était allumée, éclipsant la raison et l’orgueil.

— Entre.

Elle se décala et me laissa franchir le seuil. Rien n’avait changé depuis la dernière fois où j’étais venue. J'avais oublié à quel point sa chambre était vaste, en contraste frappant avec la mienne.

— Je t’écoute.

— Je… Je sais pas ce qui m’a pris l’autre jour, j’aurais jamais dû te parler comme ça, j’ai été…

— Je t’ai dit que je me foutais de tes excuses. Je t’écoute à propos de ma mère.

— Eh bien…

Alice me scruta un instant, puis ses sourcils se froncèrent : elle avait compris.

— Dehors.

— Attends, Alice, s’il te plaît…

— Non, Matt. Tu sembles te moquer de moi constamment. Tu te joues de moi…

— Et toi, hein ? C’est comme ça qu’on a commencé à se parler, non ? Tu t’es bien servi de moi et je ne t’en ai pas tenu rigueur.

Alice fronça les sourcils.

— Écoute, si t’es venu pour me faire une liste de tes reproches, tu peux écrire une lettre, d’accord ? Comme ça, je pourrais la brûler.

— Ce n’était pas le but de ma venue. Je suis là pour m’excuser de mon comportement injuste et méchant.

— Sauf que…

— Tu t’en fiches, j’ai compris.

Je plantais mon regard dans le sien. L’espace d’un instant, j’eus l’impression que ses traits se détendirent. Puis, elle fronça de nouveau les sourcils.

— J’sais pas si je peux avoir confiance en toi, Matt. C’est bien ça le problème.

— Pourquoi ? Qu’est-ce qui a changé ?

— Toi ! Toi, tu as changé.

— Tu dis n’importe quoi.

— Peut-être que tu as raison, souffla-t-elle en croisant les bras. Peut-être que je te prenais simplement pour quelqu’un que tu n’es pas.

— Alice…

Je fis un pas vers elle, mes mains frôlaient presque ses bras. Elle leva les mains en l’air en reculant.

— N’approche pas.

Cette fois, je fis un pas en arrière, reprenant mes distances.

— Écoute, Alice, je suis désolé. Je n’aurais jamais dû te dire ces choses-là. Je me suis laissé submerger par… Je sais même pas… Je m’en fous pas de toi, au contraire. Si je m’en foutais, j’aurais pas réagi comme je l’ai fait. Ton pote Maxime… Je sais pas, y’a quelque-chose chez lui qui me plaît pas et… Enfin, ça n’excuse pas mon comportement, j’aurais pas dû…

— Tu me caches des choses. Matt, je le sens. Comment tu veux qu’on se fasse confiance si on est pas transparent l’un envers l’autre ?

— Je te cache rien.

Alice pencha la tête de côté.

— Arrête, Matt. Tu crois que je suis dupe ?

Avait-elle deviné mon secret ? Non, c’était impossible…

— De quoi tu parles ?

— Je sens que tu te retiens quand tu me parles, quand tu te confies. Tu as le droit d’avoir tes secrets, c’est pas le problème. Simplement… J’ai l’impression que tu manques de sincérité. Et je ne veux pas de ça autour de moi. Mes amitiés, je les veux authentiques, vraies.

— Et tu trouves que la nôtre ne l’est pas ?

Je plongeais mon regard profondément dans le sien. Alice pinça ses lèvres, ses yeux soutenaient les miens.

— Par moments, je n’en suis pas sûre…

Je poussais un soupir.

— Pourtant je n’ai jamais été autant moi-même avec quelqu’un, murmurais-je.

C'était vrai. Même si je ne pouvais pas lui révéler ma véritable nature, avec elle, je pouvais tout de même être moi-même. Je n'avais pas besoin de dissimuler mes émotions. En cela, elle faisait partie des rares personnes avec qui je me sentais vraiment proche, à l'exception de Mirabella et de Célestin.

Alice s'approcha de moi et posa doucement sa main sur mon bras. Elle scrutait mon regard, cherchant sans doute à y dénicher la vérité de mes intentions.

— D’accord. Je te laisse une seconde chance. Après tout, moi aussi je n’ai pas été entièrement sincère dès le départ. Je te laisse le bénéfice du doute. Mais je te préviens, tu n’as plus jamais intérêt à me faire une scène pareille, c’est clair ?

Je hochai la tête.

— Et, plus de mensonge, OK ?

Je hochai de nouveau la tête. Puis, un sourire se dessina sur mes lèvres.

— Et souris pas comme ça, tu dénotes à ta réputation.

Mon sourire s’élargit.

— J’y peux rien, tu dois être magicienne. Capable de rendre heureux les gens les plus déprimés, ironisai-je.

— N’exagérons rien.

— Bon, je te laisse avant que tu changes d’avis…

— Non, attends. Tu me dois un resto, tu te rappelles ? Que dirais-tu de se le faire demain soir ? Comme promis, je te laisse choisir.

— Avec plaisir.

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