Chapitre 21 ~ L'aile gauche (5/5)
*Alice*
Les hommes casqués paraissaient discuter par télépathie. Ils ne cessaient d’hocher la tête, sans pour autant émettre le moindre son. Leurs armes étaient plaquées contre leur corps, les serrant comme des jouets prêts à être utilisés.
Qu’est-ce que c'étaient que ces machins ?
— C’est bon, finit par dire l’homme.
Mattheus me jeta un regard rempli d’émotion, avant de se détourner, reprenant un visage neutre. Puis, comme un animal blessé, il baissa la tête, fixant le sol. J’eus l’impression qu’il évitait de m’observer, comme si cela était trop douloureux. Un autre homme s’avançait désormais vers moi.
D’un bond, Mattheus se posta entre nous.
— Je me porte garant pour elle. Laissez-nous partir.
L’homme ne bougeait pas d’un millimètre, comme si c’était une statue. Vu leur équipement, Mattheus ne ferait pas le poids. Je savais qu’il voulait me protéger, mais je ne pouvais pas le laisser faire. Il ne méritait pas de se faire renvoyer à ma place. Ou pire. Car leurs armes n’étaient sûrement pas là pour faire joli.
— C’est bon, Matt. T’inquiète.
Je fis un pas de côté. L’homme fixait toujours Mattheus.
— S’il y a le moindre problème, on vous arrache tous les deux, fit la voix grave de l’homme.
« On vous arrache tous les deux ». D’où sortait une expression pareille ? L’homme s’avançait maintenant vers moi, et me prit de la même poigne que Mattheus. Je sentais ma poitrine se soulever. Mon corps était raide. J’étais sur la pointe des pieds tellement le baraqué me tirait.
De sa main gantée, il me força à placer mon visage face au sien. Sa tête casquée était si proche que je pouvais sentir son odeur métallique. Je retins mon souffle.
La lumière laser pénétra mon œil droit. Une sensation de froid m’envahit l’échine, parcourant chaque millimètre de ma peau. J’avais envie de cligner des yeux, mais une force m’obligeait à les garder ouverts. C’était désagréable. Mon œil était comprimé, comme si quelqu’un appuyait dessus. Je grinçais des dents, essayant de ne pas faire de bruit.
Le son émis par le laser était strident. J’entendais sa vibration dans mes oreilles. Le noir envahit ma vision, m’empêchant de voir autre chose que ça. C’était en mouvement, comme si j’étais dans de la fumée épaisse.
La main du type se resserra contre ma poitrine. Il m’avança si près de lui que mon crâne touchait presque son casque. J’avais envie de crier, de pleurer, de le repousser. Mais j’étais comme paralysée. Mes membres étaient engourdis.
Quand il finit par me relâcher — enfin ! — Je tombais lamentablement sur le sol. J’avais l’impression qu’il venait de me vider. Je peinais à respirer. Mes yeux étaient maintenant humides. Ma lèvre tremblait. Je forçais sur ma mâchoire, m’empêchant de pleurer.
Je voulais partir d’ici. Fuir. Ne jamais revenir.
— Excusez-nous, Oldanox.
Mattheus avait eu raison de me mettre en garde. Putain, pourquoi je l’ai pas écouté ?
Je pressai ma poitrine endolorie. J’allais avoir un bleu, c’était sûr. Mattheus se baissa vers moi et me murmura quelque chose. J’étais tellement embrumée que je n’entendais rien. Je sentais son bras passer autour de ma taille. Il attrapa le mien pour que je puisse prendre appui sur ses épaules.
— Al… Al… Ce… Enten… A…
Plus rien n’était audible ou compréhensible autour de moi, comme si mon cerveau s’était soudainement éteint. Mes yeux brûlaient. Je sentais ma tête basculer en arrière.
Puis, plus rien. Le noir complet. Je perdis connaissance.
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