Chapitre 27 ~ L'anniversaire (3/3)
L’effluve d’Alice s’accrocha à moi. Sa vapeur blanche se diffusait autour de mon corps. Mon regard glissa sur elle, détaillant son visage, son corps, ses formes. Des pensées interdites m’envahirent. Je me pinçais la lèvre.
— C’est vrai ? Tu le penses vraiment ?
— Bien sûr.
Elle s’approcha une nouvelle fois, son corps était désormais collé contre le mien. Sa poitrine était posée sur mon torse. La douceur qui émanait de son regard fissurait la barrière qui tenait encore entre nous. Elle posa une main sur mon buste, caressant mon torse du bout des ongles.
Résiste, résiste, résiste…
Ma main se leva comme un automatisme, touchant sa joue avec délicatesse. Puis, je les dirigeai vers sa nuque. Alice posa sa paume contre ma joue, avant de descendre une nouvelle fois vers le haut de mon corps. Elle jouait avec moi, son regard brillait d'un désir contenu. Son chaudron heurta le sol dans un bruit sourd.
Elle mordilla l’intérieur de sa joue.
— Tu te rappelles notre soirée sous les étoiles ? me murmura Alice.
Son odeur s’infiltra dans mes narines. Le désir grandissait en moi. Pourtant, je tentais une nouvelle fois de le contenir. En vain. Je voulais la sentir contre moi. Goûter sa bouche. La plaquer contre le mur avec passion. Toucher chaque centimètre de sa peau.
Résiste !
Ma respiration était saccadée. C’était un supplice, je n’en pouvais plus. Je fermais les yeux pour tenter de retrouver une contenance.
— Oui.
Les images de notre soirée prirent forme dans mon esprit. Si nous n’avions pas été interrompus, nos lèvres se seraient rencontrées.
Et puis merde !
Je la poussais contre le mur derrière elle, passant ma main dans ses cheveux, avant d’incliner son visage. D’un mouvement rapide, je plongeais ma bouche sur la sienne. Alice poussa un grognement de plaisir, se mêlant au mien. Elle me rendit mon baiser avant de se serrer plus violemment contre moi. Comme si nous avions urgemment besoin de nous coller l’un contre l’autre. Je commençais à me sentir à l’étroit dans mon pantalon de costume.
Sa bouche était chaude, douce. Comme une drogue, j’en voulais encore. Je ne pouvais plus me décrocher d’elle, tant j'avais attendu ce moment depuis longtemps. Nous n'étions plus que le prolongement d'un même corps, brûlant d’une même chaleur.
Avec délicatesse, j’embrassai ses joues, son cou, ses clavicules. Puis, je pressai une nouvelle fois ma bouche contre la sienne, n'ayant plus envie de la quitter. C’était enivrant. Douloureusement exquis. Je passai mon bras derrière son dos et la collai contre moi. Elle poussa un léger grognement et ça réveillait tout le désir que j’avais en moi.
Au bout de plusieurs minutes, nos bouches se séparèrent. Je posais mon poing contre le mur derrière elle, comme vaincu.
— Merde…
— Tu l’as dit… murmura-t-elle, un sourire aux lèvres.
Elle porta sa main sur ses lèvres. Son regard brillait de malice. Je savais qu’elle n’en avait pas fini avec moi.
Sans attendre, elle se colla contre moi et m’embrassa de nouveau. Je ne pus y résister. C’était trop tard. Mes sentiments étaient trop forts. Comment pourrais-je m’éloigner d’elle avec la violence de mes sentiments ? Ce n’était plus possible.
Ma bouche se pressa contre elle, comme si mes lèvres me brûlaient.
Qu’est-ce qu’il m’arrive, merde…
Je finis par m’éloigner, replaçant mon caleçon qui me gênait. Je devais faire redescendre mon désir, qui était désormais voyant. Alice s’en amusa, m’observant de haut en bas. Elle se délectait de mon excitation.
— Ma magie opère, se moqua-t-elle.
Je levais les sourcils en soupirant. Si elle savait. Elle opérait même plus que ça.
— On devrait retourner à la soirée, suggérai-je.
Alice fit une moue déçue.
— T’es sûr ?
Elle avança lentement vers moi. Je la tenais à l’écart, évitant de me laisser replonger.
— Si tu veux pas que je te dévore dans ce couloir, oui, je pense qu’il vaut mieux.
Alice gloussa. Elle m’attrapa par la cravate et plaqua sa bouche contre la mienne. Puis, elle caressa mes cheveux. Sa bouche se décolla légèrement de la mienne, son menton contre le mien.
— D’accord mon beau… Tu as raison, c’est peut-être mieux…
Sa moue était joueuse. Elle s’avança, feignant de m’embrasser avant de me pousser.
Je l’observais de haut en bas, m’attardant sur sa poitrine. Puis je plongeais mes yeux dans les siens.
Qu’est-ce que j’avais envie de la sentir encore contre moi. Je secouais la tête. Alice me tendit la main, que j’attrapai volontiers.
De retour à la soirée, j’aperçus Célestin au loin, qui dansait avec Sophie. Quand mon ami croisa mon regard, il vint me rejoindre. Il eut un rictus amusé.
— Tu feras gaffe, t’as du maquillage gris autour de la bouche !
Je détournais le visage et m’essuyais les lèvres. Alice gloussa dans mon dos tandis que Célestin riait encore.
— T’as croisé Mira ? me demanda-t-il une fois que j’eus fini de me frotter la bouche.
— Non, pourquoi ?
— Je l’ai pas revu de la soirée.
— On devrait peut-être la chercher ?
— T’as raison.
Je fis un signe de la tête à Alice, qui me répondit dans le même ton. Je la suivis du regard, tandis qu’elle rejoignait Sophie qui se trouvait au bar. Un peu plus loin, j’aperçus Melvin, à l’écart. Ses bras étaient croisés. Il semblait s’ennuyer. À côté de lui, se trouvait une fille aux cheveux bruns, qui l’observait avec insistance.
— Ça va ? lui demandai-je quand j’arrivai à sa hauteur.
Par surprise, il décroisait les bras.
— Pourquoi ça n’irait pas ?
Je haussai les épaules.
— T’as l’air de t’ennuyer.
Ses sourcils se levèrent. Puis, il se tourna vers la fille à ses côtés, la saisit par la taille. D'une main ferme, il l’entraîna sur la piste de danse. La brune paraissait ravie. Elle se jeta contre lui pour l’embrasser. Melvin parut surpris, mais finit par resserrer son étreinte.
— J’imagine que je me trompais…
Célestin ne put s’empêcher de pouffer.
— Je m’attendais pas à ça.
Moi non plus, à vrai dire. Je n’arrivais pas à cerner Melvin, c’était un personnage complexe. Il battait sans arrêt le chaud et le froid. C’était difficile de comprendre ses motivations. Le laissant s’amuser, nous partions vers le hall avec Célestin. Nous montions les marches en silence. Après avoir toqué, je posais mon oreille contre la porte. Aucun bruit.
— Qu’est-ce qu’elle fout…
Célestin se tournait vers moi, l’air inquiet. Il toqua une nouvelle fois. Rien. Au moment où nous allions partir, la porte s’ouvrit sur une Mirabella en pyjama.
— Bah, qu’est-ce que tu fais ? fit Célestin, relevant les sourcils.
— J’avais pas le cœur à la fête, répondit-elle en s’adossant contre le cadre de la porte.
— Pourquoi ?
Elle haussait les épaules, les yeux tournés vers le sol.
— Je croyais que bonne musique était égal à toi qui ne rentres pas seule ? lui fis-je remarquer avec douceur.
Un nouveau mouvement d’épaule.
— Alors, qu’est-ce qu’il s’est passé ?
— Pas le moral, j’imagine, dit-elle d’un ton fatigué.
Mal à l’aise, elle tira sur son t-shirt.
— Tu veux qu’on reste avec toi ? proposa Célestin.
— Non, vous inquiétez pas, je vais juste dormir.
— T’es sûr ? On peut faire une contre-soirée tous les trois, tu sais ?
— Une prochaine fois, répondit-elle avec un semblant de sourire.
— Si besoin, tu nous appelles, OK ? fis-je d’une voix basse.
— Merci.
Avec hésitation, elle s’avança vers nous, puis finit par nous prendre tous les deux dans ses bras. Ensuite, elle retourna dans sa chambre d’un pas lent. Célestin me lança un regard peiné. Nous restions en silence devant sa porte, n’osant pas faire le moindre mouvement. Puis, nous repartîmes vers la fête.
— Ça avance avec Alice, alors ? lança-t-il en me mettant un coup d’épaule complice.
Je répondis par un sourire.
— Il semblerait.
— T’as pas peur que ça change… ton âme ? murmura-t-il.
Pour dire vrai, je n’y avais pas pensé. Les paroles de Monsieur Rhânlam me revinrent en tête, je me demandai si je faisais le choix approprié. Je réalisais que je n’avais toujours pas révélé à mes amis qu’il faisait partie des Anges Noirs. Mais, cette révélation serait pour une prochaine fois. Ce soir, je voulais être avec Alice. Pour notre dernier moment ensemble.
Une fois de retour à la fête, j’aperçus Melvin qui tentait de se défaire de la brune, qui le collait comme son ombre. Son visage était déformé par une grimace, tandis qu’il se débattait avec elle. Un rire glissa d’entre mes lèvres.
Célestion et moi retournâmes auprès d’Alice, de Sophie et de Jaya. Nous passions un morceau de soirée avec elles. Puis, quand la musique sonna la fin, Alice me proposa de la raccompagner.
Nous marchions en silence. Je l’observais du coin de l’œil, me demandant comment allait se dérouler le reste de la soirée à ses côtés. Il ne fallait pas que je craque, que je donne une autre dimension à notre relation. C’était grisant d’être au bord du précipice, prêt à tomber, puis de se rattraper au dernier moment.
Au fond, peut-être que les plus grands fantasmes sont ceux qui ne se réalisent jamais.
— Ça te va si on garde notre relation secrète pour le moment ? Histoire de voir où ça nous mène, avant de laisser les gens s’immiscer ? me fit Alice tandis qu’elle déverrouillait sa porte.
— Pas de soucis.
Elle s’approcha de moi et m’embrassa tendrement. Je posais une main sur sa joue, pour sentir la chaleur de sa peau. Son odeur se collait à moi. Je m’en imprégnai.
— Tu veux dormir avec moi ? proposa-t-elle.
— Dans ce mini-lit ?
— Ça n’a pas eu l’air de te déranger, les autres fois.
Elle me fit un sourire espiègle. Puis, elle m’attira avec elle et me poussa sur son lit. Ensuite, elle m’emprisonna de son poids, m’entourant de ses bras avant de m’embrasser avec fougue.
— Tu triches…
— Alors, tu restes ?
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