Chapitre 28 ~ Idylle (1/4)

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Célestin, Mirabella et moi sortîmes de cours. Je leur racontais ma soirée avec Alice. J’en profitais également pour tout leur révéler : Monsieur Rhânlam et ses conseils : supprimer toutes relations amoureuses, notre intrusion avec Alice…

— T’es sûr que c’est raisonnable ? me fit Célestin, une fois que j’eus terminé mon récit.

— Je l’ai embrassée et elle n’est pas morte, que je sache ? râlais-je.

— On dit pas ça pour être désagréable, intervint Mirabella d’un ton calme. C’est juste que… ton âme ne fait que bouger ces derniers temps… On se demande juste si c’est une bonne idée que tu te lances dans une relation avec Alice, c’est tout. Surtout avec notre test d’aptitude qui approche. Il a dit quoi, Monsieur Rhânlam, quand tu lui as parlé d’elle ?

— Rien de particulier, mentis-je.

À vrai dire, je ne lui avais jamais parlé de mes sentiments pour elle.

— Sauf que c’est dang…

— Dangereux, je sais, la coupai-je d’un ton grognon.

— Écoute, gère ton histoire comme tu veux, après tout, dit Célestin en soupirant. Quoi qu’on t’en dise, de toute façon… On veut que ton bonheur. Mais reste vigilant, OK ?

— Oui, Papa.

— Je rigole pas ! me gronda-t-il en posant ses mains sur ses hanches.

— Fais attention de ne pas aspirer son âme quand tu lui roules des pelles, se moqua Mirabella.

Tandis que nous montions les marches menant à nos chambres respectives, nous continuâmes notre discussion autour d’Alice et de Monsieur Rhânlam. Une fois seul, je repensais aux paroles de mes amis, qui, je le savais, avaient raison.

Seulement, il m'avait été impossible de mettre fin à ma relation avec Alice. Chaque fois que j’y retournais, je me disais que ce serait la dernière fois.

Spoiler alert : ça ne fut pas le cas.

Le pire dans tout ça, c’est que j'étais plus heureux que jamais. Dès que je pensais à elle, mon cœur s'emballait. Tout me paraissait plus beau, plus doux. Comme s’il n’y avait plus qu’elle et moi sur cette Terre.

Pourtant, je ne pouvais ignorer le douloureux rappel qu’il me faudrait bientôt mettre un terme à notre relation. J'étais de plus en plus médiocre en cours de Développement magique et ça ne passait pas inaperçu auprès de Madame Brindillovan, qui me surveillait de près.

Le compte à rebours avait commencé. Je devais quitter Alice, si je voulais rester en vie. Alors, je me dirigeai dans son couloir, en traînant des pieds.

— Oh, salut toi ! lança joyeusement Alice quand elle m’ouvrit sa porte.

Sans attendre ma réponse, elle m'attira contre elle, comme elle le faisait chaque fois que l’on se voyait. Elle caressa ma joue avant d’y déposer un tendre baiser. Ses bras se refermaient autour de mon buste, ses doigts remontant vers mes épaules. Je me laissai faire, lui rendant son bisou avec mélancolie. Je resserrai mon étreinte, comme un besoin urgent de la sentir contre moi. Je me maudissais intérieurement d’être aussi faible.

Puis, elle passa une main dans mes cheveux, ses yeux brillant d’amour. Elle m’entraîna vers son lit et m’invita à m’asseoir à ses côtés. Alors qu’elle posait une main chaude sur ma cuisse, je réfléchissais à la meilleure manière de procéder. Comment faisait-on pour rompre ? Y avait-il un moment plus propice ? Que lui dire ?

Comment pouvais-je arrêter notre amour, alors qu'il ne faisait que commencer ?

Si je la larguais, je devais le faire vite. Comme lorsqu'on arrache un pansement. Je serrais la mâchoire et les poings. Puis, je pris une grande inspiration.

— Écoute Alice, j’ai quelque chose à te dire.

— Ça tombe bien, moi aussi ! s'écria-t-elle en se tournant vers moi avec euphorie. Mon père va enfin venir me voir, la semaine prochaine.

Je plongeais un regard sceptique dans ses yeux. Elle me répondit par un sourire joyeux. Elle tapait dans ses mains. C’était si difficile pour moi de la voir aussi enjouée.

— Oui, mais je dois…

— C’est trop bien, non ? me coupa-t-elle, dévoilant une nouvelle fois ses belles dents blanches.

Ces derniers temps, elle m'avait confié être en froid avec lui. Comme il ne lui donnait presque plus de nouvelles, ça la peinait beaucoup. Son père lui manquait cruellement, et je savais qu’elle avait attendu ce moment avec impatience. Pourtant, je ne pouvais pas me réjouir totalement de son annonce. Sans le savoir, il me mettait des bâtons dans les roues.

Bon, ça ne coûte rien de l’écouter, après tout.

— Comment ça se fait ?

— Comme on va vendre la maison, il m’a dit qu’il allait venir me voir pour qu'on puisse en discuter. C’est pas trop tôt, hein ?

Son regard azur se posa sur moi, attendant une réaction de ma part. Il me fallut arborer un sourire digne d’un as du poker pour qu’elle y croie.

— Tout est parfait ! Ma vie en ce moment est parfaite ! Je suis avec toi, mon père va venir me rendre visite, rien ne pourrait me faire plus plaisir.

Quand elle eut terminé son histoire, elle m’attira contre elle pour m’embrasser. C’est comme ça que je laissais ma chance s’évanouir, plongeant une nouvelle fois dans ses bras. Son parfum m’entoura, refermant son piège autour de moi.

Comment allais-je faire pour rompre désormais ? Comment dire à mon bonheur de dégager de ma vie ?

Alice s’allongea sur moi, avant de plonger son visage contre mon cou. Puis, elle recommença à m’embrasser. Ces derniers jours, nous passions notre temps à faire ce genre d’activité. Ce n’était pas pour me déplaire, mais ça m’enlevait toute détermination.

Sa bouche était douce, si douce… Je sentis mon corps réagir.

— Tu dors avec moi, ce soir ?

— D’accord, m’entendis-je répondre.

Pauvre con ! hurlais-je dans ma tête.

Si je pouvais me mettre une claque sans passer pour un fou devant elle, je le ferais. Qu'est-ce que je pouvais être faible. J’en étais purement et simplement incapable. Peut-être que c'était ce lieu. Cette chambre qui ressemblait à un cocon m’empêchait sûrement de passer à l’acte. Il fallait qu’on aille dans la mienne. Ce serait plus facile de la faire partir.

Quand je lui soumettais l’idée, elle m’observa en silence. Nous n'étions encore jamais allés dans ma chambre.

— Oui, si tu veux.

Une dernière nuit, et après, j'arrête. C’est sûr !


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