Chapitre 17 ~ Rapprochement (2/5)

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— Tout va bien ?

La voix douce d’Alice me ramena à la réalité.

— Oui, désolée. Je réfléchissais.

— À quoi ?

Elle s’approcha un peu plus de moi, l’air soucieux, ses mains derrière le dos.

— À l’avenir.

Ce n’était pas un mensonge, finalement. J’observais mes amis au loin, à travers les étagères. Mon regard finit sa course sur Melvin.

— Dis-moi, pourquoi tu as invité Melvin ? demandai-je à Alice d’un ton plus énervé que je ne l’aurais voulu.

Elle parut surprise.

— C’est pas ton pote ?

— Non. Enfin, si… C’est juste que… Je pensais pas que c’était le tien.

Son regard se perdit dans le vide. Du bout des doigts, elle caressa la tranche d’un livre. Puis, elle se tourna de nouveau vers moi.

— Y’a quelque chose chez lui que j’apprécie, me confia-t-elle. J’ai l’impression de…

Elle marqua une pause. Je pris appui contre une étagère et me concentrai sur ses paroles.

— J’ai l’impression de le connaître depuis toujours, murmura-t-elle, comme si c’était un secret. Et je pensais que vous étiez amis, je me suis dit que ça serait sympa de l’inviter. J’ai eu tort ?

— Non, non.

Je n’ajoutais rien, ne souhaitant pas partager mes doutes à son sujet. Surtout parce qu’elle voudrait savoir ce qui me tracassait et que je ne pouvais pas vraiment lui expliquer.

Elle tendit sa main vers moi. D’un signe de tête, elle me fit comprendre de la rejoindre.

— Je te suis.

J’attrapai sa main et elle m’entraîna vers le reste du groupe. Sa paume chaude contre la mienne était agréable. Cette chaleur parcourut mon corps, comme une douce caresse. Elle me jeta un regard complice avant de sourire.

— Oh, ma douce Alice !

Un garçon surgit dans la bibliothèque, les bras grands ouverts. Il avait des cheveux crépus en bataille et des yeux pétillants de malice. Une légère vapeur blanche flottait autour de lui, s’étirant vers Alice. Sans même me poser de question, je compris : c’étaient ses phéromones. Il était attiré par elle.

Il se précipita vers elle, son sourire éclatant ne faiblissait pas une seconde. Alice lâcha ma main, son sourire s’élargit et elle courut à sa rencontre. Il la souleva dans ses bras comme si elle ne pesait rien. De là où j’étais, je vis ses muscles se contracter.

Quelque chose se noua dans ma gorge. Ma main se porta instinctivement à mon cou, cherchant à soulager cette sensation étrange. D’où venait-elle ? Pourquoi est-ce que ça me faisait ça ?

— Maxime ! s’écria Alice. Trop contente de te voir !

Maxime… Un mètre quatre-vingts de charisme qui la gardait fermement contre lui. Alice nous le présenta comme son ami d’enfance et ajouta qu’il venait d’arriver en ville. Alors, elle avait sauté sur l’occasion pour l’inviter.

Je me raclai la gorge et massai mon cou. Ce malaise ne me quittait pas. Plus je voyais Maxime garder son bras autour d’Alice, plus cela empirait.

Il lui reniflait les cheveux ou c’était mon imagination ?

Ma mâchoire se crispa.

— Bon, maintenant qu’on est tous là, on se fait un jeu ? proposa Alice.

Tout le monde forma un cercle. Une vague soufrée me fit tourner la tête. Mes mouvements me semblaient plus lents, moins naturels. En regardant Mirabella, je remarquai qu’elle fermait les yeux, comme si elle ressentait la même chose.

Quand elle les rouvrit, nos regards se croisèrent et, l’espace d’un instant, j’eus l’impression de percevoir ce qu’elle ressentait.

Les âmes. Leur présence. Leur odeur.

Elles s’insinuaient en moi et me traversaient comme un frisson électrique. Bien trop intense. Comme une drogue qui coulait dans mes veines et affectait chaque parcelle de mon corps.

Je secouai la tête, inspirai profondément et essayai de me recentrer.

— …connaissez ce jeu ? conclut Alice.

Je n’avais pas entendu un traître mot de sa part. Mon cerveau était semblable à de la compote.

Je baissai les yeux vers la boîte : Loups-Garous. Jamais entendu parler.

Alice distribua les cartes. Les convives jetèrent un coup d’œil sur la leur. J’en fis de même. Carte rouge. Loup-Garou. Alice se lança dans la narration et était née pour ça. Le jeu se mit en place et, rapidement, je me pris au truc.

Quand vint le moment pour les Loups-Garous de voter l’élimination d’un joueur, mon choix fut automatique. Maxime.

Il me lança un regard blasé. Visiblement, nous étions dans la même équipe.

Son bras était toujours comme collé à Alice. Quand il lui parlait, il était tactile avec elle et n’hésitait pas à lui toucher l’épaule. Chaque fois qu’il le faisait, j’avais envie de lui dire d’ôter ses sales pattes.

Son sourire éclatant, ses yeux de biche couplés à un regard séducteur…

Graaaa ! Quel connard !

Je me mis une claque mentale.

Reprends-toi !

Je n’avais pas l’habitude de ressentir ces émotions. C’était nouveau pour moi. Dangereux. Il fallait que je fasse attention de ne pas me laisser manger par ces sentiments que je ne comprenais pas.

— T’as un problème, Matthieu ?

Je levais les yeux vers le regard noir de Maxime.

— Mattheus, corrigeai-je froidement.

— On s’en fout. Tu me cherches depuis tout à l’heure. Alors, c’est quoi ton problème ?

Je haussai un sourcil, surpris. Il ne fallait pas que je rentre en conflit. Je devais calmer ma tempête intérieure.

— T’es personne pour que ça me touche.

— C’est ça…

Il me jeta un nouveau regard noir, avant d’afficher un sourire provocateur. Puis, lentement, il passa un bras autour d’Alice et l’attira contre lui. Alice ne broncha pas, trop absorbée par sa conversation avec Sophie. Elle posa même une main sur son torse pour se replacer sur sa chaise.

Et, comme si l’on voulait me torturer, quelqu’un eut la merveilleuse idée de nous mettre en couple pour la partie suivante. Maxime et moi devions donc gagner ou perdre ensemble.

Autant dire qu’on n’a pas tenu cinq minutes.

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