Chapitre 18 ~ File d'attente (2/4)

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Je sortis la bague de ma poche et la remis à mon doigt. Même si c’était Melvin qui m’avait conseillée de la porter et que je n’avais pas une totale confiance en lui, mon père semblait penser la même chose. Je ne comprenais pas bien en quoi cette bague pouvait me protéger, mais j’avais décidé de lui accorder ma confiance et de la remettre.

Quand le cours se termina, je retrouvai Mirabella et Célestin qui étaient en pleine conversation. Ne leur ayant pas encore parlé de mon accrochage avec Alice, Maxime et Melvin, j’en profitai pour leur raconter pendant qu’on marchait vers la sortie.

— C’est pour ça que tu t’en es mieux sorti ce matin au cours de Développement ? J’ai cru voir que tu avais réussi à faire disparaître ton buste.

Je haussais les épaules. C’était vrai, j’avais réussi à disparaître un peu mieux que d’habitude, mais on ne pouvait pas dire que c’était un exploit. Surtout, je ne savais pas si ça durerait ainsi.

— Je sais pas pourquoi j’ai réagi comme ça avec Alice, j’ai été un vrai con.

— La jalousie… Un sentiment puissant, destructeur… murmura Célestin.

— La jalousie ? Mais non, n’importe quoi ! Jaloux de quoi ?

— Plutôt de qui. Sûrement de sa proximité avec Maxime.

Je secouais la tête pour balayer cette idée. Moi, ressentir de la jalousie ? Non… Ce n’était pas possible.

— T’as pas réussi à contrôler tes propos. Tu l’as dit toi-même : c’est sorti tout seul. Bah ça… C’est bien de la jalousie.

— Ou peut-être qu’ils l’ont simplement énervé, suggéra Mirabella en haussant les épaules.

Célestin secoua la tête, mi-irrité, mi-amusé.

— Ça se voit que vous maîtrisez pas votre sujet.

— Excusez-nous, monsieur l’Expert.

— Pourquoi y’a autant de monde, là ? souffla Mirabella, tandis que nous nous mettions dans une file d’attente qui menait à la sortie.

Je jetai un coup d’œil devant moi. Les élèves étaient tellement nombreux que je n’arrivais pas à voir ce qu’il se passait devant moi.

— Fais chier, j’ai la dalle moi, râla Célestin.

— Qu’est-ce qui se passe à votre avis ? demandais-je.

Mirabella et Célestin me jetèrent un regard et haussèrent les épaules. Melvin et Timéo vinrent se placer derrière nous.

— Qu’est-ce qu’il se passe ? nous interrogea Melvin.

Mirabella lui lança un regard mauvais.

— Sûrement encore un truc que tu as provoqué, lui cracha-t-elle, mauvaise.

Melvin lui lança un regard amusé.

— Que se passe-t-il, Bella, tu n’as pas pris tes cachets ce matin ?

— C’est quoi ton problème ? Ça t’amuse de tourmenter les gens ? pesta-t-elle entre ses dents.

Le regard de Melvin se posa sur moi quelques instants avant de se poser de nouveau sur Mirabella. Il pencha la tête de côté, un sourire en coin.

— Oh, j'ai compris. Tu défends ton lionceau, c’est ça ?

— Fiche-nous la paix, veux-tu ?

— Ou devrais-je dire ton lion. Ce serait plus approprié, tu ne penses pas ?

Mirabella lui lança un regard noir.

— De quoi il parle ? s'enquit Célestin.

— Melvin… marmonna Timéo, mettant son bras contre son buste, comme pour lui indiquer de ne pas attaquer.

— Ne t’avise surtout pas de… commença Mirabella, la rage dans la voix.

— De leur petite sauterie, finit Melvin, un air satisfait sur le visage.

Mirabella se pinça les lèvres. Timéo leva les yeux au ciel, poussant un soupir.

— Quoi ?! s'écria Célestin. Mais comment c’est possible ?

— Tu sais, on s’est mis tout nu et on… commençai-je.

— Merci, je sais ce que « sauterie » veut dire. Ce que je ne comprends pas, c'est comment vous avez pu me cacher une info pareille ?!

Melvin lâcha un soupir amusé.

— À la base, ça ne regardait que nous, grogna Mirabella, dont les yeux lançaient des éclairs à Melvin.

— Non non non, vous êtes censé tout me dire ! rétorqua Célestin.

— Mais là, c'est pas pareil, c’est…

— Oui, justement, ça devrait être prioritaire !

Je ne pus m’empêcher de lâcher un rire.

— Et toi, mêle-toi de ce qui te regarde ! Gronda Mirabella, se tournant de nouveau vers Melvin.

Melvin lui fit une moue amusée.

— Oh arrête, tout l’étage vous a entendu.

— Quoi ?! S’étrangla Mirabella.

Melvin haussait les épaules, gardant son exaspérante moue amusée. Timéo leva les yeux au ciel une nouvelle fois. Puis il jeta un coup d’œil sur la file qui avançait lentement. Melvin l’imita.

— Bon, ils avancent ? râla-t-il. C’est pas que cette charmante discussion m’ennuie, mais j’ai faim.

— Personne te force à rester avec nous, répondit Mirabella sur le même ton irrité.

— Et louper le privilège d’être en ta compagnie ? fit Melvin d’une voix enfantine.

— Tous ceux que tu côtoies finissent morts. J’ai pas envie d’être arraché comme…

Mirabella n’eut pas le temps de finir sa phrase. Devant nous, nous finissions par apercevoir la R.D.Â. qui était en train de scanner toutes les personnes qui souhaitaient sortir. J’eus une sueur froide.

Merde ! C’est quoi ce bordel ?

— Qu’est-ce que tu as fait ? lâcha Mirabella à Melvin, qui lui répondit par un regard noir.

Il n’avait pas dû apprécier la remarque qu’elle venait de lui faire. Il ne répondit pas. Est-ce qu’il m’avait balancé ? Est-ce que la R.D.Â. était là pour moi ?

Merde merde merde !

Que devais-je faire ? À première vue, il n'y avait pas grand-chose à faire, à part attendre. Si je quittais la file, mon absence ne passerait pas inaperçue.

Le silence était lourd, presque palpable. Aucun de nous n'osait dire un mot. Même Melvin, pourtant toujours prompt à réagir, restait étrangement muet. Je jetai un coup d'œil vers lui. Il semblait implacable, fidèle à lui-même, mais je pouvais sentir, malgré sa froideur apparente, que quelque chose en lui n’allait pas. Il n’était pas aussi calme qu’il voulait le faire croire.

À chaque pas, la sueur perlait un peu plus sur mon front. Mon cœur battait à tout rompre, comme si chaque battement risquait de m’écraser. J'avais l’impression que j’allais m'effondrer d’un moment à l’autre. Peut-être que perdre connaissance serait la seule solution pour m’échapper ? Non… non, c’était trop risqué. Quelques mètres… quelques mètres seulement me séparaient de ce qui ressemblait à ma fin.

Mes pas devenaient lourds, l’air se faisait rare. La R.D.Â. était si proche que je pouvais presque sentir leur souffle sur ma peau. Il ne me restait plus qu’à prier pour… que quelque chose, n'importe quoi, me sauve.

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