Chapitre 25 ~ Surprise (3/4)

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Mirabella me lança un regard.

— Matt, je pense pas que ce soit le moment de…

— Mira, c’est mon père ! J’en ai ma claque de ses secrets ! Il savait que je deviendrais une fraude ! Putain, tu te rends compte de ce que ça veut dire ?

Je marquais une courte pause pour reprendre mon souffle.

— Ça veut dire qu’il m’a laissé comme une merde ! Au lieu d’être là pour m’aider, pour me soutenir, il m’a laissé dans le stress constant, me battre avec mes putains d’émotions ! Merde ! hurlais-je.

Mirabella eut un mouvement de recul. Ce n’était pas contre elle, mais ma colère avait pris le dessus. Cette situation devait cesser.

— Tu comprends ce que je dis, Papa ? Est-ce qu’on peut vraiment appeler père un type qui te laisse tomber comme une vieille chaussette au moment où…

Mon père leva un doigt pour me faire taire.

À mes côtés, Célestin, qui n’avait pas dit un mot depuis le début de ces échanges. Il claquait des dents à s’en décrocher la mâchoire.

— Votre ami a froid.

— Oui, merci Papa pour cette analyse poussée. Tu n’as peut-être pas remarqué que tu nous as emmenés dans l’endroit le plus froid de cette putain de planète ?

— N’ayant pas de pont avec moi, c’est l’endroit le plus sûr pour discuter sans être entendu, indiqua mon père, comme si c’était la chose la plus naturelle à dire.

— De pont ? Répéta Mirabella, reportant sa concentration sur lui.

J’enlevai ma veste et la déposai sur les épaules de Célestin. Ensuite, je passai mon bras autour de ses épaules, comme si ça allait changer quelque chose. Je tentai de retrouver mon calme.

— C’est le moyen de communication le plus sûr au monde, répondit mon père.

— Et ici ? demandai-je.

— Le climat est tellement désastreux que pas âme qui vive ne viendrait s’y engouffrer. Les corbeaux du Grand Conseil ne peuvent pas nous atteindre non plus.

— Tu précises ceux du Grand Conseil. Tu as les tiens ?

— Bien sûr. Nous avons de très bons rapports avec les Corbeaux, souligna mon père avec sérieux.

— Revenons à nos moutons, trancha Mirabella. Nous avions une question. Demandant une vraie réponse, pas comme celles que vous nous fournissez depuis tout à l’heure. On veut une réponse claire, précise.

— Je t’écoute.

— On voudrait que vous nous donniez des informations sur les Anges Noirs. On aimerait rejoindre leur cause. Est-ce que vous savez comment les joindre ?

Mon père l’observait avec neutralité. Puis, il s’approcha de moi, attrapa ma main et observa ma bague.

— Tu sais quelle est cette pierre ?

Une fois de plus, mon père ne répondit pas à la question posée.

— Cette pierre, bien qu'elle ressemble à un rubis, est en réalité l’essence de Renifleur. Ces êtres possèdent la capacité unique de percer les âmes, une aptitude rare qui constitue une anomalie dans le système. Cette compétence est largement exploitée par le Grand Conseil. Ces individus sont traqués, exploités et corrompus. L’essence de Renifleur a été extraite pour la première fois dans les années cent-deux, dans le but de créer des détecteurs. Toutefois, l'extraction de cette essence nécessitait des instruments de torture, ce qui a conduit à son interdiction en l'an quatre-cent-dix. Aujourd'hui, ces êtres sont utilisés vivants et traqués dès leur naissance. Les pierres issues de leur essence sont extrêmement rares, et plus encore : elles sont illégales.

Mon père releva les yeux vers moi.

— Tu possèdes un objet interdit, un artefact qui te protège et t'assiste. L’essence de Renifleur agit comme un brouilleur. Ainsi, ta bague révèle l'âme que tu devrais avoir. Aux yeux de tous, elle semble n'être qu'un simple ornement, une fantaisie. Il est crucial de te maintenir en vie, Matt.

— Je comprends pas…

— Si le Grand Conseil savait ce que tu portais, s’ils voyaient que tu portais de l’essence de Renifleur… Tu risquerais de mourir.

Je reculais ma main dans la surprise. Que voulait-il dire ? Qu’il mettait ma vie en jeu, encore ? La fraude, la bague… Quoi d’autre ? N’avais-je été qu’une marionnette ? Mon visage se déformait de déception, de tristesse… D’une multitude d’émotions.

Mon père pencha la tête de côté.

— Personne ne peut deviner qu’il s’agit d’essence de Renifleur Matt. Personne. Vu de l’extérieur, il s’agit d’une simple bague. Comme on en trouve sur beaucoup d'Altruistes. Ça permet d’exposer son âme à la vue de tous et ainsi d’éviter tout soupçon de fraude.

Je lâchai les épaules de Célestin — qui n’avaient pas cessé de claquer des dents — et commençai à faire les cent pas. Comment interpréter ce que me disait mon père ?

— Je comprends rien, Papa…

— Pourquoi te donnerais-je un objet interdit, à ton avis ?

— Justement, j’en ai foutrement aucune idée ! Tu es une légende si on en croit les dires, le sauveur du Grand Conseil… Malgré toutes les insultes que tu as pu proférer sur eux… Je… Tout ça n’a aucun sens. Pourquoi as-tu sauvé le Grand Conseil ?

Mon père me contourna et retourna se placer face à Mirabella.

— Tu voulais une réponse claire ?

— Ah, parce que c’était ça votre réponse claire ? Ironisa-t-elle en croisant les bras. Vous savez aller droit au but, vous, y’a pas à dire.

Elle fit une moue renfrognée et soutint son regard. Mon père lui fit un sourire.

— Je suis une légende parce que je suis le fondateur des Anges Noirs.

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