Vendredi

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Une fois tout le monde réuni, le nouveau diadème d’Alèthéia fit sensation, tout du moins jusqu’à ce que l’Empereur conceptualisât, le Prince parlât et le Souffle actuât. Il y eut de nouveau copie d’une insondable multitude d’informations depuis Kosmos, et la terre ferme et le sol des mers se déformèrent alors, formant des milliasses de bulles de terre, de granite, de basalte et ainsi de suite selon l’emplacement. En un rien de temps, les bulles prirent les formes de statues d’innombrables créatures marines sous les mers et de créatures ailées sur la terre ferme.

Puis les statues firent éclosion, libérant les créatures qui couvaient en leur sein. Et les eaux se remplirent de poissons, de cétacés, mais aussi de plésiosaures, de pliosaures et d’ichthyosaures – car ces informations avaient été copiées depuis toutes les époques de Kosmos. Et les oiseaux, les chiroptères et les ptérosaures sillonnèrent le ciel céruléen.

Cette fois, l’Empereur et le Prince Se retirèrent dans la dimension de résidence de la Communion Impériale, à savoir la dimension de l’Éternité – avec laquelle un passage situé au-dessus du Trône de Son palais de l’Empyrée communiquait – pour observer Ses grands enfants, envoyant le Souffle pour leur inspirer la manière de répartir les vertébrés nouvellement créés dans leurs niches environnementales selon Son dessein et leur façonnement précédent de la biosphère. Pour les transporter, ils les emportaient avec eux via l’Empyrée vers l’endroit voulu, ce qui leur permettait de se déplacer plus vite que les vents stellaires les plus puissants de l’univers.

Pendant le travail, de nombreux phloxes communiquèrent en pensée avec Alèthéia pour en savoir plus sur son diadème de vie, et celle-ci tint à répondre aux questions, requêtes et objections de chacun de manière personnalisée. Tout cela causa un certain chahut qui finit par attirer l’attention de Héosphoros :

« Allez-vous enfin laisser Alèthéia en paix et œuvrer de tous vos êtres à la distribution des créatures que notre Maître vient de créer, oui ? La distribution des poissons, en particulier, est critique si nous voulons que les emplacements de leurs niches écologiques respectives, ainsi que leurs occasions de spéciation et d’éventuelle hybridation, leur permettent de croître, multiplier, remplir les océans et les fleuves. En effet, il s’agit là du seul ordre d’animaux dont le sang versé par les humanoïdes rougira jamais le sol pour la subsistance d’iceux, il ne s’agit donc pas de laisser la porte entrebâillée à la moindre possibilité de pénurie.

« De plus, je vous rappelle que les oiseaux, les cétacés, les reptiles marins et les ptérosaures auront leurs rôles à jouer dans l’économie des civilisations à venir, surtout celle qui résidera à l’abri du Bouclier Providentiel et qui pourra, de ce fait, communiquer avec eux pour les persuader des alliances où ils joueront le rôle de cueilleurs, de pêcheurs, de passeurs, de postiers, de montures, et cætera. Entendez-vous leur compliquer la tâche en les plaçant par inadvertance dans des endroits inaccessibles ?

— Je suis d’accord, émit Rhéa, d’autant que j’éprouve maintenant la joie qu’éprouvait hier Attis, cette joie sans tâche et sans limite de réaliser le but de son existence au service de notre Suzerain, et je ne voudrais point que l’un de vous me la gâche en commettant une faute, si minime qu’elle soit, dont les conséquences se répercuteraient sur toute la Création.

— Mais, émit le chef des phloxes communs, ô Grand Ordonnateur, et vous, Dame Rhéa, voyez comme le front de Dame Alèthéia est orné, et comme elle brille d’une Radiance presque aussi brillante que la tienne, ô Grand Héosphoros !

— Merci, Mikhaïl, émit la Gardienne de la Vérité. Point n’est besoin toutefois de prendre ma défense : ai-je commis le moindre mal ou la moindre inconvenance ? De même, ô Grand Ordonnateur, ai-je tort de penser que nos frères et sœurs n’ont commis aucun mal ni inconvenance par la recherche de ce qui peut les rendre meilleurs, et rendre meilleure leur communion avec notre Suzerain ? Quant à une quelconque faute de distribution ou d’organisation, je suis autorisée à te révéler qu’aucune n’a été commise.

« Par ailleurs, ma nature même, couplée à ma fonction, m’obligent à te corriger : d’autres espèces appartenant à d’autres ordres d’animaux verront leur sang rougir la terre pour la subsistance des humanoïdes.

— Ô Grand Ordonnateur, émit Dicée, Gardienne des Sceaux de l’Empyrée, ma nature et ma fonction me poussent moi-même à intervenir : vous ne pouvez décemment pénaliser en aucune manière ceux qui ont accompli leur travail de manière adéquate et honnête, qu’importe ce qu’ils ont fait en même temps ou la manière dont ils s’y sont pris.

— Il suffit ! émit Héosphoros. Si Alèthéia a trouvé un moyen d’augmenter sa Radiance, tant mieux pour elle. Cependant, peu m’en chaut en ce Vendredi car il ne s’agit point là d’un prérequis pour achever l’ouvrage qui nous a été donné. Voici, n’y a-t-il point un temps pour toute chose ? Or ce Vendredi n’est pas le temps de s’adonner à des entreprises personnelles. Ce temps-là viendra lorsque nous aurons fini l’ordonnancement de Hupohélios. D’ici là, allons ! Reprenons tous le travail, car il ne va pas s’achever tout seul. Je veux que tout soit parfait d’ici la fin de la journée. »

En dépit de ces paroles sèches motivées par son zèle dévorant, Héosphoros ne laissait pas de se sentir impressionné par le gain de Radiance d’Alèthéia.

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